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droient les entendre ? Vous voyez comme l'enthousiasme gagne les coeurs les plus froids! comme les larmes roulent dans tous

les yeux, comme l'amour de la patrie et celui des vertus utiles au genre humain, c'est-à-dire, des seules vertus, s'empare de cette jeunesse sensible qui, du moins, ne deviendra pas meilleure sans devenir plus heureuse! Des récits fideles font partager cette émotion à ceux mêmes qui n'en sont pas les témoins; chacun bénit les loix qui lui procurent tant de jouissances inconnues, et les étrangers arrivent en foule pour voir ces jeux d'une nation qui mérite son bonheur, comme autrefois ils accouroient aux jeux olimpiques de la Grèce,

C'EST en présentant ainsi au public quel ques traits de son éloquence et de ses principes en matiere de gouvernement, qu'on a prétendu peindre M. de Mirabeau sous les couleurs les plus fidelles ; mais nous observerons qu'une partie essentielle du héros de notre révolution manque dans cette esquisse. Pour le faire connoître tel qu'il étoit véritablement, il eût fallu développer tous les ressorts d'intrigues qui le faisoient mouvoir

ou qu'il dirigeoit lui-même, et sur - tout pouvoir mettre au jour tout ce qu'il de vérités qu'un intérêt particulier étouffoit quelquefois dans son cœur. Nous n'en citèrons qu'un exemple. Quoique persuadé que les biens fonds du clergé appartiennent à la nation du moment qu'elle ne le reconnoît plus comme un corps politique dans l'état, il n'en pensoit pas moins que chaque titulaire ecclésiastique avoit un droit de propriété sur les fruits de son bénéfice, fondé sur les loix les plus sacrées de toute société; cependant lorsque les MM. Garat l'engagerent à soutenir dans l'assemblée nationale ce principe dont ils avoient eux-mêmes une conviction parfaite, Mirabeau leur répondit: Je pense comme vous à cet égard, mais je craindrois, en défendant cette cause, de me dépopulariser. Toujours pénétré de la même vérité, il leur répondit, une autre fois qu'ils se plaignoient des mouvemens bruyans de l'assemblée : Comment voulezvous que la paix regne ici, nous ne sommes qu'une bande de voleurs et de volés.

NOTE sur les discours de Mirabeau relatifs à la constitution civile du clergé.

ON nous fera sans doute un sujet de reproche, peut-être même un crime, de traiter en théologien des objets que nous devrions considérer simplement sous des rapports politiques. Nous répondrons que l'exemple d'une grande assemblée est contagieux, et que nous n'avons pu suivre l'un de ses plus célebres orateurs dans les différentes discussions où il nous entraîne, sans nous appercevoir et faire remarquer qu'il s'égare, lorsqu'il veut parcourir des lieux qu'il avoue lui être parfaitement inconnus. Quand même la théologie ne seroit appuyée que sur des principes convenus et peu fondés en raison, puisque M. de Mirabeau veut bien les supposer vrais et raisonner d'après eux, tout homme a droit d'exiger de lui que ses assertions en soient les justes conséquences. Voici donc ce que tout catholique pense ou doit penser sur les matieres qui font l'objet de cette discussion.

Il est de foi, 1°. que Jésus-Christ, en établissant son église, lui a accordé tous les pouvoirs nécessaires pour régler sa discipline, pour se régir et se gouverner elle-même.

2°. Que le souverain pontife a non-seulement une primauté d'honneur, mais encore une primauté de jurisdiction dans toute l'église.

3°. Que les évêques, en vertu seule de leur consécration, ne peuvent exercer de jurisdiction; mais que,

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pour l'exercer, ils ont besoin d'une mission spéciale; d'une jurisdiction déterminée, distinguée du caractere épiscopal, et qu'ils ne peuvent tenir cette mission, cette jurisdiction que de l'église.

4°. Que les évêques sont de droit divin supérieurs aux prêtres, non-seulement quant au pouvoir de conférer le sacerdoce, mais encore quant à la hiérarchie et à la jurisdiction, et qu'ils sont aussi de droit divin les juges de la foi; de sorte que si les simples prêtres ont siégé dans les conciles, s'ils y ont eu quelquefois voix délibérative, ce n'a été que par une concession de l'église.

5°. Que les prêtres reçoivent dans leur ordination le pouvoir de remettre et de retenir les péchés, mais qu'ils ne peuvent exercer même validement ce pouvoir sans une jurisdiction spéciale et déterminée, que l'église seule peut leur donner et leur donne par la mission ou approbation.

Voilà ce que la foi enseigne; on ne sauroit nier une seule de ces propositions sans être hérétique. Ce-pendant, à quoi se réduit la doctrine de M. de Mirabeau et de M. Camus, son collegue, dont il s'est fait l'organe dans cette matiere? à cinq propositions diamétralement opposées aux articles de foi que l'on vient de lire. Les voici:

Ils soutiennent, 1°. que l'église étant dans l'état, et non l'état dans l'église, tout ce qui n'est que de discipline peut être régié et modifié par l'état, et que s'il n'est pas au pouvoir des puissances de la terre d'altérer le dogme, il n'en est pas de même de la discipline et des pratiques extérieures (1); 2°. que le pape

(1) Et c'est en conséquence de ce principe que l'assem

n'a qu'une primauté d'honneur et de surveillance dans l'église, laquelle primauté est bien éloignée d'une jurisdiction proprement dite ; 3°. que les évêques ont, en vertu de leur consécration, toute la jurisdiction nécessaire; que cette jurisdiction est illimitée, et que sa cir

blée nationale a dit aux évêques : vous aurez tant de coopérateurs, et pas un seul de plus; vous prendrez tels et tels pour vos vicaires; vous n'en aurez point d'autres, et vous leur donnerez votre confiance, quand même vous ne les en croiriez pas dignes. Ainsi, par le décret qui réunit neuf à dix curés à la métropole de Paris, l'assemblée nationale a donné neuf à dix vicaires à l'archevêque; il faut que celui-ci place en eux sa confiance, qu'ils aient ou non le talent nécessaire pour bien gouverner, et qu'il se soumette à ce qu'ils voudron:, puisque dans son conseil ils formeront la majorité. L'assemblée nationale a dit encore aux évêques vous ne pourrez exiger que telle profession de foi, et dans telle forme, de ceux que vous aurez à instituer canoniquement pour pontifes et pour pasteurs, quand même vous auriez des motifs suffisans de les croire entachés d'hérésie; vous rassemblerez autour de vous, dans votre maison s'il se peut, tous les jeunes éleves qui se destinent au service des autels, afin que vous puissiez les surveiller de plus près; mais les directeurs de ces jeunes ecclésiastiques ne dépendront point de vous, quand même ils les conduiroient mal; vous serez obligés de les garder, pourvu qu'ils s'entendent avec VOS vicaires. Toutes ces choses et autres qui vous sont ordonnées par la puissance. civile, vous les exécuterez, sous peine d'être destitués par le fait, et d'être réduits à périr de misere; et si vous étiez assez osés que de regarder ce décret comme insuffisant pour vous interdire toutes vos fonctions, vous seriez traités et punis comme perturbateurs du repos public. De bonne foi, peut-on reconnoître à ces traits l'ancienne discipline de l'église? et ces changemens fussent-ils encore meilleurs, est ce l'assemblée nationale de France que Jésus-Christ a établie pour gouverner son église ?

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