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dignité d'un officier de l'état se plieroit à la déférence nécessaire au préposé d'un particu lier? Or, si cela arrivoit, retrouveriez-vous également dans tous ces officiers particuliers la dignité nécessaire des officiers de l'état ?

Je ne sais si je me trompe; mais n'y eûtil que ce seul inconvénient dans la réunion en un seul corps de tous les navigateurs, il suffiroit, je crois, pour faire abandonner ce systême. Remarquez maintenant que l'autre inconvénient, ce seroit d'avoir une quantité immense d'officiers de marine, sans traitement et sans emploi, même dans le commerce; car on compte aujourd'hui près de six mille capitaines marchands, au grand et au petit cabotage, quoique nous n'ayons pas cinq mille bâtimens de commerce : ainsi, en faisant tous ces capitaines officiers de vaisseaux, vous auriez habituellement plus de trois mille officiers sans emploi.

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Je n'ai pas encore attaqué la plus forte raison qu'on puisse alléguer pour réunir en un seul corps militaire et commercial tous les navigateurs.

Cette réunion, diroit-on, s'opere pare tiellement pendant la guerre ; et la preuve que vous y croyez propres les officiers du

Commerce, c'est que vous les appellez sur la flotte, c'est que vous les employez comme officiers militaires, quand le nombre des entretenus est épuisé. Or, est-il juste que yous nous fassiez faire un service dont nous essuyons tous les dangers sans en partager les honneurs?

Dans l'ancien régime, cette objection étoit dans toute sa force; la servitude des navigateurs, pendant la guerre, n'étoit compensée par aucun des avantages auxquels ils avoient droit, et nous sommes loin de défendre cette insigne injustice. Mais en la réparant, en assignant aux officiers du commerce le rang des officiers militaires aussi-tôt qu'ils remplissent un service public; en les mettant dès cet instant dans une parité absolue de grades et d'avancement, tant qu'ils servent sur les vaisseaux de l'état ; en leur laissant les moyens de s'y consacrer tout-à-fait, s'ils redeviennent commerçans, n'abandonnent-ils pas volontairement la carriere militaire ? et est - il juste alors qu'ils restent en parité de droits avec ceux qui la poursuivent sans interruption? Sans doute, l'armée navale peut être utilement recrutée, même par les officiers marchands; mais n'est-ce pas aussi une res

source honorable pour eux que de servir utilement la patrie, quand la suspension du commerce les laisse sans emploi ? Et lorsqu'ils entrent dès ce moment en partage des honneurs et de tous les avantages du corps militaire, qu'ont-ils de moins que ceux qui sont exclusivement voués au service public? La même voie d'avancement est ouverte aux uns comme aux autres. Ceux qui arrivent plus tard sur la flotte, qui ont été livrés jusqu'alors aux travaux et aux spéculations commerciales, ne peuvent que par des actions d'éclats percer les rangs de ceux qui les précedent; et-il seroit véritablement injuste de mettre sur Ja même ligne les jours employés employés au soin de sa fortune, et ceux consacrés à défendre la fortune publique.

Je reprends encore cette objection sur les rapports de l'analogie des deux services: pourquoi deux corps, pourquoi des distinctions si marquantes entre des hommes qui viyent sur le même élément, et qui enfin deviennent hommes de guerre aussi - tôt qu'on en a besoin? graduez, aujoute-t-on, les modes de service et d'avancement' mais qu'il n'y ait qu'un seul corps; qu'on

ne distingue plus la marine militaire de celle

commerce.

Je rappellerai ici, sans les répéter, mes premieres observations, et j'ajouterai que l'analogie des deux services n'est pas l'identité; que ce qu'ils ont de ressemblant n'anéantit pas ce qu'ils ont de différent, et que parce qu'un marin militaire doit être bon navigateur, il ne s'ensuit pas que tout navigateur ait les connoissances nécessaires à la guerre de mer mais aussi-tôt qu'il les possede, aussi-tôt même qu'il en remplit le service, alors il ne s'agit plus, comme cidevant, de lui en contester les honneurs de le tenir à une distance humiliante des grades et des décorations militaires; alors il est officier de l'armée, prenant rang du premier jour de son service, concourant à tous les remplacemens ; et comme son expérience acquise sur les bâtimens du commerce, est un véritable titre, je trouve juste, comme le demandent les capitaines marchands, que leur navigation soit comptée pour moitié de celle sur les vaisseaux

de guerre ; mais ce qui n'est pas juste, ce qui seroit funeste au commerce comme à l'armée navale, c'est qu'on pût avancer en grades militaires en naviguant seulement

sur les vaisseaux du commerce; c'est de ne former qu'un seul corps de marine, dans lequel on ne pourroit conserver dans leur intégrité ni les habitudes de la

celles du commerce.

guerre

ni

Les auteurs de ce systême en présentent les avantages, en proposant pour l'avenir de ne recevoir comme capitaines et officiers sur les bâtimens du commerce que ceux qui auront passé par le grade et les examens d'aspirant ainsi, désormais les sciences mathématiques et la théorie de la navigation deviendroient familieres à tous les navigateurs.

Ce qu'il y a d'utile dans cette proposition a été saisi par votre comité, mais il a rejetté ce qui seroit dangereux. Il est utile qu'il y ait un grand nombre de marins, `qu'une éducation plus soignée, des connoissances plus approfondies rendent propres au commandement; il est utile que dans cette quantité de candidats, les plus distingués se consacrent au service militaire, et que les autres trouvent un honorable emploi sur les navires de commerce, mais il seroit dangereux d'interdire tous autres moyens de parvenir à ceux qui se consacrent à la navigation commerciale ; les

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