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L'ordre, la clarté, l'économie, la responsabilité des agens d'un tel régime; voilà ce qu'on doit en attendre.

Colbert le détermina d'après ces principes, qui lui ont survécu plus d'un siecle. Il crut devoir éloigner les consommateurs de la direction des consommations; il institua un ordonnateur civil dans chaque port, pour diriger les approvisionnemeus et les dépenses; et les officiers de port, les constructeurs les chefs des travaux > étoient responsables à ce premier agent, qui l'étoit lui-même de toutes les opérations. L'armée navale et tout ce qui la compose n'étoient en action et en service qu'à la mer. La police, le régime et la comptabilité des ports furent absolument séparés , par l'ordonnance de 1689, du service, des pouvoirs et des fonctions militaires.

Tels sont les principes de l'administration de la marine en Angleterre, de celles de la Hollande de toutes les compagnies des Indes, de tous les armateurs particuliers.

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Cette opinion a souffert de grandes contradictions dans les ports et dans votre comité; et quels que soient, dans une telle.

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controverse, les préjugés d'état, les intérêts personnels, on ne doit pas croire facilement que les hommes appellés à discuter les grands principes de l'administration défendroient obstinément ceux que leur conscience réprouve; on ne doit pas douter que des officiers distingués par leur expérience et par leurs lumieres ne parlent d'après leur propre conviction en soutenant qu'il faut être homme de mer pour diriger les travaux des ports; qu'ils n'ont jamais été mieux conduits que depuis qu'ils en ont été chargés; que l'ancienne administration, dont on cite les fautes et les abus, dépensoit peu, parce que la marine étoit sans emploi ; que s'il est vrai que le corps militaire de la marine angloise n'est chargé d'aucun service dans les ports, c'est toujours un officier de ce corps qui est le principal administrateur; que les marines d'Espagne, de Suede, de Danemarck et de Russie, ont à-peu-près le régime que nous avons substitué à celui de 1689; qu'en éloignant, ainsi que les Anglois, nos officiers de toute espece de service dans les arsenaux c'est les priver d'un grand moyen d'instruction, remplacé en Angleterre par une navigation plus

active, plus continue, et par le spectacle habituel de tous les travaux, de tous les intérêts maritimes qui composent les occupations principales des Anglois.

Les partisans de l'ordonnance de 1689, parmi lesquels il se trouve aussi des militaires estimés, répondent que la comparaison d'un régime à un autre ne peut se faire par celle des principes et des effets. La comparaison des principes est de tous les temps; celle des effets exige des circonstances et des époques aualogues: ainsi il ne faut pas opposer le systême de Colbert, dans le long intervalle où la marine a été abandonnée en France, au systême de M. Sartine, à l'époque où les projets de guerre en Amérique ont dirigé tous nos efforts vers le rétablissement de l'armée navale. Dans les temps d'inertie, les bonnes loix sont, comme les forces physiques, sans action et sans développement. Dans les temps d'activité, les passions, les intérêts peuvent faire, à quelques égards, l'office des bonnes loix, dont on ne reconnoît l'empire et la nécessité que lorsqu'il s'agit de comparer, non pas le mouvement au mouvement, mais l'ordre au chaos, le produit à la dépense.

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En revenant maintenant à la comparaison des deux époques du grand éclat de notre marine ; nous trouvons que la premiere embrasse un intervalle de vingt- sept ans depuis 1670 jusqu'en 1697, et la seconde ne date que de la derniere guerre. C'est dans cette premiere époque que tout a été créé, les ports, les arsenaux, les magasins l'armée navale et ses succès. On sait que d'autres dépenses beaucoup moins utiles surpasserent celles-là; et cependant Colbert en mourant ne laissa point les finances dans l'état d'épuisement où elles se trouverent dans la guerre de la succession.-La seconde époque ne nous présente en administration que des vaisseaux réparés et construits, des campagnes glorieuses; et jusqu'à nos revers attestent le zele et la valeur de notre armée navale, mais le trésor public épuisé par cette guerre maritime, dont il est aussi difficile d'apurer que de classer les dépenses.

Quant aux principes des deux régimes Colbert et nos plus illustres marins consultés se déciderent pour la rédaction de l'ordonnance de 1689. -Les Duquesne, les d'Estrées, les Château - Renaud penserent, comme Colbert, qu'il falloit séparer l'administration économique de l'action militaire.

Il est en effet très-probable que la direction continue d'une multitude de détails mécaniques, de travaux sédentaires, exige des hommes permanens dans le même lieu, qu'ils n'aient d'intérêt éminent de distinction possible que par les succès de l'administration qui leur est confiée ; qu'au contraire, on charge de travaux économiques des hommes dont toutes les espérances et les vœux se dirigent sur les opérations et les succès militaires; il est naturel que leur zele et leurs talens se déploient là où ils peuvent avoir le plus d'éclat, et qu'ils mettent moins de suite et d'importance à des Occupations obscures et paisibles.

Enfin, la destination d'un officier de la marine étant ou les fatigues de la mer, ou le repos qui doit leur succéder, il y a une sorte d'inconséquence à leur assigner dans les ports un service permanent, qui paroît incompatible avec leur service ambulatoire.

Cependant, l'administration des ports ne pouvant s'exécuter sans une autorité active d'inspection et de police de la part des ordonnateurs, cette jurisdiction des officiers civils devint de plus en plus désagréable aux officiers de marine résidens dans les ports.

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