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françaises dans le cas où elles eussent tenté de sortir (1). Les premiers coups de canon de l'Incorruptible avaient été le signal du combat sur toute la ligne. Poussés par le vent et le courant, les brûlots furent un danger sérieux pour les frégates; elles l'évitèrent en coupant successivement leurs deux câbles. Les batteries flottantes conservérent seules leur poste.

Aussitôt que le commandant Castagnier eut connaissance de l'attaque, il se rendit à bord de la Poursuivante et y arriva trois quarts d'heure environ après le commencement de l'engagement. Cette frégate, la Carmagnole et la Rosine laissèrent tomber une ancre dès qu'elles eurent évité les brûlots; l'Incorruptible resta sous voiles. Le combat cessa avec la nuit. Les pertes de la Désirée étaient fort grandes. De tout l'état-major, un seul officier survécut à ce combat et encore avait-il reçu six blessures. Le capitaine Lefebure Plancy, blessé mortellement, mourut dans le bateau-pêcheur qui le transportait à terre avec les autres blessés. Les pertes des autres bâtiments étaient comparativement beaucoup moindres et leurs avaries avaient peu d'importance. La division anglaise ayant pris le large le 19, les frégates françaises en profitèrent pour mettre sous voiles et faire route pour Flessingue où elles arrivèrent sans autre

rencontre.

Un jury, réuni à Paris pour examiner la conduite du chef de division Castagnier, déclara qu'il n'y avait pas lieu à accusation contre cet officier supérieur.

Pendant le mois de novembre, les frégates reçurent sur la rade de Flessingue un coup de vent pendant lequel la Carmagnole fut jetée à la côte; il ne fut pas possible de la relever.

Nommé au commandement d'une division qui devait dé

(1) Bien que l'artillerie n'ait joué qu'un rôle secondaire dans cette affaire, je rappellerai que le DART était une des corvettes qui, en 1796, avaient reçu 30 caronades de 32.

truire les établissements anglais de la côte occidentale d'Afrique, et s'établir ensuite en croisière sur la côte du Brésil, le capitaine de vaisseau Landolphe était parti de Rochefort, le 6 mai 1799, avec les frégates la Concorde de 42° qu'il montait, la Franchise de 40, capitaine Jurien Lagravière, et la Médée de même force, capitaine Coudein (Jean). Après avoir déposé une compagnie d'hommes de couleur au Sénégal, les frégates firent route pour les îles du cap Vert, dans l'espoir de surprendre un convoi portugais que le commandant Landolphe pensait trouver sur la rade de la Praya de San Yago. Cet espoir fut trompé : le convoi était parti depuis quinze jours; il n'y rencontra que 2 corsaires américains dont il s'empara. Continuant sa route vers le Sud, la division s'établit en croisière aux îles de Loss et captura plusieurs navires généralement armés pour la traite. Dans le Sud du cap Monte, la Franchise chassa un navire qui se réfugia en dedans d'un banc de roches près de la côte; il fut enlevé par les embarcations de cette frégate c'était un corsaire anglais de 20 canons. Plus tard, une goëlette portugaise de 4 canons qu'on nomma la Mère Duchesne, fut capturée. Cette goëlette et les embarcations des frégates entrèrent dans la rivière de Benin et s'emparèrent des navires qui s'y trouvaient. Le 29 décembre, le commandant de la division recevait la capitulation du gouverneur portugais de l'île du Prince et lui remettait les forts en échange d'une contribution de guerre. Traversant alors l'Océan, le commandant Landolphe se rendit à Montevideo après avoir croisé pendant quatre-vingt-dix jours entre les deux continents. La division reprit la mer dans les premiers jours du mois de juillet 1800. Le 4 du mois suivant, elle fut chassée par 8 bâtiments qui avaient été signalés dans l'Est; le vent soufflait du S.-E. Le commandant Landolphe rendit chaque capitaine libre de sa manœuvre pour la sûreté de son bâtiment; il avait cru distinguer 6 vaisseaux et 2 frégates. La Concorde et la Franchise continuèrent leur route largue; la Médée

fit vent arrière. A 4, les chasseurs ayant hissé le pavillon anglais, la Concorde arbora le drapeau de la République, en envoyant quelques boulets aux plus avancés ; ceux-ci répondirent avec leurs pièces de chasse. La détermination extrême, en ce qui concernait l'artillerie au moins, prise par le commandant Landolphe, de jeter à la mer la batterie des gaillards, les canots et les mâts de rechange, n'empêcha pas la Concorde d'être gagnée et attaquée, à 51 30m, par le BELLIQUEUX de 72°, capitaine Rowley Bulteel, seul vaisseau qui se trouvât dans le nombre des voiles aperçues; les autres étaient des vaisseaux de la Compagnie des Indes qu'il escortait; les sabords de ces derniers avaient induit le commandant de la division française en erreur. La frégate déchargea sa batterie et son pavillon fut amené: elle n'avait pas un homme hors de combat.

Cette division anglaise, qui avait tout d'abord paru si formidable, était composée comme il suit :

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La Médée fut chassée par le BOMBAY CASTLE et l'EXETER qui la firent amener à 7h 30m, après une canonnade d'une demi-heure. Le capitaine Brenton (2) raconte les choses différemment; d'après lui, il n'y eut pas de combat. Les deux vaisseaux de la Compagnie chassèrent bien la Médée, mais le BOMBAY CASTLE était à très-grande distance lorsque, à minuit, l'EXETER l'atteignit. Le capitaine Meriton sortit par ruse de la position critique dans laquelle son ardeur l'avait placé. Il fit ouvrir tous les sabords, et se

(1) La force des bâtiments est donnée d'après le rapport du capitaine Landolphe. Les relations anglaises disent que les 5 vaisseaux de la Compagnie ne portaient que 30 canons de 12.

(2) The naval history of Great Britain.

portant par le travers de la Médée, il lui cria de se rendre. Cette simple sommation suffit au capitaine Coudein; il ne chercha pas à résister à un adversaire dont la force lui paraissait de beaucoup supérieure à celle de sa frégate, et il amena son pavillon. J'épargne aux lecteurs le récit du reste de cette histoire, fort pittoresque sans doute, mais d'autant moins admissible, qu'elle est, ainsi qu'on va le voir, complétement en désaccord avec tous les documents qui existent (1).

Deux vaisseaux de la Compagnie chassèrent aussi la Franchise dont le capitaine, désireux de soutenir le commandant de la division, ne s'était décidé à s'éloigner que sur un ordre formel de forcer de voiles; la marche supérieure de cette frégate la mit promptement assez loin de l'ennemi pour que celui-ci renonçât à l'atteindre; le capitaine Jurien fit route pour France. Le 20 septembre, à l'atterrage, la Franchise fut chassée par une frégate anglaise pour laquelle le capitaine Jurien ne crut pas devoir se déranger de sa route. Une partie de ses canons avaient été jetés à la mer; rechercher un engagement dans de semblables conditions pouvait le mettre dans une position fort critique il entra le 22 dans la Gironde.

Cette croisière coûta à la France les deux frégates la Concorde et la Médée, et aux puissances ennemies 30 navires diversement armés, dont 17 anglais, 7 américains et 6 portugais.

Je regrette d'être encore en désaccord avec mon ami le comte Pouget; mais je suis parfois obligé de contredire ses assertions sous peine de laisser croire à l'inexactitude des miennes. Lorsque deux récits diffèrent autant que le font les nôtres, dans cette circonstance, il y a nécessité, pour celui qui se présente en contradicteur, de faire la preuve de ce qu'il avance. M. Pouget dit : « A l'atterrage

(1) W. James, The naval history of Great Britain, traite le récit du capitaine Brenton de récit peu plausible, not very consistent account.

« des côtes de France, la division française fut jointe par <«< une forte division anglaise. Après un combat acharné «< contre des forces supérieures, la Concorde et la Médée « succombèrent. » Et il ajoute : « La campagne du com« mandant Landolphe ne devait pas tomber dans l'oubli, « et je suis heureux que le hasard m'ait fourni l'occasion « de la rappeler. » Je n'ai nullement l'intention de faire. la critique de la campagne du capitaine de la Concorde, mais je tiens à constater que le combat acharné, à l'atterrage des côtes de France, du Précis historique sur la vie et les campagnes du vice-amiral Martin, doit être réduit aux proportions que j'ai indiquées. La preuve, on la trouvera dans 1o Les documents officiels qui existent au ministère de la marine; 2o The naval history of Great Britain by W. James. On y lit : « Il (le capitaine de la Concorde) vint en travers, lâcha une bordée au vaisseau ennemi et amena son pavillon; » 3° Les Souvenirs d'un amiral, par le contreamiral Jurien de La Gravière. On y voit que la Concorde tira une bordée au vaisseau anglais et que la Médée ne lutta qu'une demi-heure. « A 7, ajoutent les Souvenirs, «nous entendîmes une très-vive canonnade du côté où « nous l'avions perdue de vue; à 7 1/2, tout était rentré « dans le silence : la Médée avait succombé (1). »

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On se rappelle que le général Bonaparte s'était emparé de l'île de Malte lorsque, au mois de juin 1798, il se rendait en Égypte. Il y avait laissé le général Vaubois avec 3000 hommes. Les Anglais n'avaient pas vu sans effroi les Français s'établir dans un des premiers ports de la Méditerranée et l'un des plus forts du monde. Aussi, dès le principe, avaient-ils mis tous leurs soins à réduire un poste

(1) Par des raisons faciles à comprendre, le contre-amiral, aujourd'hui viceamiral Jurien, fils du vice-amiral du même nom, alors capitaine de la Franchise, dont il a écrit les mémoires sous le titre de Souvenirs, a changé le nom de tous les bâtiments dont il parle.

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