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HONTHEIM (de), évêque de Trèves. Febronius de statu præsenti ecclesiæ, Bouillon, 1763, in-4°. Cet ouvrage attaque la puissance pontificale; il a été réimprimé, mis à l'index, réfuté, défendu (voir des détails assez étendus dans la Biographie universelle).

ILIVE (J.) Modestes observations sur les sermons de Sherlock, 1756; ouvrage qui fit mettre en prison son auteur, lequel exerçait à Londres la profession d'imprimeur, et qui publia, entre autres productions singulières, un Discours où il essaie de prouver que notre planète, c'est l'enfer, et que les âmes humaines sont des anges apostats.

INCHOFER (M.). Epistolæ Beatæ Mariæ Virginis ad Messanenses veritas vindicata, Messanæ, 1629, in-folio. Ce livre fut mis à l'index; il reparut à Viterbe en 1631 avec quelques changements, du moins dans le titre (voir Bayle, Dict. hist., t. 2, p. 1641). P. Belli (Messine, 1647) et P. Menneti (Rome, 1708) ont également soutenu l'authenticité de la lettre dont Inchofer s'était déclaré le champion.

INIQUITÉS découvertes ou recueil de pièces curieuses et rares qui ont paru lors du procès de Damiens, Londres 1760, in-8°. De cinq pièces dont se compose ce recueil, les trois premières, qui sont de Grosley, furent condamnées au feu par arrêt de la grand'chambre du parlement en mars 1760. L'auteur soutient que l'assassin n'est que l'instrument d'une redoutable conspiration, et que les juges ne sont occupés qu'à écarter tout ce qui pourrait conduire à acquérir la preuve de ces faits. IMMANUEL. Filius Salomonis. Liber Mecchaberoth, Brixiæ,1491, in-4o; recueil de poésies hébraïques estimées et dont il y a plusieurs éditions (voir le Manuel du Libraire, t. 2, p. 681); elles ont été prohibées par le sanhédrin comme étant contraires à la morale. JACQUEMART. Le Théophilanthrope dévoilé, Paris, 1798, in-8°. Ouvrage saisi par la police (Biographie univ., t. 68, p. 35).

JAMIN (N.). Pensées théologiques, 1769, in-12; ce livre, dont l'auteur était un bénédictin, fut supprimé par arrêt du conseil (Barbier, n° 14016).

JOMTOB (N.) pseudonyme). La inquisicion sine muscaru, Cadiz, 1811, petit in-4°, 16 numéros. Édition saisie et détruite lors de son apparition (catalogue J. L. D., 1854, no 1117).

ISMENIAS, poëme en patois bourguignon, 16 pages in-12, 1609; sup

primé dès son apparition et extrêmement rare. M. Peignot en parle dans son opuscule sur la liberté de la presse à Dijon au 17° siècle.

JORDAN (Camille). Vrai sens du vote national sur le consulat à vie, 1802, in-8°. L'édition entière fut saisie par la police, à la réserve de 6 exemplaires. On en fit sur-le-champ deux réimpressions à Paris même ; l'une est due au courage de M. Beuchot.

JOSEPHO (Flavio). Antiguedades judaicas, Anvers 1554; défendu par l'inquisition (catalogue Salva, no 1125).

JOURNET (Noël) maître d'école à Sainte-Rufine, publia un livre que la Sorbonne censura comme hérétique le 17 mai 1582; les juges de Metz firent brûler le livre et l'auteur le 29 mai de la même année Viville, Dict. du département de la Moselle, t. 2, p. 555). KERGUELEN. Relation de deux voyages dans les mers australes et des Indes de 1771 à 1774. Paris, 1782, in-8°. Ce livre fut saisi par ordre du gouvernement lors de sa publication.

KING (G.). Opera, 1754, in-4°; la publication de ce livre ne fut point achevée et les exemplaires furent presque tous détruits, à cause des satires qui se trouvent dans ce recueil. L'auteur était un dignitaire de l'université d'Oxford. KOERBAGH (Adrien). Woordenboek der Bastaard-Woorden, 1668, in-8°. Ce livre fut accusé d'athéisme et de socinianisme; l'auteur fut condamné à une prison perpétuelle (voir Vogt, p. 383). KNAUTH. Les Antiquités de Ballenstadt, 1698. Ouvrage saisi par ordre du prince d'Anhalt (Biographie univ., t. 69, p. 5).

G. BRUNET, président de l'Académie de Bordeaux.

DU PRIX D'IMPRESSION DES LIVRES AU 16° SIÈCLE.

BETHUNE.

Pendant l'année 1520 qui vit les ravages de l'armée française dans la belle province d'Artois, à peu près à l'époque où Ignace de Loyola recevait à Pampelune cette blessure qui détermina son écla― tante conversion, un prédicateur désigné seulement sous le nom de frère Estienne d'Arras, parce que sans doute il était originaire de cette ville, remplissait Béthune du bruit de son éloquence; les églises suffisaient à peine à la foule empressée qu'attirait son éclatante parole; le magistrat en corps assistait à ses sermons et l'empressement às'y rendre ne peut être comparé qu'à celui qu'excita le carme Thomas Conecte (1). Pendant trois mois sa parole retentit, sans fatiguer les assistants; pendant trois mois la foule se porta avec la même avidité, émerveillée moins peut-être de la facilité de ce bon religieux que de son désintéressement, car dans un siècle où tout se payait, dans une ville où le prédicateur ordinaire du carême recevait quatre livres pour la station, frère Estienne n'avait pendant un temps aussi long fait aucune quête ni rien réclamé à la cité (2). Et cependant c'était un franc parleur s'attaquant à tous les abus, aux prêtres comme aux

(1) Thomas Conecte prêchait en plein air en 1428 dans le cimetière Saint-Nicaise à Arras, des sermons de quatre à cinq heures devant un auditoire de 16 à 20,000 personnes. Pour éviter les désordres il séparait les deux sexes par une corde tendue. Un excès de zèle le portait à exciter les enfants à tirer avec des crochets ces immenses bonnets appelés hennins et à couvrir de boue et de huées les dames qui les portaient. (Chron. de Monstrelet, édit. du Panthéon, pag. 596 et suiv. - Paradin, Bayle, etc.)

(2) Thomas Conecte avait agi de même. « Pour lesquelles (prédications) faire, » dit Monstrelet, il ne prenoit point d'argent et ne souffroit qu'on le pourchassât >> ainsi qu'on vouloit faire aucuns prêcheurs, mais il étoit assez content qu'on luy >> donnât aucuns riches ornements d'église et qu'on revestît ses disciples et payât » ses despens; de laquelle chose faire on estoit tout joyeux. » Edit. préc. pag. 597.

simples fidèles, à ceux qui possédaient plusieurs bénéfices comme à quiconque ne faisait pas aumône suffisante. Après ces trois mois comme la robe du religieux commençait sans doute à s'user, le magistrat s'assembla et déclara que 8 aunes de drap gris à 17 sols l'aune seraient achetées audit frère Estienne pour une nouvelle robe. En outre, pour ne point perdre le souvenir de ses discours. on convint de faire imprimer en maule certain traicté en latin faict et composé par luy frère Estienne, contenant les points et articles qu'il avait dit en ses sermons, tant touchant pluralité de bénéfices et de prêtres, et aultres doctrines par luy preschié (1). »

A cette époque l'imprimerie n'était pas chose très-commune en Artois; Douai, qui devait produire plus tard tant de livres généralement estimés, ne possédait encore aucune presse (2); il en était de même d'Arras, de Cambrai et de St-Omer. Béthune n'était pas plus heureuse que les villes voisines, quoique plus tard on ait prétendu qu'au XVIe siècle un livre au moins fût sorti de ses presses. On trouve en effet dans La Croix du Maine : « Jean le Clerc, dit Clerici, confesseur des sœurs de l'annonciade de Béthune, a composé l'Instruction des petits enfants, imprimée à Béthune par Pierre Dupuis». Mais outre que l'on ne connaît aucun autre ouvrage imprimé à Béthune, que ce livre même n'a point été retrouvé, qu'enfin dans La Croix du Maine on signale fréquemment des erreurs bibliographiques, le document que nous mentionnons et qui est extrait des comptes municipaux ne rappelle aucunement ce fait.

(1) Comptes municipaux de la ville de Béthune.

(2) Les premières impressions connues de Douai sont de 1563. (Voy. Duthillæul, Bibliographie douaisienne, 2e édit., 1842).

Un livre est sorti des presses de Cambrai en 1524 : c'est la Relation d'un voyage fait par Jacques Lesaige, marchand de draps à Douai, depuis cette dernière ville jusqu'à Hyérusalem, et le retour de Hyérusalem audit Douai (A.Dinaux, Bibliographie cambrésienne). Quoique le savant Jean Crépin imprimât à Genève où il s'était retiré pour troubles de religion en 1548, et que plusieurs de ses éditions portent l'indication d'Arras, ce qui laisse croire qu'il y avait au moins un dépôt de livres, on a imprimé très-tard dans cette ville. Les premières éditions d'Arras que nous connaissions sont: 1° Epicedium in obitum comitis Lalani præfecti Hannonja. Atreb., 1558, et 2o Statuta synodi diocesanæ celebratœ Atrebati, præsidente in ea Reverendissimo Christo patre ac D. D. Matthæo Moullartio anno 1584, Atrebati, de Buyon, in-40, 1585.

LE BIBLIOPHILE BELGE. T. VI.

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Cependant on imprimait à Hesdin, cette ville qui, quelques siècles plus tard, devait être renversée jusque dans ses fondements, victime de la vengeance impériale de Charles-Quint. Ce fut donc à l'imprimerie d'Hesdin que le magistrat s'adressa pour la reproduction en maule de l'ouvrage auquel il attachait tant de prix. L'impression de ce traité, dont on fit plusieurs volumes, coûta 28 sols, et l'argentier mentionna avec soin cette dépense dans son compte annuel. Six sols furent également payés pour l'impression de plusieurs Traictés des commandements de Dieu notre créateur et aultres enseignements par luy frère Estienne distribués dedans la ville. »

On savait déjà, grâce aux judicieuses recherches de MM. Piers et Dufaitelle, qui ont posé quelques jalons pour l'histoire de l'imprimerie dans le Pas-de-Calais, et de M. Mondelot qui a retracé sommairement les annales de cette malheureuse cité, que l'on imprimait à Hesdin dès les premières années du 16° siècle (1). Néanmoins nous avons cru utile de recueillir le document qui corrobore les preuves de ces bibliographes, et qui mentionne à l'avidité des savants un nouvel ouvrage qui, jusqu'ici, nous le pensons du moins, n'a été cité nulle part. En outre, cet extrait du compte municipal sert à fixer la valeur du salaire réclamé par l'imprimeur, et si MM. Brunet, de Reiffenberg, Dinaux, ou autres zélés bibliophiles, retrouvent cet ouvrage dans le recoin poudreux de quelque ancienne bibliothèque, ce document pourra compléter leur heureuse trouvaille.

Quant à frère Estienne sur lequel nous appelons l'intérêt des bibliophiles, nous ignorons jusqu'aux moindres détails de sa vie. Le registre mémorial qui d'ordinaire est si prolixe de renseignements, et qui n'eût certes pas manqué de mentionner les prédications, n'existe plus. Pour retrouver son nom nous aurons encore recours au registre de l'argentier. Après avoir fait imprimer ses œuvres, après lui avoir fourni des livrets utiles à l'instruction de l'enfance, le magistrat de Béthune lui donna trois sacs de cuir pour mettre ses livrets << et aultres besognes au partir de la ville. » Ces sacs coûtèrent six sols. Enfin, pour ne rien négliger, on lui fit courtoisie de quatre quesnes de vin qui font six sols, dit l'argentier, et qu'il estime à

(4) MM. Mondelot et Piers placent l'établissement de l'imprimerie à Hesdin en 4517 et citent l'Agrégatoire des coutumes d'Artois, imprimé dans cette ville

en cette année.

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