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des plus habiles; mais j'y vois les mêmes germes de corruption dans la vanité et la lâcheté de nos mœurs. Le vrai courage paroît n'avoir rien de commun avec un sentiment profond de justice, et il en est inséparable. La liberté semble être une propriété commune à tous les hommes, et il n'y aura jamais que le vrai courage et la parfaite justice qui pourront s'en saisir. toutes les passions viles seront éternellement l'apanage des tyrans et des esclaves ».

Que peut la noblesse quand elle a perdu son crédit sur le peuple ou qu'elle l'a laissé opprimer (1).

Obser. de l'abbé de Mably, liv. vt, pag. 195.

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LISEZ ISEZ donc, messieurs lisez l'abbé de Mably, consultez nos historiens ; et que les annales du monde vous éclairent sur vos vrais intérêts. Que voulez-vous, qu'allez-vous et qu'allons-nous devenir? Quoi! c'est an moment où la vérité, la lumiere ont pénétré dans toutes les conditions, où les dernieres classes du peuple voient et entendent, où la monarchie est dans une crise effrayante; c'est l'instant

(1) Cette épigraphe, pleine de sens, est à la tête d'un petit écrit de l'auteur, intitulé: Avis à la noblesse,

que vous choisissez pour montrer des intérêts, des prétentions et des droits séparés de ceux de la nation.

Et quelle idée avez-vous donc de vos droits, si vous ne les regardez comme une expression de la volonté de tous? Quel sera l'appui de vos intérêts, de vos prétentions, si vous apprenez au peuple qu'il doit vous

considérer comme ses ennemis ?

Sans doute, il est des intérêts et des droits. abusifs dont vous devez le sacrifice à ce peuple opprimé qui ne veut plus l'être, et qui s'unira avec confiance à son souverain, comme à vous, pour obtenir la liberté, la paix et des loix protectrices; mais qu'avez-vous à craindre, et que pourriez-vous obtenir de plus heureux, de plus durable, que les avantages résultans de l'harmonie de tous les ordres d'une grande nation travaillant à sa propre constitution?

On vous dit qu'elle existe cette constitution; qu'elle est antique, saine et immuable; qu'elle réside dans le concours et la puissance des trois ordres.

On vous trompe indignement; et mon effroi, mon étonnement sont extrêmes, qu'on puisse vous abuser par des artifices aussi grossiers.

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Qu'a donc produit cette constitution antique dont vous méconnoissez les principes, et dont vous idolâtrez les abus ? Dans quel siecle et à quelle époque la nation a-t-elle été libre depuis le regne de Charlemagne ? Si vous retranchez de notre histoire le regne de Louis XII et celui de Henri IV, que trouverez-vous ? des maux et des malheurs; le despotisme de tous les rois et de tous les ministres ; une nation généreuse errant de siecle en siecle, sans boussole et sans guide, autour du fantôme de la liberté ; des courtisans avides qui se transmettent comme un héritage leur bassesse et leurs déprédations; un peuple nécessiteux, malgré les richesses de son sól et les efforts de son industrie ; une noblesse ignorante et courageuse, mettant de frivoles distinctions à la place des droits les plus sacrés; un clergé passionné pour ses propres immunités, et des magistrats qui ne connoissent la nation et l'empire que dans l'enceinte et sous la protection de leurs tribunaux.

Or voilà, messieurs, ce que vous appellez la constitution. Telles sont les puissantes. barrieres qui nous ont préservé jusqu'à présent des atteintes portées à nos

ro

priétés, à nos libertés, qui ont contenu cette foule de ministres oppresseurs ou déprédateurs dont nous ne serons jamais vengés. C'est enfin ce qu'on appelle les principes et les bases de la splendeur et de la prospérité de la monarchie.......

LA SPLENDEUR ET LA PROSPERITÉ ! C'est sans doute de vous dont vous parlez grands du royaume ! mais la nation inquiete, agitée, malheureuse, n'a pas encore de telles prétentions, elle Y arrivera sans vous, car vous avez encore le choix, et elle ne vous demande en attendant que la paix et la justice; elle vous conjure pour vos propres intérêts et pour ceux de la noblesse, qui ne sont pas à beaucoup près les vôtres, mais bien ceux du peuple françois; elle vous conjure de relire ce beau chapitre de l'abbé de Mably, dans lequel il démontre comment en Angleterre l'union des barons aux communes fonda et put seule consolider la liberté publique...

Ne craignez pas que ce peuple, qui n'a d'intérêt éminent que dans une répartition. égale de l'impôt et l'assurance de la liberté individuelle, vous dispute aucune des prérogatives qui ne contrarieront pas celles-là. Sans doute il sera nécessaire de rallier

tans de plus justes proportions vos prétentions aux droits inaltérables du peuple, et d'avoir des égards pour les hommes dont vous voulez être honorés; mais quelle part aurez-vous jamais à la législation de l'empire, si vous empêchez le peuple d'obtenir celle qui lui appartient? Est-ce sur la concession du roi, ou sur la foiblesse de la nation, ou sur vos propres forces, que vous fondez votre espérance de parvenir à l'aristocratie? Des préjugés déplorables vous égarent; la servitude vous attend, si vous ne consacrez au grand œuvre de la liberté un cœur et des mains purs.....

C'est votre résistance inconsidérée ; ce sont vos prétentions irritantes qui peuvent tout perdre, et mettre au moins en péril vos droits légitimes. Vous ne voulez point l'égalité des suffrages et d'influence; vous, cinquantieme partie de la nation, vous ne voulez point de partage avec ce partage avec ce peuple immense, dont la richesse, les lumieres, la misere et l'ignorance sont également redoutables, quand vous l'aurez une fois indisposée! Hé bien, que ferez vous, si des millions de voix s'élevent contre la vôtre, et prononcent aussi une volonté contradictoire? Voilà donc l'anarchie, la banque.

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