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qu'ils regardaient comme imprenable de vive force et ils avaient établi un blocus rigoureux devant cette île. On était en décembre 1799 et déjà depuis longtemps la nécessité d'approvisionner Malte se faisait sentir. Le gouvernement avait essayé de le faire, à plusieurs reprises, mais il n'avait pu y réussir; il voulut tenter un dernier effort et il chargea le contre-amiral Perrée de cette mission difficile. En conséquence, cet officier général prit à Toulon le commandement d'une division composée du vaisseau de 78° le Généreux, capitaine Renaudin (Mathieu), sur lequel il arbora son pavillon; des corvettes la Badine, la Sans-Pareille, la Fauvette et de la flûte la Ville-de-Marseille, capitaine Allemand (Joseph). On entassa sur ces bâtiments des soldats, des bestiaux et des munitions de tout genre. Bloqués par des forces supérieures, ils ne purent sortir dès qu'ils furent prêts, et ce retard développa à bord des maladies qui étaient la conséquence naturelle de l'agglomération des hommes et des animaux. Ils appareillèrent le 26 janvier 1800; mais le Généreux ayant démâté de son petit mât de hune et de son grand mât de perroquet à la hauteur des îles d'Hyères, la division rentra à Toulon et ne reprit la mer que le 6 février; le 18, elle était en vue de Lampedouze, petite île dans le Sud de la Sicile, avec une brise légère du O.-S.-O. Ce jour-là, le Généreux alla reconnaître un vaisseau qu'on avait aperçu dans le lointain; il ne tarda pas à reprendre sa route primitive à la vue de deux autres voiles vers lesquelles ce bâtiment, qui était anglais, se dirigeait en tirant des coups de canon, et le commandant en chef signala à sa division de courir les amures à bâbord. Les bâtiments français furent chassés, et la Ville-de-Marseille, atteinte par l'ALEXANDER de 82o, amena son pavillon à 8h 30m du matin.

La division française continuait sa route sous toutes voiles; on pouvait alors reconnaître la force et le pavillon des deux derniers bâtiments aperçus; c'étaient les vaisseaux anglais de 80 FOUDROYANT, monté par le contre

amiral Nelson et le NORTHUMBERLAND. Dans l'après-midi, deux nouveaux vaisseaux qu'on sut plus tard être l'AUDACIOUS et le LION ayant été signalés dans le N.-N.-O., le contre-amiral Perrée fit virer les corvettes dont une, la Sans-Pareille, reçut la bordée de l'ALEXANDER, et il laissa chaque capitaine libre de sa manœuvre pour la sûreté de son bâtiment; le Généreux mit le cap à l'Est. Mais, de quelque côté qu'il se retournât, le Généreux rencontrait de nouveaux ennemis; une frégate apparut dans le S.-E. Il n'y avait cependant pas à hésiter: il fallait continuer cette route, car les autres bâtiments s'étendaient du N.-O. au S.-O. Les ancres, les canots et toutes les balles de fourrage dont le Généreux était encombré furent jetés à la mer. A 3h 15m, celui-ci se trouvant à l'intersection de sa route et de celle que suivait la frégate de 40° SUCCESS, capitaine Shuldam Peard, le combat commença. Cette attaque du capitaine anglais était hardie et bien calculée; quelque peu redoutable, en effet, qu'elle pût paraître pour un vaisseau, les boulets de la frégate allaient vraisemblablement occasionner des avaries qui, si minimes qu'elles fussent, devaient donner aux autres bâtiments le temps d'arriver sur le champ de bataille qu'il leur abandonnerait alors, Le capitaine Peard ne se trompait pas; un peu avant 4 30m, les vaisseaux ennemis canonnaient le Généreux par les hanches. Un des premiers boulets emporta une cuisse au contre-amiral Perrée qui avait déjà reçu une blessure à l'œil. La défense du capitaine Renaudin fut opiniâtre jusqu'à 5h 30m; la continuer plus longtemps fut considéré comme inutile et, d'après l'avis des officiers et celui du général Garreau qui était passager, le pavillon fut amené. Le Généreux était à 2 milles dans le O.-N.-O. du cap Scalambra de Sicile. Le contre-amiral Perrée mourut le soir même de ses blessures. Les vaisseaux anglais avaient peu souffert; la frégate avait été plus maltraitée qu'eux.

La Badine, la Sans-Pareille et la Fauvette furent chassé

jusqu'à la nuit; elles rentrèrent toutes les trois à Toulon. Le capitaine de vaisseau Renaudin comparut devant un conseil martial qui le déclara non coupable.

Le capitaine de frégate Allemand fut acquitté.

J'ai déjà dit que le parti ennemi de la France avait poussé le gouvernement des États-Unis d'Amérique à nous déclarer la guerre. Les premiers actes d'hostilité, on se le rappelle, avaient eu lieu dans le mois de novembre 1798. Ce fut dans ces circonstances que le capitaine Pitot, de la frégate de 40 la Vengeance, reçut l'ordre d'effectuer son retour de la Guadeloupe en France avec un équipage réduit de 77 hommes. Il allait débouquer entre Porto Rico et la Mona lorsque, le 1er février, il aperçut une frégate de l'avant. Peu désireux d'avoir un engagement dans les conditions qui lui avaient été faites, il laissa arriver au S.-O.; la frégate signalée se mit à sa poursuite, et la Vengeance ayant arboré ses couleurs avant la nuit, elle hissa un pavillon à queue rouge et un guidon bleu en tête de mât; il ne fut pas possible de reconnaître à quelle nation elle appartenait. A 8h 15m, cette frégate se trouvant à demiportée de canon, le capitaine Pitot commanda de lui envoyer quelques boulets, mais il ne réussit pas à arrêter sa poursuite. Il ordonna alors de venir sur tribord et de commencer à tirer dès que cela serait possible. La canonnade la plus vive s'engagea entre les deux frégates; après une demi-heure, l'adversaire de la Vengeance se laissa culer et le feu cessa. Ce repos fut de courte durée; le bâtiment étranger n'avait discontinué le combat que pour réparer ou changer quelque manœuvre, et il se remit à la poursuite de la frégate française qui, après avoir encore fait vent arrière, revint de suite sur tribord; le combat recommença vif et serré, à portée de fusil. Après 35 minutes, la frégate ennemie laissa arriver, soit pour aborder la Vengeance, soit simplement pour passer derrière elle et lui envoyer une bordée d'enfilade. Le capitaine Pitot, qui songeait lui-même

à l'aborder, jugea le moment favorable et lança sur tribord; ce mouvement ayant instantanément été imité par l'inconnue, les deux frégates se trouvèrent bord à bord. Vers 11h, la frégate ennemie voulut tenter de nouveau la manœuvre qui avait été déjouée, mais cette fois de l'avant. Le capitaine de la Vengeance neutralisa encore cette tentative en arrivant aussi et il se retrouva par son travers. Enfin, à minuit et demi, la frégate étrangère serra le vent et s'éloigna, accompagnée par les boulets de la Vengeance à bord de laquelle il n'était plus possible de manœuvrer une vergue ou une voile. La situation de cette frégate était même plus fâcheuse qu'on ne l'avait supposé d'abord car, pendant qu'on travaillait au grément, le grand mât s'abattit et, dans sa chute, il entraîna le petit mât de hune et le mât de perroquet de fougue. Au jour, l'adversaire de la Vengeance n'était plus en vue.

Cette frégate qui s'était retirée sans se faire connaître était cette même CONSTELLATION américaine, toujours commandée par le commodore Truxtun qui, un an auparavant, avait combattu l'Insurgente. Elle ne sortit pas de la lutte en meilleur état que la Vengeance: son grand mât s'était abattu lorsqu'elle avait sèrré le vent; elle put cependant atteindre la Jamaïque. La frégate française se rendit à Curaçao.

La Vengeance avait 26 canons de 18

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L'armement de la CONSTELLATION avait été changé depuis son combat avec l'Insurgente; elle avait

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Dans quels termes le rapport du commodore Truxtun fut-il conçu? Je l'ignore. Toujours est-il que le Congrès lui décerna une médaille d'or à la suite de ce combat.

Le capitaine Epron (Jacques), de la frégate de 42o la Pallas, se rendant de Cancale à Brest avec une petite brise de S.-S.-E., chassa et attaqua, le 5 février, la corvette anglaise de 22° FAIRY, capitaine Sidney Horton et le brig de 18 HARPY, capitaine Bazely. Le combat durait depuis cinq quarts d'heure, lorsque 3 voiles, aperçues dans le N.-E., déterminèrent le capitaine Epron à se diriger sur l'île Bréhat, Ces nouveaux bâtiments étaient la frégate anglaise de 48 LOIRE, capitaine James Newman, les corvettes de 20 DANAE, capitaine lord Proby, et Railleur de 16, capitaine William Turquand, L'obligation dans laquelle se trouva le capitaine Epron de changer un petit hunier, et les variations du vent sous la terre, l'empêchèrent d'atteindre cette île avant d'être joint par la division anglaise à laquelle s'étaient ralliés les deux bâtiments qu'il avait combattus le matin. A 1 moins un quart de l'après-midi, la Pallas recevait des boulets de tous les bords. La lutte ne pouvait se prolonger bien longtemps; son pavillon fut amené à 3h 30m. Tous les mâts de la frégate française s'abattirent pendant la nuit.

La Pallas prit rang dans la marine royale d'Angleterre sous le nom de PIQUE.

Le conseil martial qui jugea le capitaine Epron le déclara non coupable.

Le 11 février, le capitaine Kerdrain, de la corvette la Vedette, atterrit sur Brest avec une jolie brise de S.-E.; mais la brume était si épaisse que, ne voulant pas s'engager dans les passes par un temps semblable, il prit le large. La Vedette était à peine orientée sur ce bord, qu'une éclaircie permit d'apercevoir une frégate anglaise à quelques encâblures. Le pavillon de la corvette fut amené aux premiers coups de canon qui lui furent tirés.

Le lieutenant de vaisseau Kerdrain fut déchargé d'accusation.

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