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cer dans cette premiere carriere, parce qu'ils n'auroient rien de plus à obtenir.

CERTES, messieurs, quand on vous reproche (1) de rétrécir l'ancienne jurisdiction de l'église, et de méconnoître la nécessité et l'étendue d'un pouvoir qu'elle exerçoit sous les empereurs payens et dans les temps de persécution, n'est-ce pas vous

inviter à soumettre à une révision sévere le systême d'organisation sacerdotale que vous avez adopté, à ramener la religion à l'existence qu'elle avoit sous le gouvernement des anciens Césars, et à la dépouiller de toute correspondance et de toute relation avec le régime de l'empire ? Quelle merveille que des empereurs payens, pour qui la religion n'étoit rien, et dans un temps où l'institution chrétienne n'étoit ni reçue dans l'état, ni reconnue par l'état ni entretenue sur les fonds de l'état, aient laissé cette institution se régir dans son invisibilité, suivant des maximes qui ne pouvoient avoir d'effets publics, et qui ne touchoient par aucun point l'administration civile le sa

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(1) Pages 5 de l'exposition des évêques.

cerdoce, entiérement détaché du régime social, et dans son état de nullité politique, pouvoit, du sein des cavernes où il avoit construit ses sanctuaires, dilater et rétrécir, au gré de ses opinions religieuses, le cercle de ses droits spirituels et de ses dépendances hiérarchiques (1). Il pouvoit régler, sans exciter nulle sensation, ces limites et ces démarcations diocésaines qui ne signifioient alors que le partage des soins apostoliques, et qui n'obscurcissoient

(2) C'est le libre exercice de ces mêmes droits que l'église réclame, et que le gouvernement ne peut lui refuser sans une tyrannie absurde. Le clergé n'est plus un corps politique dans l'état ; il est réduit à sa primitive nullité. L'assemblée nationale vient de le détruire pour disposer de ses biens immenses; elle a reconnu qu'une des obligations les plus sacrées, en le dépouillant, étoit d'entretenir le culte et de salarier les ministres catholiques. Là se bornent ses devoirs et ses droits, d'après ses propres principes. Ce n'est point à elle à décider quel est le nombre des ministres néces saires au besoin de l'église; ce n'est point à elle à étendre ou à resserrer les limites de leur jurisdiction spirituelle. L'église est, à cet égard, par rapport au corps politique, ce qu'elle étoit sous les Césars et ce qu'elle sera toujours, parce que le principe de sa puissance spirituelle ne dérive pas de ce même corps politique;

et n'embarrassoient en rien la distribution des provinces romaines.

Alors, messieurs, la religion n'étoit que soufferte; alors les prêtres ne demandoient pour elle aux maîtres du monde que de la laisser épancher dans le sein de l'homme ses bienfaits inestimables; alors ses pontifes bénissoient les puissances de laisser reposer le glaive qui avoit immolé tant de pasteurs vénérables, et de regarder les modestes organes de l'évangile avec bienveillance, ou même sans colere; alors ces ouvriers austeres et infatigables ne connoissoient d'autre source de leur frugale subsistance que les aumônes de ceux qui recevoient l'évangile et qui employoient leur minis

tere.

Concevez-vous, messieurs, quels eussent été les transports de ces hommes si dignes de la tendre et religieuse vénération qu'ils

il a une source plus sublime. Que l'assemblée reconnoisse ce pouvoir, qu'elle ne le reconnoisse pas, il n'en sera pas moins ce qu'il est; et n'existât-il que dans l'opinion des vrais fideles, il seroit contraire aux principes même du corps législatif de violenter des opinions qui tiennent à un systême religieux si bien lié dans toutes ses parties.

phe que

inspirent, si la puissance romaine eût ménagé, de leur temps, à la religion le triomlui assurent aujourd'hui les législateurs de la France (1)? Et c'est ce moment. où vous rendez sa destinée inséparable de 'celle de la nation (2), où vous l'incorporez à l'existence de ce grand empire, où vous consacrez à la perpétuité de son regne et de son culte la plus solide portion de la substance de l'état (3); et c'est ce moment où vous la faites si glorieusement in

(1) Il est certain qu'un changement si subit de la part des empereurs qui persécutoient l'église naissante, ou même qui la toléroient, eussent transporté de joie ces vénérables pasteurs; encore même eussent-ils rejeué leurs bienfaits, si, renonçant à un genre de tyrannie pour en exercer un autre plus cruel, les empereurs eussent prétendu forcer les fideles à abandonner leurs pasteurs légitimes pour en reconnoître d'autres coupables d'intrusion. Mais qu'est-ce que tout cela prouve contre les évêques de France ?

(2) Ne diroit-on pas que la religion chrétienne en France n'avoit avant la révolution qu'une existence prá caire et telle qu'elle pouvoit l'avoir à Rome sous les Césars?

(3) Soyez plus vrai, et dites: Oit vous enlevez la plus solide portion de la subsistance de ses ministres pour les mener par la faim au schisme ou à la mort.

tervenir dans cette sublime division du plus beau royaume de l'univers, et où, plantant le signe auguste du christianisme sur la cîme de tous les départemens de la France, vous confessez à la face de toutes les nations et de tous les siecles que Dieu est aussi nécessaire que la liberté au peuple François (1); c'est ce moment que nos évêques ont choisi pour vous dénoncer comme, violateurs des droits de la religion, pour vous prêter le caractere des anciens persécuteurs du christianisme, pour vous imputer, par conséquent, le crime d'avoir voulu tarir la derniere ressource de l'ordre public, et éteindre le dernier espoir de la vertu malheureuse!

Et nous ne pouvons pas douter, messieurs, que ce ne soit dans une intention aussi malveillante qu'on cherche à insinuer que la religion est perdue, si c'est le choix du peuple qui décerne les places ecclésiastiques......

On sait, disent les évêques, à quel point la forme qu'on propose pour les élections

(1) Ceton d'une piété dérisoire, de la part d'un sophiste impudent et sans mœurs, est fait pour exciter toung indignatio de l'homme le moins religieux.

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