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chacun cherche des motifs de sécurité ; que ceux-ci ont tout à craindre des soupçons, des inimitiés; que ceux-là osent tout ce qu'ils peuvent. Dans cette cruelle position, je demande quelle opération praticable, quel moyen de salut pour nos finances, si préalablement les inquiétudes des bons citoyens et les tentatives des mauvais ne s'effacent devant une force active et une autorité suprême.

Je demande, par exemple, si le pouvoir municipal suffit pour inspirer confiance dans les assignations sur les aides, sur les gabelles (1), et même sur les biens du clergé.

Examinez, je vous prie, combien le crédit public suppose de combinaisons dans ceux qui y cooperent par leurs avances ou par leur sécurité ; et remarquez qu'il n'est

(1) La gabelle est jugée; c'est un impôt odieux : mais ne devions-nous pas prescrire un remplacement avant d'en permettre la destruction ?-Entre les loix vicieuses et celles qui les réforment, il n'y a que l'anarchie ou le despotisme. Les biens du clergé auront le sort de ceux des jésuites, si on en dispose autrement que du consentement des provinces, et lorsque la tranquillité sera rétablie.

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pas une seule de ces combinaisons qui ne s'appuie sur la force, l'unité et la stabilité du gouvernement. Il faut d'abord que chacun puisse se dire à soi-même ; je n'ai rien à craindre pour ma personne, pour mes propriétés; les revenus de l'état sont assu rés, ses engagemens inviolables, sa puissance au-dessus de toute atteinte; les volontés particulieres ne peuvent rien contre moi; ma liberté, mon industrie, mes spéculations ont toute la latitude qu'elles peuvent avoir; car elles sont protégées par toutes les forces de la monarchie contre celle qui deviendroit offensive à mon égard.

Considérez maintenant si toutes ces conditions peuvent se rencontrer sans l'unité du pouvoir exécutif.

Mais si les créanciers de l'état prennent l'alarme; si ses débiteurs ne paient pas; si les spéculations des négocians et des capitalistes se restreignent de plus en plus; s'il y a malheureusement une suspension de paiement dans un temps où le sixieme de la population du royaume est dans un état de mendicité, sera - ce assez de désordres et de malheurs, et votre loi provisoire suffit-elle pour nous en préserver?

Ce n'est pas tout; et tandis qu'une in

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juste défiance vous expose à d'aussi grands dangers, quelle funeste sécurité vous ferme les yeux sur vos relations politiques avec les puissances étrangeres, avec les colonies? Nous pouvons être, d'un instant à l'autre, obligés d'armer sur terre et sur mer, sous peine de perdre nos possessions en Amérique, et de voir attaquer nos frontieres; cependant, si les mouvemens qui se préparent dans le Nord, si ceux qu'on annonce dans les Antilles, acquéroient plus de consistance, il faudroit bien rétablir le pouvoir exécutif dans toute son étendue, ou s'attendre à la dissolution de la monarchie; mais êtes-vous sûrs d'en avoir le temps, les moyens? et cette transition subite de la nullité absolue de l'autorité royale à la plus grande activité n'auroit-elle pas alors quelques dangers?

LEs impôts de l'Angleterre, comparés à ceux de la France, en compensant la différence de territoire et de population, sont de près de deux cinquiemes au-dessus des nôtres ; et cependant tout prospere en Angleterre; l'agriculture et le commerce y sont dans la plus grande splendeur, le peuple y est dans une grande aisance, l'artisan, le

paysan, le soldat y sont infiniment mieux nourris que les nôtres, mieux vêtus, mieux logés.-En France, tout languit par l'effet désastreux de l'impôt, parce que douze millions d'hommes y sacrifient une partie de leur subsistance au moment où ils paient, et en sont tourmentés chaque jour de l'année jusqu'à ce qu'ils l'aient payé, Grande et cruelle différence entre l'impôt direct qui pese incessamment sur nos têtes, et l'impôt indirect auquel il semble qu'on ait la liberté de se soustraire.

Or, messieurs, qui pourroit douter que l'Angleterre ne doive l'avantage de sa situation, relativement à l'impôt, à la sage proportion qu'elle a établie et conservée, depuis cent quarante ans entre l'impôt direct et l'impôt indirect, et sur-tout à la parfaite combinaison des droits qui n'attaquent jamais les sources de l'industrie et du travail; tandis que parmi nous, l'un et l'autre ont eté plus d'une fois cruellement sacrifiés à l'avidité et à l'ignorance du fisc? En Angleterre, le tarif de la taxe sur les terres n'a pas été renouvellé depuis Cromwel; et les impôts réels sont aujourd'hui, relativement aux impôts indirects dans la proportion d'un à huit. Chez nous au contraire les impôts réels, y

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compris celui de la gabelle, le plus accablant de tous, montent à deux cent quas rante millions , c'est-à-dire, à plus de la moitié de la masse totale.

Voilà, messieurs, le régime montsrueux que vous pouvez modifier aujourd'hui par le décret qui statuera le remplacement de la gabelle.

On vous propose de répartir les deux tiers du produit sur les pays qui y étoient soumis, et de substituer ainsi un impôt direct à un impôt du même genre. - Quant au remplacement de l'autre tiers, parmi les moyens indiqués par M. Dupont, celui d'un bénéfice au profit de l'état, présumé de dix millions, a été fortement attaqué, et une augmentation projettée de trois millions sur la ferme des postes me paroît d'une difficile exécution par l'arrangement proposé. Enfin, les deux millions répartis sur les provinces rédimées sont une nouvelle charge sur les terres déjà trop imposées; et si ce qui nous a été dit sur cela par un député d'Auvergné ne peut être contesté, je pourrois y ajouter des faits qui exciteroient votre pitié :

Qu'on prenne mais qu'on nous

tout ce que nous avons, nourrisse ; telle étoit l'expression des cahiers

et

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