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taine Lacaille. Le 27 mai, l'armée navale quitta elle-même Toulon où furent laissés le Batave et le Fougueux qui s'étaient abordés, et dont les réparations n'étaient pas achevées; elle mouilla sur la rade de Vado, près de Savone, quelques jours plus tard. L'armée de terre de la République luttait alors contre des forces triples en Italie et venait d'éprouver des revers; les places de Civita Vecchia et de Naples avaient été évacuées; le général en chef Moreau s'était replié sur Asti pour attendre des renforts, ainsi que la division du général Victor qui passait par Gênes pour faire sa jonction avec l'armée de Naples. La présence de l'armée navale dans ces parages pouvait lui être d'un grand secours. Toutefois, le commandant en chef avait ordre de n'y rester que le temps indispensable pour seconder les opérations du général Moreau; il lui était recommandé surtout de ne pas se dégarnir des troupes et des munitions qui étaient à bord des vaisseaux, car elles étaient destinées au ravitaillement de Malte. Il fit cependant mettre à terre quelques vivres et les munitions indispensables à l'armée d'Italie. Le 8 juin, le vice-amiral Bruix apprit que 21 vaisseaux anglais avaient paru d'abord devant Toulon, ensuite devant Saint-Tropez. Cette armée était évidemment à sa recherche et ne pouvait manquer de le rencontrer s'il restait au mouillage. Voulant se conformer à ses instructions qui lui enjoignaient d'éviter l'ennemi jusqu'à ce qu'il eût fait sa jonction avec les Espagnols, il mit sous voiles; et rangeant la côte d'aussi près que possible, il se croisa pendant la nuit avec les Anglais qui n'étaient qu'à quelques milles plus au large, etfit route pour Carthagène où il mouilla le 24. Les deux vaisseaux laissés à Toulon, la Friponne et le brig le Lodi l'y rejoignirent.

Le plan de campagne tracé par le Directoire et la Cour de Madrid devenait pour ainsi dire inexécutable, l'époque reculée de la jonction des escadres ayant permis à l'Angleterre de réunir 60 vaisseaux dans la Méditerranée. Le roi d'Espagne ne voulant d'ailleurs pas exposer les siens

dans une lutte inégale, avait ordonné au lieutenant général Mazarredo de quitter Carthagène où ils pouvaient être facilement bloqués, et de se rendre à Cadix ; là, on devait s'occuper d'augmenter les forces qu'il commandait. Au moment d'être encore séparé de l'armée espagnole qu'il avait eu tant de peine à rallier, le vice-amiral Bruix proposa à l'amiral espagnol un plan dans lequel il se flattait de diviser les forces des Anglais, et de mener à bonne fin les opérations dont il était chargé. Au lieu de faire entrer l'armée combinée à Cadix, il voulait l'établir en croisière dans l'Océan. Son point de station devait être ignoré; le Directoire et la Cour de Madrid le connaîtraient seuls. Informés bientôt de son passage dans l'Océan et ne la trouvant pas à Cadix, les Anglais supposeraient qu'elle s'était dirigée sur Brest pour prendre les vaisseaux qui s'y trouvaient encore et tenter avec eux quelque opération importante. Il était probable que les vaisseaux anglais qui étaient entrés dans la Méditerranée en même temps que l'armée navale de Brest, en sortiraient alors pour renforcer l'armée du vice-amiral Bridport. Dès que les Anglais auraient passé le détroit, l'armée combinée devait rentrer dans la Méditerranée pour y effectuer les opérations convenues, soit ensemble, soit séparément, selon le nombre des vaisseaux ennemis restés dans cette mer. Ce plan, sagement conçu, ne fut pas mis à exécution. Le lieutenant général Mazarredo prétendit ne pouvoir prendre sur lui la non-exécution des ordres qui venaient de lui être donnés par son gouvernement. L'armée combinée mouilla à Cadix le 10 juillet.

Pendant que le vice-amiral Bruix était dans la Méditerranée, le Directoire avait voulu faire une diversion en armant une autre escadre à Brest; la Cour de Madrid avait consenti à y joindre les 5 vaisseaux le San Carlos de 112°; l'Argonauta de 80; le Monarca, le San Augustino de 74; le Castille de 60 et la frégate la Pace, sous le commandement du chef d'escadre Melgarejo. Mais au lieu de se rendre à Brest, cette division jeta l'ancre sur la rade de l'île d'Aix,

le 7 mai. A peine était-elle arrivée, que le gouvernement espagnol voulut la rappeler. Ce mouvement de retraite que rien ne justifiait n'eut pas lieu, et le chef d'escadre espagnol persistant à rester au mouillage de l'île d'Aix, y fut bloqué et, le 2 juillet, canonné par 6 vaisseaux anglais, 4 frégates et 3 bombardes détachés de l'armée de la Manche avec le contre-amiral Charles Morice Pole. Les bonnes dispositions du chef d'escadre Melgarejo et l'attitude des forts, des batteries et de quelques canonnières françaises qui étaient en rade rendirent cette attaque infructueuse (1).

Voyons maintenant comment il se fit que l'armée navale de la République et l'armée anglaise purent parcourir la Méditerranée sans se rencontrer. Le 23 mai, lord SaintVincent sortit de Mahon avec 20 vaisseaux et se dirigea sur la côte d'Espagne; il y apprit que le vice-amiral Bruix avait quitté Toulon. Il envoya alors le contre-amiral Duckworth avec 4 vaisseaux renforcer le contre-amiral Nelson à Palerme et, rallié par le contre-amiral Whitshed qui lui amenait 5 nouveaux vaisseaux, il en eut alors 21. Mais le noble lord était au bout de ses forces, et sa santé ne lui permettant pas de rester plus longtemps à la mer, il remit le commandement au vice-amiral lord Keith. Le 3 juin, le nouveau commandant en chef de l'armée anglaise put constater par lui-même l'exactitude des renseignements qui avaient été donnés. Aussi ne s'arrêta-t-il pas devant Toulon; il se porta dans le golfe de Gênes, se croisa avec l'armée française qu'il cherchait avec tant d'ardeur, retourna dans l'Ouest, fit une apparition dans le golfe de Lyon et enfin s'établit en croisière entre Toulon et les îles Baléares. Le 25 juillet, le vice-amiral Keith conduisit en

(1) M. le comte Pouget, Précis historique sur la vie et les campagnes du vice-amiral Martin, donne à cette affaire, qu'il compare à l'attaque de 1809, des proportions qu'elle n'eut certainement pas. Les documents que j'ai eus entre les mains établissent que ce fut une longue canonnade dans laquelle on ne se fit de mal de part ni d'autre.

core son armée sur la côte d'Italie et il retourna devant Minorque. Ce fut là qu'il apprit la jonction de l'armée française et de l'armée espagnole et leur sortie de la Méditerranée. Fixé désormais sur la direction qu'il devait prendre, il laissa 2 vaisseaux à Mahon et fit route vers l'Océan avec 31 autres. 12 vaisseaux de renfort lui avaient été récemment envoyés. Le 29, l'armée anglaise laissa tomber l'ancre à 'Gibraltar.

Tandis que la Cour de Madrid, par ses lenteurs et ses tergiversations, faisait manquer les deux expéditions que son armée navale et celle de la République devaient entreprendre, le gouvernement anglais faisait d'immenses préparatifs et rassemblait sur le littoral de la Manche une armée de 25 à 30,000 hommes. La situation du Morbihan et des départements voisins fit craindre au Directoire que cet armement ne fût destiné pour les côtes de France. Dans cet état de choses, et afin de prévenir les malheurs qu'une semblable entreprise pourrait occasionner, il donna l'ordre au vice-amiral Bruix de se rapprocher de ces parages, et lui recommanda de se porter d'abord devant Rochefort afin de surprendre, s'il était possible, la division anglaise qui bloquait ce port. En conséquence de ces instructions, le vice-amiral Bruix quitta Cadix le 18 juillet; après de nombreuses hésitations, le lieutenant général Mazarredo se décida à le suivre avec les vaisseaux suivants :

Canons.

116

Conception...

Reyna Luisa.

112

capitaine Francisco Uriarte.

Josef Mazarredo, lieutenant général.
Escaño, brigadier, major général.
capitaine Josef Cardoqui.

Domingo de Navas, chef d'escadre.

Principe de Asturias. . . capitaine Juan Vicente Yañez.

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Frederico Gravina, lieutenant général.

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San Francisco de Paula..

capitaine Bernardo Muñoz.

Villavicentio, chef d'escadre.

capitaine Francisco Varquet Mondragon.

don Cosme Churucca.

Josef Lorenzo Goicoechea.
Augustin Figuerea.

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San Joaquim..
Guerrero..

Josef Aramburu.
Gayetano Valdes.
don Josef Martinez.
Luis de Villabriga.
Marcelo Spinola.

Nicolas Estrada.

Frégates Perla, Soledad, Atocha, Carmen.
Brigs: Vivo, Vigilante, Descubridor.

Trois autres vaisseaux, le Santa Anna, l'Oriente et le Soberano appareillèrent aussi, mais le premier se jeta à la côte à Rota; les deux autres firent des avaries et rentrèrent.

Les vents qui soufflèrent grand frais pendant quelques jours ne permirent pas au vice-amiral Bruix d'aller reconnaître l'île d'Aix; il se dirigea de suite sur Brest, et l'armée combinée y jeta l'ancre le 8 août. Au lieu d'armée combinée, il conviendrait mieux de dire l'armée navale de la République et celle d'Espagne, car chacune avait son chef particulier, la Cour de Madrid n'ayant pas voulu consentir à ce que le lieutenant général Mazarredo fût placé sous les ordres du vice-amiral Bruix.

Le chef d'escadre Melgarejo se décida ou réussit enfin à quitter le mouillage de l'île d'Aix le 2 septembre. Aux 5 vaisseaux que le commandant en chef de l'armée de Brest faisait stationner à Bertheaume, sous les ordres du contre-amiral Courand, furent adjointes 3 frégates qui durent se porter avec eux à la rencontre de la division espagnole. Mais lorsque le 4, celle-ci se trouva à la hauteur de l'île de Sein, la côte signala 30 vaisseaux ennemis et 10 frégates au large d'Ouessant; le vent était au N.-O. Lechef d'escadre Melgarejo laissa arriver et fit route directement pour le Ferrol. Cette formidable armée n'existait que dans l'imagination du guetteur des signaux, qui contraria ainsi les projets du gouvernement français, mais servit admirablement le gouvernement espagnol et aussi, tout porte à le croire, le commandant de la division qu'il avait consenti à envoyer à Brest.

Après une halte de vingt-quatre heures à Gibraltar, le vice-amiral Keith reprit sa poursuite; mais malgré cette

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