Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

L'édition anversoise est une copie de l'édition lyonnaise (pour le français seulement) y compris le salut au débonnaire lecteur; on n'a fait que supprimer, à la fin, les sentences en vers français extraites des bons auteurs latins et un dernier chapitre en prose touchant les père et mère; c'est une contrefaçon abrégée.

Les caractères cursifs français passèrent vite de mode; le style de la Renaissance gagna l'imprimerie comme tout le reste, et le caractère romain triompha sur toute la ligne. On eut même l'impolitesse d'évincer peu à peu le caractère de civilité des labeurs ordinaires, de le restreindre à la reproduction d'une seule espèce d'ouvrage, et enfin de l'expulser de son dernier refuge; car, hélas, que sont devenus aujourd'hui et les traités de civilité et la civilité ellemême ?...

Toutefois, au XVIIe siècle, une nouvelle tentative fut faite par P. Moreau, maître écrivain juré à Paris, pour introduire dans la typographie de nouveaux caractères imitant l'écriture. Après avoir d'abord offert à la Reine Anne d'Autriche deux livres d'heures burinées imitant les ouvrages de plume, il voulut aller plus loin et avoir des caractères mobiles reproduisant l'écriture, art dans lequel il était expert. Ses publications dans ce nouveau genre furent premièrement l'Imitation de Jésus-Christ, dédiée à la Reine Régente, 1645, in-8° fig.; puis après La belle esclave, tragi-comédie, par M. de l'Estoile, 1645, in-4°.- Les sainctes Métamorphoses, 1644, in-4° fig. - Jésus mourant, poëme, par Bègres, 1647, in-8°. Lettres missives, du S de Rangouze, 1648, in-8°. L'Enéïde, trad. en vers, par Perrin, 1659, tome Ier in-4°. - Les sainctes prières de l'âme chrestienne, 1649, in-8°. Cette dernière production est gravée et enjolivée d'encadrements variés et singuliers. Enfin, le libraire Colombat acheta les caractères de P. Moreau, les retoucha, et s'en servit pour imprimer, en 1721, les Mémoires d'Auber concernant les tailles.

Qu'il me soit encore permis de citer, en terminant, un livre plus simple d'exécution, mais non moins curieux, que le Theatrum artis scribendi, de Josse de Hondt, de 1594, mentionné par le Bulletin (VI, 181); c'est un ouvrage parfaitement du même genre, gravé aussi sur cuivre, ayant également 42 feuillets in-4 oblongs; il est composé à Rome en 1587, par Simone Verouio, et dédié à Antoine Boccapadulo, chanoine de St-Pierre, et secrétaire des brefs du pape;

il contient les plus jolis modèles de gracieuse écriture italienne qu'on puisse voir.

Mais en voilà bien long déjà sur de légères imitations de traits de plume; n'attachons pas plus d'importance qu'il n'en faut mettre à la forme des livres, lorsqu'il y a tant à dire sur le fond, que ce sujet est, et sera toujours, intarissable.

Veuillez agréer, mon cher confrère, l'assurance de mes sentiments affectueux.

ARTHUR DINAUX.

VERS TYPOGRAPHIQUES.

PRIVILÉGES.

Les anciens imprimeurs mettaient quelquefois des vers avec ou sans leurs noms à la fin des livres qu'ils donnaient au public. En voici deux qui se trouvent à la fin des Décrets de Bâle et de Bourges, sous le titre de Pragmatique sanction, avec un commentaire de Côme Guymier, licencié ès droits, de l'édition d'André Bocard, Paris, 1507:

Stet liber hic, donec fluctus formica marinos
Ebibat et totum testudo perambulet orbem.

Quelquefois dans ces vers les noms des correcteurs se lisent avec ceux de l'imprimeur. C'est ce qu'on remarque dans les Commentarii Andreae de Ysernia super constitutionibus Siciliae, de l'impression de Sextus Russingerus, à Naples, 1472.

Sixtus hoc impressit : sed bis tamen ante revisit
Egregius doctor Petrus Oliverius.

At tu quisquis emis, lector studiose, libellum

Lætus emas mendis nam caret istud opus.

Une chose à observer, c'est qu'il n'y a point de privilége du prince ni d'approbation des docteurs dans les premières impressions (1).

DE RG.

(1) (Dom d'Argonne) Mélanges d'histoire et de litt. Paris, 1725, in-8o, I, 44.

EXTRAITS DE QUELQUES LETTRES AUTOGRAPHES.

La haute valeur qu'avaient acquise en 1846 et 1847 les lettres autographes de personnages célèbres avait eu pour effet de faire rédiger avec beaucoup de soin, les catalogues qui se publiaient de temps à autre à Paris pour la vente de collections semblables. L'usage s'était même introduit d'y joindre des extraits de ces lettres afin de stimuler l'empressement des amateurs et de les décider à ne rien épargner pour se rendre maîtres de pareilles curiosités. Nous avons sous les yeux un de ces catalogues imprimés il n'y a pas fort longtemps, et comme le sort de ces notices destinées à la vente est d'être détruites dès qu'elles ne sont plus utiles et de ne guère passer sous les yeux du public, nous croyons bien faire en procurant à quelques citations vraiment intéressantes la publicité qui dépend de

nous.

Anacharsis Cloots aux hommes de bonne volonté; de la prison du Luxembourg, 19 nivose, an II.

« Je vous le répète, mes camarades; ne donnez pas dans le piége d'une paix insidieuse. Nous verrions dans Paris les ambassadeurs des rois verser à pleines mains un or corrupteur qui perpétuerait nos convulsions révolutionnaires au profit des ambitieux et au détriment du peuple. La guerre a des chances heureuses qui font oublier six mois de traverses, mais une paix plâtrée nous pousserait dans les précipices du désespoir. Si l'or des rois est stérile dans la guerre liberticide, il n'en serait pas de même durant la paix liberticide. »

Madame de Parabère, (l'une des favorites du Régent) au duc de Richelieu.

Ne me donneres vous pas de vos nouvelles mon amour ma tendresse merite la vostre ie ne suis pas un instant sans estre occupes de vous ie suis plus folle de vous que jamais que ne feraige pas pour vous le prouver aussi vivement que ie le resent. » Elle termine ainsi : Je vous repeteray sans cesse que ie vous adore que ie vous aime de toute mon ame ie donnerai ma vie pour vous le prouver ie vous embrasse mille et mille fois. »

Une lettre de madame de Tencin, datée du 1er janvier 1737, mon

tre pour l'orthographe un mépris encore plus net que celui qui s'étale dans la précédente :

«Que les jours de vostre Eminence soit ogmenté même au dépan des nostres, voilà les veut de tous les bons sitoyens : Si elle veut bien y ajouter ce qui peut y meitre de plus une inclination naturelle pour sa personne, elle conoistra létendue des miens. »

Une lettre du conventionnel Albitte, datée de Grenoble, du 15 juin 1793, peint à grands traits la violence des passions politiques de l'époque; elle fut écrite au moment où les Girondins venaient de succomber.

« Collègues, c'est à vous à qui je dois toute la vérité et je vais vous la dire. Le peuple de Paris vient de faire un mouvement spontané qui peut sauver la France et qui perdra la liberté si vous ne savés pas user des avantages de la victoire. Si vous fléchissés, si vous perdés votre temps, si vous ne marchés pas à grand pas dans une carrière dont vous venés d'écarter un puissant obstacle, touts les fils de la conspiration vont se réunir et le patriotisme est atterré. »

Cette lettre se termine ainsi :

« Je finis en vous redisant prudence, méffiance, fermeté, travail, zèle et courage. Adieu, votre ami, Albitte, dévoué, soit en face de l'ennemi extérieur, soit sous les poignards de ceux de l'intérieur à la cause du peuple, à la liberté. A la vie, à la mort, liberté, égalité, république démocratiqué ou la guillotine. »

Voici une lettre d'un autre personnage encore plus célèbre dans les fastes de la Révolution; Camille Desmoulins écrivait en brumaire de l'an II à son collègue (probablement Joseph Lebon) en mission à Arras, une épître de deux pages qu'il terminait ainsi :

« Adieu, très redoutable collègue, continue à bien servir la République en épurant cette Picardie par devoir et par zèle, tu occuperas plus d'une page dans mon Histoire de la Révolution, n'oublie pas cependant que la douceur est aussi une mesure révolutionnaire, et que c'est par la clémence que César et Octave firent leur révolution bien plus que par les batailles de Pharsale et d'Actium. »

Une lettre de Louis XIII au cardinal de Richelieu, datée de Monceaux, le 2 septembre 1635, montre à quel degré de servitude ce faible monarque était tombé devant son véritable maître.

« Mon cousin, je suis au désespoir de la prontitude que jeus ier à

vous escrire le billet sur le sujet de mon voyage, je vous prie de le vouloir bruler et d'oublier à mesme temps ce qu'il contenoit, et croire que come je nay jamais eu dess ain de vous facher en rien, je nauray jamais autre pensée que de suivre vos bons avis en toute chose ponctuellement : Je vous prie encore une fois de vouloir oublier mon impertinence, et mescriués par ce porteur que vous ny songés plus pour me mettre l'esprit en repos. »

Nous ferons peut-être de nouveaux emprunts à des catalogues d'autographes. G. BRUNET.

Lyon, 14 juin 1849.

Lettre de M. Breghot du Lut, au directeur du
BULLETIN DU BIBLIOPHILE.

Épigramme citée par Voltaire. - Volumes ayant appartenu à Grolier.

Après vous avoir remercié de l'envoi que vous avez bien voulu faire à l'Ex-Bibliothécaire de Lyon de la dernière Livraison du Bultetin du Bibliophile Belge, j'ai cru devoir vous soumettre, en réclamant votre indulgence, quelques observations sur l'Epigramme, citée à la p. 127. Voltaire, qui la rapporte de mémoire dans sa Lettre de février 1774, et dans une autre à M***, datée de 1771 (T. 49, p. 252 de l'édition de Kehl in-8°), y a introduit quelques légères variantes; et, en effet, elle diffère un peu du texte donné par Saint-Marc, p. 140 de l'édition qu'il a publiée, en 1755, des OEuvres de Chapelle et Bachaumont. Une note de ce fécond éditeur nous apprend qu'elle est un peu moins pudique dans le Cabinet satirique de 1667 d'où il paraît l'avoir extraite. M. Walckenaer, Mém. sur Sévigné, IVe partie, p. 113, l'attribue aussi à Chapelle, mais à supposer que ce poëte l'ait publiée sous son nom, on ne pourrait le considérer que comme un plagiaire, car cette petite pièce appartient au président Maynard, qui l'a insérée dans sa lettre au baron de Fontes (p. 852 de ses Lettres, Paris, 1652, in-4o) où elle se lit ainsi :

Je la croy digne d'excuse
Si parfois elle s'amuse

LE BIBLIOPHILE BELGE, T. VI.

26

« ZurückWeiter »