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HISTOIRE DES AUTEURS, DES BIBLIOPHILES, DES IMPRIMEURS, DES CALLIGRAPHES, DES LIBRAIRES, DES RELIEURS, ETC.

Anonymes. - Etat de l'imprimerie et de la librairie
en Belgique, en 1781.

1. Naerdere onzeydige aenmerkingen of vervolg van staetkundige onderrigtingen voor het volk van Brabant. tot Ryssel, 1792, in-8°, VIII et 218 pp.

Par le célèbre avocat J. F. Vonck qui a signé la préface.

2. Le voyageur dans les Pays-Bas Autrichiens, ou lettres sur l'état actuel de ces pays. Amsterdam, Changuion et chez Emmanuel Flon à Bruxelles, 1782-84, 6 vol. in-12, avec des plans.

Cet ouvrage a été écrit par un nommé Derival, homme instruit, qui, pendant plusieurs années, demeura dans les Pays-Bas, au commencement du règne de l'Empereur Joseph II. Il parcourut la Belgique dans le courant des années 1782 à 1783 et 1784, et c'est le résultat de ce voyage qu'il a consigné dans ses lettres.

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Voici ce qu'il dit, t. 1, pp. 220-233, du commerce de la librairie : «L'Espagne et le Portugal tirent aussi des Pays-Bas Autrichiens, des > livres, surtout de vieux livres, et, plus qu'aucune autre nation, des > livres de théologie : ce commerce pourra devenir par la suite plus » considérable. L'Espagne commence (?) à imprimer, mais l'imprime>rie n'y fera de progrès que quand on aura chassé tous les satellites > du saint Office. L'Espagne tirait autrefois des Pays-Bas tous ses » livres d'Eglise; depuis elle les a tirés de Liége. C'étaient les presses de Plompteux qui les fabriquaient. Cette branche de com» merce qui donnait de très-grands bénéfices à cet imprimeur n'existe plus les Espagnols impriment à présent leurs livres d'Église. Les Pays-Bas Autrichiens tiraient aussi de Liége la plus grande partie › des leurs, ils ne le peuvent plus aujourd'hui, et doivent faire usage » de ceux qui sont fabriqués par leurs propres imprimeurs.

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« Le commerce des livres pourrait devenir très-florissant dans » les Pays-Bas Autrichiens, s'il y était encouragé, s'il était plus connu

» de ceux qui ne le font pas et bien conduit par ceux qui le font. Il » n'y a peut-être pas de commerce qui soit plus lucratif. La feuille de » papier imprimée ne revient pas à l'imprimeur à plus de neuf de»niers de France, et il la vend aux particuliers aux moins trois sols » et aux libraires deux sols. Il est vrai que ce gros bénéfice est balancé » par les longs crédits. En librairie le crédit est ordinairement d'un >> an, quinze mois et quelquefois dix-huit mois. L'imprimeur est aussi » exposé à faire de grandes pertes ou par les banqueroutes qu'il >> essuie on par les exemplaires qui lui restent. Les banqueroutes » sont fréquentes, mais elles ne sont jamais très-considérables. Ce qui >> est aussi fort rare, c'est qu'un livre, quelque médiocre qu'il soit, reste » invendu. Les imprimeurs qui sont les plus exposés, sont ceux qui >> impriment de grands ouvrages, mais aussi quand l'ouvrage qu'ils » impriment a du succès, il fait la fortune de l'imprimeur. Pour se >> débarrasser des exemplaires qui restent invendus, l'imprimeur >> emploie deux moyens, l'échange et le rabais; il se sert du rabais » pour les gros livres et de l'échange pour les livres de peu d'impor> tance.

Il se fait aujourd'hui dans les Pays-Bas un commerce très>> étendu de livres ; une édition entière de 1000 à 1200 exemplaires » y est facilement placée. Mais c'est à Bruxelles qu'il se fait une plus >> grande consommation de livres de toutes espèces. Il n'y a pas dans > cette ville de grandes bibliothèques, mais le nombre de cabinets de » livres y est très-grand. Les livres de droit sont ceux dont il s'y vend » une plus grande quantité: tous ceux de cette espèce qui s'impri>ment à Paris sont vendus ici et en grand nombre. Vous n'imagine>> riez pas le nombre d'exemplaires que les libraires de Bruxelles ont » vendus des œuvres de d'Aguesseau et de Pothier, et combien ils » ont placé de souscriptions de la nouvelle édition des Pandectes de >> Pothier. Vous n'en serez pas surpris quand vous saurez qu'il y a ici 570 › avocats, que le ressort du conseil de Brabant et très-étendu et qu'on » plaide beaucoup dans ce pays. On peut évaluer à 200 le nombre » d'exemplaires de l'Encyclopédie in-folio qui y ont été placés, à 200 >> celui des exemplaires des éditions d'Yverdun et de Lyon, et à 100 >> celui des exemplaires de l'édition in-8°. Les romans, les voyages, » les théâtres s'y vendent bien aussi; on y débite avec moins de ra» pidité les livres de médecine, de chirurgie, de chimie, de physique » et généralement tous ceux qui traitent des sciences exactes; on y

» vend bien les livres d'histoire et les livres sur la religion. Si un livre » fait quelque sensation à Paris, chacun cherche ici à se le procurer. » Outre un grand nombre d'exemplaires des Liaisons dangereuses de » l'édition de Paris, que les libraires de Bruxelles ont placés, on y a › encore vendu une édition entière qui a été faite ici; deux autres » éditions qu'on a faites depuis, sont débitées, puisque les imprimeurs qui les ont faites m'ont assuré hier qu'elles leur avaient été deman» dées par leurs correspondants avant qu'elle ne soient finies. Toutes » les brochures et tous ces écrits éphémères qui survivent peu à >> leur naissance, sont enlevés ici avec une rapidité surprenante, sur» tout s'ils ont rapport à l'événement du moment.

» Le nombre des libraires est considérable à Bruxelles; on en » trouve dans tous les quartiers; mais trois ou quatre seulement » d'entre eux font un commerce assez considérable, tant au dehors » qu'au dedans. Ils gagnent peu sur les livres de Paris, parce que la >> remise qu'on leur fait n'étant que de 12 à 15 sols de France sur un » in-12, il ne leur reste, les frais payés, que 5 à 6 sols de bénéfice : » celui qu'ils font sur les livres de Hollande, de Liége et de Maes> tricht est plus considérable. Ils gagneraient aussi beaucoup sur les livres de Genève et de Suisse, si les frais de voiture n'étaient pas » aussi grands qu'ils le sont. Bruxelles ne fait plus avec la Hollande » un commerce de livres aussi étendu que celui qu'elle faisait autre» fois, parce que les Hollandais impriment peu, et qu'ils veulent › vendre leurs livres plus cher que ne les vendent les imprimeurs de » Liége et de Maestricht. D'ailleurs les imprimeurs de Bruxelles s'é> tant adonnés aussi à la contrefaction (sic), il leur arrive souvent de » prévenir les contrefacteurs de Hollande, souvent ceux même de » Liége et de Maestricht. Bruxelles tire peu de livres d'Allemagne » et d'Angleterre ceux-ci sont fort chers, ceux-là mal imprimés. » Bruxelles fait aussi quelque commerce de livres avec le Danemarck, mais c'est Dufour de Maestricht qui envoie un plus grand » nombre de livres dans le Nord. Le commerce du Nord trop divisé > ne vaudrait rien, vu l'éloignement et les difficultés qu'on éprouve > quant on veut compter avec ses correspondants.

» Les libraires qui fabriquent dans ce pays-ci ont un grand avan› tage sur ceux qui ne fabriquent pas; c'est de se procurer, par le › moyen de l'échange, les sortes des autres, et d'avoir par consé›quent leurs magasins mieux assortis que ceux des libraires qui, ne

» fabriquant pas, ne peuvent offrir à l'acheteur que leurs propres » sortes ou celles des autres qu'ils ont achetées à l'argent. Le li» braire fabriquant vend d'abord à l'argent les livres qu'il a impri» més, qu'ensuite il offre en échange.

> Tous les soins qu'a pris et que prend M. de Miromenil, ou plutôt > M. de Nevil, pour empêcher les livres imprimés dans l'étranger > d'entrer en France n'empêchent pas que les livres qu'on imprime » ici n'y pénètrent, même à Paris. Cela prouve que plus le commerçant actif rencontre d'obstacles, plus il est industrieux et ardent » pour les surmonter. Depuis que M. de Miromenil est en place, la » France a perdu plus de la moitié de son commerce de livres, qui » avant s'élevait à 26,000,000 et souvent à plus. Il n'y a point de >> commerce qui veut plus de liberté; si on le gêne, il fuit et va se fixer > dans le pays où on le laisse jouir d'une plus grande liberté.

» Il n'y a pas ici un imprimeur qui ait un grand nombre de pres>ses; celui qui imprime le plus est Boubers: il a fait, depuis qu'il » s'est établi ici, plusieurs entreprises considérables, qui n'ont pas peu » contribué à étendre au dehors le commerce des libraires des Pays>> Bas Autrichiens; il a donné entre autres une édition des œuvres » de J. J. Rousseau in-4o, qui est certainement la plus belle qui ait » été faite; elle est ornée de superbes gravures: il imprime présente>>ment un nouveau Dictionnaire de commerce, dont le premier vo>> lume se vendra ces jours-ci. Flon est un autre imprimeur de cette › ville qui soigne, on ne peut davantage, ses éditions.

>> Les imprimeurs de Bruxelles peuvent se passer des caractères » étrangers; ils ont dans leur ville deux fonderies, l'une est celle de » Boubers (1), l'autre de la veuve De Cellier. Leurs caractères sont >> beaux; ils ont une solidité que n'ont pas ceux de Paris; ils sont » plus agréables à la vue que ceux de Hollande. L'Allemagne, le » Nord, et même quelques imprimeurs de France les préfèrent à tous

» autres.

» Les papiers d'impression qui se fabriquent dans ces pays-ci ne » sont peut-être pas aussi bons que ceux de France; mais c'est moins

(1) Voyez Epreuves des caractères de la fonderie de J. L. De Boubers, Bruxelles, rue d'Assaut, 1779, in-8° de 127 et 9 pp. pour le premier supplément, avec un beau portrait de J. L. De Boubers, à la manière noire. Ce typographe était né à Lille, le 8 juin 1734. Le portrait de J. L. De Boubers manque à la liste de M. J. T. Bodel Nyenhuis, du moins aux trois parties que j'ai sous les yeux.

» la faute des fabriquants que celles des loques. Ces loques sont de > lin, et celles dont se servent les fabriquants français, et surtout » ceux d'Auvergne, sont de chanvre : aussi leurs papiers sont-ils › plus moelleux et moins gras qu'ils ne le seraient s'ils avaient été ⚫ fabriqués avec des loques de lin.

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» Le prix des impressions à Bruxelles est, à peu de chose près, le > même qu'à Paris : les papiers y sont moins chers ainsi que le sa>laire des ouvriers. Le même papier que l'imprimeur de Paris paie » 12 livres la rame, ne revient à l'imprimeur de Bruxelles qu'à 9 › livres s'il le tire d'Auvergne ou de Rouen; et s'il veut employer des papiers du pays, il en aura à 8 livres et même à moins.

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» Il vient souvent ici des imprimeurs de Paris; si leur salaire > y est moins considérable, ils en sont dédommagés par le bon marché des vivres et des logements. Liége fournit aussi à Bruxelles un grand nombre de bras. Ce n'est pas qu'il y ait à Bruxelles plus de >presses roulantes qu'à Liége, mais c'est que les salaires sont plus » forts à Bruxelles, et que cette ville est une espèce d'échelon pour ces » ouvriers, qui, presque tous, ont la manie de vouloir aller à Paris. » Mais ce qui doit le plus contribuer à rendre florissant dans les › Pays-Bas le commerce de librairie, c'est la liberté qu'on y laisse à › la presse; mais ne croyez pas que cette liberté puisse dégénérer en › licence, comme en Angleterre et dans tous les pays où la presse est » libre. Si l'intention de l'Empereur est qu'on ne gêne point les auteurs » ni les imprimeurs, il veut que les uns et les autres respectent la D religion, les mœurs, les gouvernements et même la réputation des › particuliers. On m'a assuré que ce sage prince avait aboli entière» ment la censure dans ses États d'Allemagne et d'Italie, mais que les imprimeurs ne pouvaient y imprimer que les manuscrits signés par > des auteurs connus et domiciliés.

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Lorsque M. Turgot était contrôleur général, je lui proposai d'a» bolir à Paris la censure, en soumettant les auteurs à signer leurs › manuscrits. Ce ministre, un des plus éclairés qu'ait eus la France, le › proposa au conseil du roi, et il n'y eut que le garde des sceaux qui > s'opposa à l'anéantissement de la censure. Autrefois la presse était > extrêmement gênée dans les Pays-Bas Autrichiens; ce fut M. le › comte de Cobenzl qui, éclairé par un excellent mémoire que lui re> mit M. Le Clerc, conseiller au conseil privé, donna à la presse la > liberté dont elle a joui depuis. Gêner la presse avec trop de sévérité

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