Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

liorations qui pourront s'y faire par la suite. Le corps enseignant (qui ne sera pourtant plus un corps, suivant l'acceptation commune) doit être organisé d'après un systême qui satisfasse à tout ou du moins qui prépare tout. C'est une machine dont il faut changer le mobile et le régulateur. Mais on ne peut la perfectionner qu'en la simplifiant ; et ce seroit l'indice d'un bien petit esprit, de croire qu'il y a beaucoup de roues nouvelles à mettre en jeu. Les législateurs françois n'ont pas la manie de régler; ils aiment mieux que tout se regle de soi-même.

Mais quelles sont donc les vues fondamentales d'après lesquelles on doit se conduire dans cette réforme ?

La premiere, et peut-être la plus impor tante de toutes, est de ne soumettre les colleges et les académies qu'aux magistrats qui représentent véritablement le peuple, c'està-dire, qui sont, élus et fréquemment renouvellés par lui. Aucun pouvoir permanent ne doit avoir à sa disposition des armes aussi redoutables. C'est la plume qui conduit l'épée et qui donne ou enleve les sceptres; c'est les instituteurs de la jeunesse, les philosophes et les écrivains de tous les

genres qui font marcher les nations à la liberté, ou qui les précipitent dans l'esclavage. Il faut donc qu'ils soient toujours aux ordres de l'intérêt public. En conséquence, les académies et les colleges doivent être mis entre les mains des départemens ; et je crois utile de les reconstituer sous des formes nouvelles, ne fût-ce que pour les avertir qu'ils n'appartiennent plus au même régime.

Si les académies continuoient à dépendre du pouvoir exécutif, il est clair qu'il disposeroit à son gré des membres dont elles seroient composées, et cela d'une maniere' directe; mais il disposeroit aussi, quoique plus indirectement, des gens de lettres, pour qui ces places seroient un objet d'ambition, c'est-à-dire, de presque tous. S'il étoit chargé d'organiser et de surveiller les écoles publiques, l'éducation et l'enseignement y seroient subordonnés à ses vues, ou plutôt à celles de ses ministres, lesquelles ne sont pas toujours conformes aux intérêts du peuple. Je veux bien croire que, dans ce moinent de crise, les académies et les corps enseignans montrent beaucoup de patriotisme; mais il ne faudroit pas trop compter' sur la durée de ces dispositions heureuses;

et peut-être quelque jour, dans l'académie françoise elle-même, qui servoit n'aguere d'asyle à la philosophie, verra-t-on des philosophes repentans écrire ou parler avec

indécence contre la révolution.

En second lieu, l'on doit considérer toutes les dépenses publiques pour l'instruction comme les récompenses de travaux déjà faits, ou comme les encouragemens des travaux à faire ; et même, dans la sévérité des principes, les encouragemens ne sauroient être que des récompenses. La société ne fait aucune acception de personnes entre ceux qui ne lui ont rendu aucuns services, ou qui ne se sont distingués par aucuns talens; elle ne doit pas plus aux uns qu'aux autres; et ses faveurs seroient, dans ce cas, de véritables. injustices. Mais quand elle vient au secours de celui qui a déjà donné des preuves de capacité, ou qui a bien mérité d'elle par son travail, elle fait une chose juste, elle fait une chose utile pour elle-même.

Les places des académies doivent donc être accordées seulement à des hommes que l'opinion publique y desire : c'est donc au peuple ou à ses représentans de désigner les sujets entre lesquels elles pourront choi

sir. Je propose de faire tout le contraire de ce qu'on faisoit sous notre ancien régime. Les académies présentoient des candidats, et le roi les agréoit; dans mon systême, ils seroient présentés par la puissance publique et choisis par les académies.

On n'a pas besoin de prouver que les

écoles militaires et les bourses nobles ne peuvent plus exister maintenant, et que les bourses doivent être distribuées sur de nouveaux principes. L'assemblée ne voit en France que des hommes et des citoyens. Ainsi, tant qu'un enfant ne s'est pas fait connoître comme plus intelligent et plus laborieux que ses camarades du même âge, ou à-peu-près, lui donner une bourse, c'est commettre une véritable iniquité envers tous ceux qui peuvent y prétendre comme lui. Je conclus qu'il ne faut point des bourses pour les premieres études et qu'e 'elles doivent toujours être le prix de quelques succès.

[ocr errors]

Selon moi, ce principe s'applique encore aux chaires des professeurs. Tout homme a le droit d'enseigner ce qu'il sait, et même ce qu'il ne sait pas. La société ne peut garantir les particuliers des fourberies de l'ignorance que par des moyens généraux

qui ne lèsent pas la liberté. Enseigner est un genre de commerce : le vendeur tâche de faire valoir sa marchandise; l'acheteur la juge et tâche de l'obtenir au plus bas prix. Le pouvoir public, spectateur et garant du marché, ne sauroit y prendre part, soit pour l'empêcher, soit pour le faire conclure il protège tout acte qui ne viole le droit de personne ; il n'est là que pour les laisser tous agir librement et pour les maintenir en paix.

:

Mais quand un homme se rend utile dans les arts de premiere nécessité; quand il se rend célebre dans ceux qui cultivent les mœurs et répandent du charme sur la vie, les agens publics peuvent, doivent même, afin de l'encourager et de lui procurer la confiance des parens, l'investir d'un titre et lui donner des secours qui le mettent à portée de propager ses connoissances d'une maniere aussi fructueuse pour lui qu'avantageuse à ses concitoyens. Une chaire est alors une véritable prime d'encourage

ment.

Au premier coup-d'œil, on peut croire l'éducation gratuite nécessaire au progrès des lumieres; mais en y réfléchissant mieux, on voit, comme je l'ai dit, que le maître

« ZurückWeiter »