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auteurs du nouveau systême remarquent eux-mêmes que la pratique de la mer, connoissance des manoeuvres sont plus importantes que la plus savante théorie, ce qui est vrai sur-tout pour la marine marchande pourquoi donc interdire au simple matelot, au jeune homme qui débute comme mousse et non comme aspirant, qui ne peut suffire aux frais des premieres années d'étude, pourquoi lui interdire l'espérance de commander des navires marchands lorsque, dans le plan de votre comité, il peut conserver celle de devenir amiral?

Nous adoptons donc le plan d'une ins truction commune, d'une pépiniere commune pour tous les officiers de l'armée navale et du commerce; mais nous në pouvons adopter celui de confondre absolument les deux services, et je m'éloigne même, d'après ce principe, de deux dispo sitions du comité qui multiplient les grades d'enseignes et ceux de lieutenans surnu méraires, en ce que je ne saurois accorder des grades militaires qu'à des services militaires je veux, je trouve juste d'élever au rang d'officier de l'armée tous les capitaines de navire; mais le sujet et le titre

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ne peuvent appartenir qu'à ceux qui servent en cette qualité sur les vaisseaux de l'état.

C'est avec peine que j'ai vu au nombre des observations à l'appui du nouveau systême de marine, une censure amere du corps militaire actuellement existant. Ce n'est pas le moment de relever tous les torts qui résultoient des préjugés des distinctions que vous avez effacées; mais c'est celui de remarquer qu'il n'est peut-être pas en Europe de corps plus instruit que celui de la marine de France; les talens qui s'y sont développés dans la derniere guerre, les succès qu'ils ont obtenus, sont encore au-dessus des fautes et des revers; et cependant, tandis qu'on soutient aussi légèrement que la science tactique navale est un épouvantail dont on se sert pour éloigner des grades les navigateurs marchands le corps militaire, dont l'instruction est plus soignée depuis quinze ans que celle d'aucune autre marine; ce corps, dont l'activité pendant la derniere guerre n'est pas contestée, cite lui-même avec éloge le petit nombre d'officiers distingués par leurs connoissances de tactique. Ah! réformons les abus, mais me renversons pas les principes que la raison

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et l'expérience ont consacrés ! ceux d'un bon régime militaire sont incompatibles avec toute autre profession; la discipline ne veut point de relâche; les mœurs, l'esprit militaire qu'il faut surveiller et contenir, mais point anéantir ne permettent point de spéculation mercantile, repoussent toute autre subordination que celle du service. Le corps de la marine fut privilégié, il ne l'est plus; mais son institution modifiée doit être maintenue; son instruction perfectionnée par les derniers réglemens des écoles, par l'établissement des cuvettes d'instruction pour les éleves, par les escadres d'évolutions, n'est pas moins précieuse, quoiqu'elle appartienne à l'ancien régime. Il n'y a ni générosité ni justice à exciter les préventions du peuple et de ses représentans contre un coprs militaire, parce qu'il étoit noble. Vous n'avez détruit, messieurs, de la noblesse que ses chimeres ; mais la mémoire des grandes actions, celle des services rendus, la statue élevée à Rousseau, comme celle de Dugué-Trouin ( 1 ), confirment la

(1) Le roi a fait élever, il y a quelques années, une statue à M. Dugué Trouin et une à M. de la Galissonniere.

2e année. Tome XII.

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noblesse héréditaire pour les enfans dignes de leurs peres; et il n'y eut jamais que cette généalogie des vertus et des talens qui obtint de justes et durables hommages.......

On pervertira toujours les institutions politiques par l'abus et la fausse application des principes philosophiques sur l'égalité et la liberté. L'égalité de droits ne peut exister qu'entre les hommes qui se trouvent dans des circonstances égales de services de mérite et de moyens. La liberté indéfinie n'existe pour personne, ni dans l'ordre social, ni dans l'état naturel.

En admettant ces exceptions, et il est impossible de ne pas les admettre, c'est sur d'autres bases que celles qui vous sont présentées qu'il faut établir un systême militaire. Je dirai ici, comme M. de Silleri: il ne s'agit plus de considérer ce qui blesse ou favorise telle classe d'hommes ou telles prétentions, mais ce qui est le plus utile à l'objet et à la fin de l'institution. Or, l'armée navale est instituée, non pour procurer des soldes et des grades à ceux qui les sollicitent, mais pour faire respecter la puissance de la nation et pour défendre ses possessions. Il ne faut donc pas déterminer le régime de l'armée navale sur des conve

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nances apparentes, sur des analogies de droits, de prétentions, encore moins sur des principes généraux de sociabilité inalliables avec plusieurs conditions d'un systême militaire.

Il n'y a que trois points essentiels à régler dans l'organisation de l'armée navale : la discipline, l'instruction, la distribution des grades et des modes d'avancement.

Le comité de la marine a dû considé rer l'armée navale sous ces trois rapports, et vous proposer les changemens et améliorations dont chacun d'eux est susceptible; car vous ne lui avez pas ordonné de changer pour changer mais pour être

mieux.

La discipline des gens de mer, officiers, matelots, soldats, a été long-temps négligée, les dernieres institutions l'ont rétablie ; et jusqu'au moment où des traits multipliés, d'insubordination ont excité votre sollicitude, le service sur les vaisseaux et dans les ports s'exécutoit avec régularité.

L'instruction des jeunes officiers s'étoit fort perfectionnée depuis vingt ans ; à une théorie très-étendue on avoit joint la pratique des manœuvres nautiques et la nécessité d'un nombre d'années de navigation

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