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chap. 711. Dans le second, le pape Victor écrivit fortement aux évêques d'Asie sur la question de la pâque, et les menaça même de l'excommunication, comme on voit dans Eusebe, liv. v, c. xxiv. Dans le troisieme, le pape Etienne se comporta de même dans la question des rebaptisans. Dans le quatrieme, le pape Jules rétablit Saint Athanase et les autres évêques qui avoient été déposés et chassés par les Arriens. Voyez Sozomene, hist. l. 111, c. VIII. Dans le cinquieme, les papes Innocent I et Zozime connurent des erreurs des Pélagiens et des décisions que divers conciles particuliers avoient faites contre ces hérétiques; le dernier adressa à toutes les églises la célebre lettre par laquelle il condamnoit leurs erreurs. Voyez Marius Mercator in commonitor. c. j et iij. Dans le quatrieme, Eustathe, évêque de Sébaste, fut rétabli dans son siege par le pape Libere, comme nous l'apprend Saint Basile, epist. LXXIV, ad occidental. Dans le cinquieme, Eutychès en appella au pape Saint Léon de la sentence de Flavien, patriarche de Constantinople; Saint Chrysostôme en appella également au pape Innocent de celle de Théophile d'Alexandrie. Dans le sixieme, Saint Grégoire s'éleva avec force contre le titre d'évêque écuménique ou universel que prenoit Jean-le-Jeûneur. Dans le septieme, Sophrone et Etienne s'adressent aux papes pour implorer leur autorité contre les ravages que le monothélisme faisoit alors en Orient ; et l'on sait avec quelle vigueur ils le condamnerent, sans excepter même les loix des princes qui le favorisoient, et que les hérétiques avoient extorquées ou surprises. Dans le huitieme, les papes curent la principale part à la condamnation de l'hérésie des Iconoclastes, comme on voit par les actes du sep

tieme concile général. Il est vrai que dans le neuvieme; Phocius commença à se soustraire à la jurisdiction du saint siege; mais outre que l'autorité en étoit reconnue par les autres patriarches d'Orient, Phocius fut excommunié par Nicolas I, condamné par Adrien II et par Jean VIII, et reconnut en diverses occasions la supėriorité du pape. Voyez les conciles du pere Labbe, tome VIII, page 1395. On convient que depuis cette époque les Grecs s'écarterent notablement de la doc trine de leurs ancêtres sur la primauté du pape, jusqu'à ce qu'enfin le schisme fut entièrement consommé par Michel Cérularius; mais même en cette occasion, le pape donna une marque de sa jurisdiction; car les légats de Léon IX, qui tenoit alors le siege, excommunierent le patriarche de Constantinople dans la basilique même de Sainte-Sophie. Enfin, dans les différentes tentatives qu'on a faites depuis dans les conciles, soit de Lyon, soit de Florence, pour réunir les deux églises, les Orientaux n'ont jamais contesté la primauté du successeur de Saint Pierre ».

«Nous avons cité tous ces exemples de l'église d'Orient; car pour celle d'Occident, on n'a jamais douté qu'elle n'ait reconnu cette prérogative. Bingham prétend qu'elle n'étoit pas connue en Angleterre, quand le moine Saint Augustin y fut envoyé par Saint Grégoire que dès le quatrieme siecle, il y avoit des évêques dans la Grande-Bretagne, comme il paroît par le concile d'Arles, tenu en 314, auquel assisterent Eborius, évêque d'Yorck, Restitutus, évêque de Londres, et Adelphius, évêque de civitate coloniâ Londinensium, que quelques uns croient être Lincoln et d'autres Colchester; que ces évêques connoissoient pour métropolitain

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l'archevêque de Caerleon, Caërlegio; ville ancienne alors détruite, et dont le siege avoit été transféré à Saint-David; que dans la conférence qu'ils eurent avec le moine Saint Augustin, ils refuserent de reconnoître la primauté du pape : d'où il conclut que l'église d'Angleterre étoit indépendante de l'église romaine. Quoi qu'aient pu penser ces évêques saxons du temps de Saint Grégoire, il s'agit de savoir si leurs prédécesseurs avoient reconnu la primauté du pape. Or, c'est ce qu'avoient fait les évêques qui assisterent au concile d'Arles; car dans la lettre synodique que les peres de ce concile adresserent au pape Sylvestre, on lit placuit etiam, antequam à te qui majores diæceses tenes, per te potissimùm omnibus insinuari. Ils reconnoissent donc dans le pape une surintendance générale sur les grands dioceses, c'est-à-dire, les grands gouvernemens de l'empire, tels que l'Italie, l'Espagne, les Gaules, l'Afrique, etc.; car il est constant que les prélats d'Afrique et ceux des Gaules, d'Italie, etc. ont toujours reconnu la prééminence du pape. Que Bingham oppose tant qu'il voudra l'exemple de l'église d'Afrique, il ne persuadera jamais qu'elle se soit soustraite à l'obéissance due au saint-siege, puisqu'il est constant, par tout ce qui se passa dans l'affaire des Pélagiens, que les évêques d'Afrique envoyerent les actes de leurs conciles particuliers à Rome, et qu'ils ne regarderent la cause comme jugée et décidée en dernier ressort que quand le siege de Rome eut prononcé; et puisque Bingham prend pour arbitres les évêques d'Afrique, et sur-tour Saint Augustin, sur le sens de ces mots, qui majores sedes tenes, il faut conclure de la conduite de ces der niers, que dans le cinquieme siecle on reconnoissoit

en Afrique la primauté du pape, comme les évêques d'Afrique l'avoient reconnue au concile d'Arles; et par une derniere conséquence, qu'Eborius, Restitutus Adelphius, ces évêques de la Grande Bretagne qui avoient assisté à ce dernier concile, l'avoient également reconnue, c'est-à-dire, une primauté et une supériorité non pas arbitraire ni illimitée, mais réglée par les saints canons ».

« Mais, ajoute Bingham, il faudroit donc supposer que ces évêques de la Grande-Bretagne, du temps du moine Saint Augustin, étoient tombés dans le schisme. C'est en effet ce qu'a prétendu Schelstrate. Pour nous nous pensons que l'irruption des Saxons ayant tout bouleversé dans la Grande-Bretagne, et sur-tout interrompu le commerce des îles britanniques avec l'empire et le siege de Rome, l'ignorance se glissa dans le clergé, et qu'à la faveur des troubles les évêques s'arrogerent une indépendance qu'ils n'avoient pas ; la barbarie des Saxons et leur attachement au paganisme étoient tout-à-fait contraires aux progrès des lettres et de la religion; aussi étoit-elle dans un état déplorable dans cette partie de l'Europe, lorsque le missionnaire Saint Augustin y arriva. Ces évêques, dont Bingham fait sonner si haut la prétendue indépendance, croupissoient dans l'ignorance et dans la corruption des mœurs. Est-il étonnant après cela qu'ils eussent oublié ou qu'ils affectassent de méconnoître ce qu'avoient si bien su leurs prédécesseurs? Ce qu'il y a de certain, c'est que Saint Augustin remit les choses, dans l'ordre, et que l'Angleterre a reconnu la primauté des papesjusqu'au schisme d'Henri VIII. C'est aux théologiens anglois à nous expliquer par quel enchantement tant

d'hommes

d'hommes illustres, de saints évêques et de grands rois, pendant neuf siecles, ont pu subir un joug que leurs ancêtres ont, dit on, rejeté, et qu'ont brisé leurs descendans. Voyez Bingham, orig. ecclesiastic. tom. III, lib. 1x, c. j, §. 12, et c. vj, §. 20».

« 4°. Aux preuves que nous avons déjà rapportées de la primauté du pape se joint la reconnoissance formelle qu'en ont faite les empereurs, les rois et autres souverains. Théodose et Valentinien parlent ainsi de la prééminence de l'église romaine Cum igitur sedis apostolica primatum sancti Petri meritum, qui princeps est episcopalis coronæ et romanæ dignitas civitatis, sacræ etiam synodi firmavit autoritas. Valentinien, dans sa lettre à Théodose, dit que l'évêque de Rome a la prééminence sur tous les autres: Quatenùs beatissimus romanæ civitatis episcopus, cui principatum sacerdotis super omnes antiquitas contulit ; et Justinien, novell. cxxx1, tit. XIV, cap. 2. Sancimus sècundùm earum synodarum definitiones sanctissimum senioris Roma papam primum esse omnium sacerdotum. On peut voir dans les preuves des libertés de l'église gallicane comment nos rois trèschrétiens se sont plusieurs fois exprimés sur le même sujet, en restreignant toutefois la puissance des dans ses véritables limites ».

papes

«Les protestans avancent que toutes ces prérogatives ne sont que des concessions de l'église ou des princes, dont on a décoré les papes en certains temps, et dont il a été permis en d'autres de les dépouiller ».

« Les catholiques, au contraire, prouvent qu'il ne la tient ni de l'église ni d'aucune autorité humaine, mais immédiatement de Jésus-Christ, qui l'a promise et conférée à Saint Pierre, comme il est rapporté en Saint 2 année. Tome XI.

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