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sur des principes d'exacte justice, de douceur et d'égalité : moins les loix accorderont au despotisme paternel, plus il restera de force au sentiment et à la raison. Dites aux peres que leur principal empire doit être resserré dans l'autorité de leurs vertus, dans la sagesse de leurs leçons et les témoignages de leur tendresse. Faites-leur sentir que ce sera là désormais leur premiere puissance domestique, et vous verrez qu'ils seront d'autant plus excités à faire usage de ces douces armes, à les aiguiser en quelque sorte, à les rendre sûres et irrésistibles. Ainsi l'union, les soins réciproques, l'amour fraternel et filial, s'enrichiront de tout ce qu'aura perdu l'esprit de domination et d'intérêt. Il n'existera plus alors qu'une sorte d'enfans privilégiés, d'enfans qui recueilleront ce qu'il y a de plus précieux dans l'héritage de leurs peres; ce seront ceux qui emporteront le plus de fruit de la bonne éducation qu'ils auront reçue.

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Je conclus donc à ce que l'assemblée nationale adopte les dispositions qui sont la base du projet soumis à son examen; savoir: 1o. qu'à l'avenir toutes institutions de préciputs, majorats, fidéi-commis par contrat ou testament, soient prohibées entre

toutes personnes; et qu'à l'égard de ces institutions actuellement existantes, il soit statué des mesures convenables pour assurer la jouissance de celles échues, et l'abolition des autres: 2°. que toute personne ayant des descendans en ligne directe ne puisse disposer par testament que d'une quotité déterminée de ses biens.

Mais je m'oppose, autant qu'il est en moi, à ce que cette quotité soit le quart des biens du testateur, selon le projet du comité; cette proportion beaucoup trop forte étant contraire aux principes que j'ai développés, et reproduisant en grande partie les vices d'inégalité dont il faut ici extirper la racine, ce qu'il sera aisé de démontrer, quand la discussion aura atteint cet article. Je demande donc que cette quotité, dont les chefs de famille pourront disposer par testament, soit bornée à la dixieme partie des biens. C'est assez pour ceux qui desirent laisser après eux quelques témoignages d'affection, de reconnoissance particuliere, et c'est trop peu pour ceux qui sont animés d'autres sentimens.

Je demande donc : 1°. que l'ordré et le partage des successions en ligne directe as

cendante et descendante soient invariable

ment fixés par la loi ; qu'il soit assuré aux héritiers dans cette ligne les neuf dixiemes de la masse des biens de celui auquel ils succéderont; et qu'en conséquence, l'usage des donations entre-vifs, institutions contractuelles, dispositions testamentaires sans charges de rapports, et généralement toutes autres dispositions tendantes à déranger l'ordre de succéder et à rompre l'égalité dans les partages, soient prohibés aux ascendans envers leurs descendans, et respectivement, jusqu'à concurrence de neuf dixiemes de ladite masse, sauf la libre disposition de la dixieme partie en faveur des personnes étrangeres à la ligne.

2°. Que les substitutions et fidéi-commis soient à l'avenir prohibés entre toutes personnes; et qu'à l'égard des substitutions qui ont commencé d'avoir leur exécution, ou sous la foi desquelles il a été contracté des alliances, elles ne conservent d'autre effet que dans un degré et par une seule mutation; toute extension au-delà d'un degré étant révoquée et abolie.

QUAND (1) les angoisses du despotisme,

(1) Ce discours sur l'instruction publique ne se trouve

expirant de ses propres excès, vous ont appellés pour chercher des remedes à tant de máux ; quand la voix d'une nation toute entiere, où les sages commençoient à régénérer l'opinion, vous a confié le soin d'effacer jusqu'aux moindres vestiges de son ancienne servitude, vous avez senti que les abus formoient un systême dont toutes les ramifications s'entrelaçoient et s'identifioient avec l'existence publique, et que pour tout reconstruire il falloit tout désorganiser; qu'une machine politique avoit besoin, comme toutes les autres, de l'accord de ses parties', et que, plus votre ouvrage seroit parfait, plus le moindre vice laissé dans ses rouages pourroit intervertir ou embarrasser ses nouvemens.

Ainsi donc, messieurs, avant de mettre la main à l'œuvre, vous vous êtes environnés de ruines et de décombres; vos matériaux n'ont été que des débris; vous avez soufflé sur ces restes qui paroissoient inanimés; tout-à-coup une constitution s'organise déjà ses ressorts déploient une force active; la monarchie françoise recommence;

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pas dans le Mirabeau peint par lui-même. Nos lecteurs rous sauront sans doute gré de l'avoir inséré ici.

le cadavre qu'a touché la liberté se leve et ressent une vie nouvelle.

Ce concert de louanges qui vous sont offertes sur des tons différens vous prouveroit, si d'ailleurs vous n'en aviez la conscience intime, que les principes dont vous êtes partis sont à-la-fois les plus solides et les plus féconds. L'abolition de toutes les tyrannies qui pesoient sur nos têtes; l'organisation du meilleur systême de liberté que les penseurs aient encore imaginé dans leurs rêves bienfaisans; l'établissement d'une véritable morale publique : tels sont en résumé les dons inappréciables que la France a reçus de vous. La restitution des droits de la nature humaine, le germe impérissable du salut et de la félicité de l'espece entiere : tels sont les biens que vous devront et tous les climats du globe, et tous les siecles à venir car, messieurs messieurs, malgré les résistances impies que le génie du mal vous oppose, ce grand ouvrage s'achevera : l'imprimerie, dont la découverte a prononcé dès long-temps l'arrêt des tyrans et des imposteurs, ira promulguer par tout vos loix philantropiques; toutes les langues les répéteront à toutes les nations; et si le cours orageux des événemens pouvoit pri

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