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Mais la même puissance qui possede exclusivement la législation nationale a-t-elle pu et dû faire disparoître l'ancienne forme de la nomination des pasteurs, et la soumettre à l'élection des peuples?

Oui, certes, elle a eu ce droit, si l'attribution d'une fonction appartient essentiellement à ceux qui en sont et l'objet et la fin; et le sacerdoce françois doit aussi, à cet égard, l'exemple du respect et de l'obéissance. C'est pour les hommes qu'il existe une religion et un sacerdoce, et non pour la divinité, qui n'en a pas besoin. Tout pontife, dit Saint Paul, choisi du milieu des hommes, est établi pour le service des hommes; il doit être tel qu'il sache compatir à l'ignorance, se plier à la foiblesse et éclairer l'erreur.

Et non-seulement l'apôtre proclame ici le droit du peuple aux élections eclésiastiques, comme dérivant de la nature des choses, mais il l'appuie par des considérations particulieres d'ordre et de circonstances. Le service sacerdotal est un ministere d'humanité, de condescendance, de zele et de charité : c'est pourquoi Saint Paul recommande de ne le confier qu'à des hommes doués d'une ame vraiment

paternelle et sensible; qu'à des hommes dès-long-temps exercés aux bonnes actions et connus publiquement par leurs inclinations pacifiques et leurs habitudes bienfaisantes. C'est pourquoi aussi il indique pour juges de leur aptitude aux fonctions de pontifes et de pasteurs du peuple ceux qui ont été les spectateurs de leur conduite et les objets de leurs soins.

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Cependant, parce que l'assemblée nationale de France, chargée de proclamer les droits sacrés du peuple, l'a rappellé aux élections ecclésisatiques; parce qu'elle a rétabli la forme antique de ces élections et tiré de sa désuétude un procédé qui fut une source de gloire pour la religion, aux beaux jours de sa nouveauté, voilà que des ministres de cette religion crient à l'usurpation, au scandale, à l'impiété, réprouvent, comme un attentat à la plus imprescriptible autorité du clergé, le droit d'élection restitué au peuple, et osent réclamer le concours prétendu nécessaire du pontife de Rome...

Lorsqu'autrefois un pape immoral et un despote violent fabriquerent, à l'insu de l'église et de l'empire, ce contrat profane et scandaleux, ce concordat qui n'étoit que

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la coalition de deux usurpateurs pour 85 partager les droits et l'or des François, on vit la nation, le clergé à sa tête, opposer à ce brigandage tout l'éclat d'une résistance unanime, redemander les élections, et révendiquer avec une énergique persévérance la pragmatique, qui seule avoit fait jusqu'alors le droit commun du royaume.

Et c'est ce concordat irréligieux, cette convention simoniaque qui, au temps oùt elle se fit, attira sur elle tous les anathêmes du sacerdoce François; c'est cette stipulation criminelle de l'ambition et de l'avarice, -ce pacte ignominieux qui imprimoit depuis ades siecles aux plus saintes fonctions la -tâche honteuse de la vénalité, qu'aujourd'hui nos prélats ont l'impudeur de réclamer au nom de la religion, à la face de l'univers, à côté du berceau de la liberté, dans le sanctuaire même des loix régénératrices de l'empire et de l'autel !.

Mais, dit-on, le choix des pasteurs, confié cà la disposition du peuple, ne sera plus que le produit de la cabale......

L'auteur ne répond à cette objection, fondée sur l'expérience de tous les siecles. que par des déclamatious bannales sur le vice des anciennes promotions. Sans préten

dre justifier ici l'ancien régime, légitimé du moins par l'assentiment général de l'église (1), je crois devoir observer que les béné fices à charge d'ames étoient en général dignement remplis, et mieux qu'ils ne peuvent l'être par les élections populaires. Déjà même les citoyens se plaignent, dans une des premieres paroisses de Paris (la paroisse SaintPaul) de ce qu'on leur a donné un curé anciennement interdit pour ses erreurs,et qui se sert aujourd'hui de son ministere pour les entraîner dans des opinions contraires à la foi:

Que si, n'osant réprouver d'une maniere absolue le rétablissement de la forme élective pour les offices ecclésiastiques, les -prélats répetent encore que le mode décrété par le corps constituant est contraire aux formes anciennes, qui toujours accerderent au sacerdoce les 'honneurs de la prépondérance, nous leur demanderons s'ils ont trouvé cette influence fondée sur une loi précise de la constitution évangé lique, et si elle étoit un effet des régles sur lesquelles. Jésus-Christ a organisé le

(1) Le concordat fut ratifié par le concile de Latran ; il étoit en vigueur au temps du concile de Trente : on peut donc le regarder en quelque sorte comme une loi de l'église universelle.

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régime de la religion; nous leur deman derons quelles furent les premieres élections qui suivirent immédiatement la fondation du christianisme ? La multitude des disciples choisit, sur l'invitation des apôtres, sept hommes pleins du Saint-Esprit et de sagesse pour les aider dans les soins de l'apostolat ces hommes reçurent des apôtres l'imposition des mains, et ils furent les premiers diacres.

Et de nos jours, quand et comment le clergé intervenoit-il donc dans le travail de la distribution des places diocésaines et paroissiales? Il y avoit des siéges pontificaux à remplir, et le roi les donnoit; il y avoit des titres de riches abbayes à conférer, et la cour les conféroit; une trèsgrande partie des bénéfices-cures étoit à la nomination des patrons ou collateurs laïcs, et ces laïcs en disposoient (1); un non-catholique, un juif, par la simple acquisition de certaines seigneuries, devenoient les arbitres de la destinée de la religion et de l'état moral d'un grand nombre de paroisses ; ainsi les grands titres et les grandes places de l'église se distribuoient

(1) Quant au temporel, et encore c'étoit par une con. cession spéciale de l'église.

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