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La circonscription maritime dont on veut se faire un titre pour donner un grade militaire permanent à tous les marins ne peut être distinguée à cet égard de la circonscription générale à laquelle sont soumis aujourd'hui tous les François, ou ce qu'elle a de particulier est indestructiblement attaché à la profession de marin, les gens mer étant les seuls qui puissent labourer et défendre le champ de leur industrie et de leurs moissons.

de

Je vais vous rendre ceci plus sensible par cet exemple.

Supposez sur l'une des frontieres de la France une mine qui en fait la richesse; exposée à l'invasion de l'ennemi, les habitans de cette frontiere sont tous entrepreneurs ou employés dans l'exploitation de la mine; ils ont une part au profit, et l'autre part appartient à la nation qui entretient constamment un camp pour la garde de la mine : l'ennemi arrive, tous les mineurs, entrepreneurs, artistes et ouvriers sont appellés pour renforcer la garde du camp, et chacun est placé suivant son rang et son intelligence parmi les troupes de ligne.

L'ennemi se retire, la garde militaire

rentre dans son camp, et les mineurs retournent à leurs travaux : ceux qui ont fait de belles actions, ou qui montrent de l'aptitude au service militaire, sont admis au concours pour les emplois vacans. Mais il reste une démarcation naturelle et nécessaire entre les exploitateurs de la mine, servant temporairement dans le camp, et ceux qui l'habitent toujours. Que direzvous maintenant, si l'on prétendoit vous prouver qu'il n'y a point d'autre camp que la mine, et qu'il ne faut point d'autres gardes que les mineurs ? Voilà cependant ce qu'on vous propose, et les grands mots d'aristocratie, de constitution, d'égalité de droits, qui se prêtent à tout, viennent à l'appui des sophismes.

Telles sont, messieurs, les vérités que je vous devois. Contradicteur depuis longtemps, et sur plusieurs points, de l'ancien régime de la marine, j'en connois tous les abus, et je ne les dissimulai jamais. Vous ferez bien de les réformer; vous ferez mal de détruire le corps militaire. Quoiqu'on puisse vous dire, vous n'en remplacerez pas facilement l'instruction. Laissez au commerce son esprit, ses mœurs, ses habitudes; laissez à l'état militaire une sorte de fierté

nécessaire, mais défendez-vous de son influence sur l'état civil: ne dédaignez pas les principes, les exemples de l'Angleterre, de la Hollande; leurs institutions navales doivent avoir pour vous plus d'autorité que les discours de vos orateurs. Quand on vous dira qu'on peut supprimer les intendans de marine, ou les remplacer par d'autres employés, je ne m'y opposerai pas; car je suis convaincu qu'on peut toujours se passer d'un homme et d'une place. Mais quand on vous propose de tout changer, de tout bouleverser dans le systême de l'armée navale, tous les hommes sages et qui ont quelqu'expérience des choses maritimes doivent se réunir pour vous préserver de cette grande erreur.

Hé quoi! au milieu des esprits ardens qui vont toujours en avant, n'en trouverons-nous plus qui sachent douter, qui accordent à ceux qui nous ont précédé le mérite de quelques vues raisonnables? Sommes-nous donc les seuls sages, les seuls habiles dans l'art du gouvernement, dans les moyens de conquérir et de conserver la liberté ? Souvenez-vous, messieurs, que son point de contact avec votre sys

tême

tême militaire est la pierre angulaire de l'édifice, et que l'armée navale est précisément la partie de la force publique que vous pouvez le plus vigoureusement constituer, sans qu'il en résulte aucune atteinte pour la liberté ; car elle n'agit et ne peut agir qu'au-dehors.

Instituez donc l'armée navale comme l'artillerie et le génie, puisque les mêmes études, et de plus étendues, sont nécessaires à la navigation militaire.

Ayez non-seulement des écoles gratuites pour tous les marins, mais des écoles militaires dans les grands ports.

Instituez des élèves ou aspirans en nombre limité; qu'ils soient admis au concours; qu'après le temps de navigation prescrit,

ils

passent encore au concours pour le grade d'enseigne ; que tous les officiers du commerce aient la liberté de se présenter aussi à ce concours.

Que tous les capitaines de navires aient le rang d'officiers dans l'armée quand ils Y sont appellés ; qu'ils conservent le brevet d'enseigne quand ils en ont rempli le service, mais non autrement.

Que tous ceux qui ont été oubliés, qui se année. Tome XII.

N.

ont droit à des récompenses, soient hono rablement traités. Tel est mon avis.

Le rapport publié par le comité des finances vous expose dans le plus grand détail toutes les dépenses de la marine et celles des colonies; ce travail, dont nous releverons quelques inexactitudes, vous fait connoître les différens objets de dépenses qui s'élevent, pour la marine, à 31,236,366 livres, pendant l'année 1786, non compris les dépenses extraordinaires; et pour les colonies à 10,484,416 livres, non compris celle de 7,173,333 livres, provenant des impôts perçus dans les colonies. Nous pensons done qu'il convient de commencer notre rapport là où finit celui du comité des finances; et comme il ne vous a rendu compte que des dépensés estimées de l'année courante, telles qu'elles ont été réduites par le ministre actuel, au commencement de l'année, nous avons dû rechercher d'abord à combien s'élevoit, dans les années antérieures, cette masse de dépenses, et ce qui reste dû par le département de la marine.

A partir du premier janvier 1784, époque adoptée par le comité des finances pour distinguer celles de la paix, celles occa

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