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blée a ordonné, en conséquence, que ce rapport lui seroit fait dans la huitaine.

J'ai deinandé à prouver en trois minutes que cette proposition est tout-à-la-fois indécente, répréhensible et destituée de rai

son.

Indécente, puisqu'il ne s'agit pas moins que de démentir et d'effacer nos déclarations les plus solemnelles sur la foi publique.

Répréhensible, en ce qu'elle est insidieuse et subreptice. Avant de savoir si l'assemblée nationale imposera les créanciers de l'état dans la matiere même de leurs créances, il faut lui proposer d'expliquer ce qu'elle a entendu, non-seulement lorsqu'elle les a mis sous la sauve-garde de la loyauté françoise, mais lorsqu'elle a déclaré que, sous aucun prétexte, il ne seroit fait de réduction dans la dette publique. On atteste la déclaration des droits de l'homme que chacun doit payer suivant ses facultés ; et moi j'atteste que tout homme a droit de réclamer ce qui lui a été promis librement. · Destituée de raison sous deux rapports, dans le fait particulier et dans le fait général. Dans le fait particulier, on propose à la nation d'acheter quelques millions au prix

d'une infamie, et en tarissant la riche ressource du crédit public; dans le fait général, rien de plus absurde que d'imposer les capitaux prêtés à intérêt; c'est l'emprunteur et non le prêteur qui paie, l'impôt : comme en général les prêteurs sont les riches, l'impôt retombe sur les pauvres ; et comme le pauvre ne peut jamais faire la loi, il faut qu'il supporte l'impôt par les privations les plus tristes pour lui et les plus désastreuses pour la chose publique.

QUE Sous les derniers temps d'un gouvernement qui, follement prodigue et systématiquement corrupteur, étoit sans cesse aux expédiens, et ne convoitoit le despotisme que pour se procurer de l'or, et l'or pour conserver le despotisme, de prétendus hommes d'état n'aient pas rougi d'écrire et d'imprimer que la loterie pouvoit être regardée comme un impôt libre, volontaire, on s'indigne plus qu'on ne s'étonne; mais qu'aujourd'hui, à l'aurore de la liberté nationale, on essaie d'intéresser les fondateurs de la morale publique au perfectionnement d'une institution qui précipite dans toutes les calamités du vice et de la misere les classes industrieuses du peuple, voilà ce qui

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fait horreur.... C'est un impôt... quel impôt, qui fonde son plus grand produit sur le délire ou sur le désespoir! quel impôt, que le plus riche propriétaire est dispensé de payer, et que les hommes sages, les meilleurs citoyens ne paieront jamais! un impôt libre! étrange liberté! chaque jour, à chaque instant on crie au peuple qu'il ne tient qu'à lui de s'enrichir avec un peu d'argent ; on propose un million pour vingt sols aut malheureux qui ne sait pas compter, qui manque du nécessaire...... et le sacrifice qu'il fait à ce fol espoir, du seul argent qui lui reste, de cet argent qui appaiseroit les cris de sa famille, est un don libre et volontaire!..... C'est un impôt qu'il paie à la souveraineté (1).

Çertes, lorsque les yeux de l'assemblée nationale se porteront sur les loteries, elle appercevra dans un instant que cette invention exécrable, destinée à choquer tous les principes de la morale au même degré où elle viole toutes les proportions de l'arithmétique honnête, frappe le peuple, dont les mœurs et la subsistance sont incessamment

(1) Lettre à Frédéric Guillaume.

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menacés, détruit le goût du travail, introduit la fraude et l'infidélité, engendre les vols, les assassinats, les forfaits, et, chose horrible! qu'elle offre le hideux spectacle du gouvernement exerçant le plus vil des escamotages, et mettant l'innocence le bien-être des hommes au misérable prix de quelques millions (1).

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Il ne s'agit point actuellement de savoir comment l'administration des ponts et chaussées sera organisée, mais s'il y en aura une. Comment concevoir que des routes d'un royaume de vingt sept mille lieues quarrées puissent ne pas s'enchevêtrer sans un centre commun? Je ne répondrai qu'à une seule objection épisodique. Je dis qu'on a toujours confondu la cause avec l'effet. Les ponts et chaussées ont été sans doute l'instrument d'une quantité de vexations; mais les administrateurs peuvent être réputés coupables,si l'intrigue a su obtenir tel chemin inutile, tel pont magnifique, au lieu d'un pont nécessaire, tel canal avantageux à un particulier plutôt qu'au commerce. Mais je de

(1) Monarchie prussienne.

mande aux préopinans de me répondre avec la même niaise liberté avec laquelle je parle je demande comment il seroit possible que les chemins s'unissent, s'entrelacent, sans une administration centrale.

L'ASSEMBLÉE a décidé qu'il y auroit des corps électoraux, c'est-à-dire, que les électeurs, une fois nommés dans les assemblées des cantons, exerceront pendant deux années le pouvoir qui leur aura été confié. Le plaisir de simplifier l'administration, de rendre les assemblées populaires moins fréquentes, et d'épargner au peuple le seul impôt qu'aucun avantage ne compense, celui de la perte du travail, vous a inspiré cette mesure: elle m'a fourni aussi l'idée d'un article additionnel que j'en crois inséparable, et sur lequel je demande l'attention de l'assemblée.

Comme le despotisme est la mort du gouvernement purement monarchique, les factions, les brigues, les cabales sont le poison du gouvernement représentatif. On intrigue d'abord parce que l'on croit servir la chose publique; on finit par intriguer par corruption. Tel qui ne recueille des suffrages que pour son ami, les donneroit bientôt

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