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ces deux cas une différence très - sensible : un roi n'a d'autre rapport qu'avec le peuple, et c'est par ces rapports seulement qu'il doit être jugé. Un régent, au contraire, quoiqu'il ne soit pas chargé de la garde du roi mineur, a mille rapports avec lui, et il peut être son ennemi; il peut avoir été celui de son pere. On a dit qu'un régent, soutenu de la faveur populaire qui l'auroit choisi, pourroit détrôner le roi. Prenez garde que cette objection ne soit encore plus forte contre le parent le plus proche. Le premier ne pourroit réussir qu'en changeant la forme du gouver nement; il auroit contre lui la saine partie de la nation et tous les autres membres de la famille royale. Le second, au contraire même en , pour régner, de la loi, n'auroit qu'un crime obscur à faire connoître, et n'auroit plus à craindre de concurrens. Qu'importe que la garde du roi ne lui soit pas confiée ? a-t-il plus d'un pas à franchir?

vertu

Mais voici d'autres objections tirées de la nature même de notre constitution. La véritable théorie du gouvernement ne conduit-elle pas à l'élection de la régence? quand un roi est mineur, la royauté no

ne

cesse pas, elle devient inactive; elle s'arrête comme une montre qui a perdu son mouvement; c'est à l'auteur de la montre à lui redonner son mouvement. Plus on creuse le systême d'élection et plus on le trouve conforme aux véritables principes. Un régent n'est qu'un fonctionnaire public : il est dans l'esprit de la nouvelle constitution que toutes les fonctions publiques soient électives, hors la royauté; il est encore dans l'esprit de notre constitution que l'égalité soit respectée par-tout où elle peut être. Or, l'élection de la régence conserveroit une espece d'inégalité entre les membres de la famille royale: d'un autre côté, un régent n'est réellement autre chose qu'un premier ministre irrévocable pendant un certain temps; car, pendant la régence, tout se fait au nom du roi : or, quand un roi mineur ne peut pas choisir son ministre, à qui est-ce à le choisir, si ce n'est au corps législatif? L'ordre des idées conduit donc à ce résultat, et par conséquent au systême d'élection voilà les inconvéniens du systême adverse. Voici les avantages de la théorie des élections pour la nation. Montesquieu a très-bien remarqué que dans certaine époque de notre histoire l'on élisoit nos rois;

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voit pas

mais dans la famille royale, la royauté n'a cessé pour cela d'être héréditaire. Uné pareille élection étoit plutôt un droit d'exclure qu'un droit d'élire: il faut plus de talent à un régent qu'à un roi. Le premier imprime naturellement moins de respect, et c'est peut-être pour cela que presque. toutes les régences ont été orageuses. Or, par l'élection, on auroit le moyen de confier provisoirement l'exercice de la royauté au membre de la même famille qui en seroit le plus digne; pour le roi : on parviendroit parlà à donner une grande leçon au roi mineur, en lui présentant, sous le nom d'un régent, l'exemple d'un bon roi; mais ceci devient encore un avantage ruineux pour la nation. Eh! puisque quelques regnes de bons princes clairs semés dans l'espace des siecles ont préservé la terre des derniers ravages du despotisme, que ne feroient pas, pour l'amélioration de l'espece humaine, quelques bonnes administrations rapprochées les unes des autres !

Ne seroit-il pas aussi très-utile de démontrer à cette famille, placée en quelque sorte en dehors de la société, que son privilege n'est pas tellement immuable son application ne dépende quelquefois de

que

car

la volonté nationale? Cette famille pourroit même s'améliorer sous ce rapport; chaque regne pouvant offrir à chacun d'eux une royauté passagere, tous chercheroient à s'y préparer, à s'en rendre dignes, tous ménageroient l'opinion publique et apprendroient les devoirs des rois. Il me semble aussi que l'élection pour la régence rappelleroit à certaines époques la véritable source de la royauté; et il est bon que ni les rois ni les peuples ne l'oublient.

Le systême des élections est donc trèsconvenable, messieurs, et même très-plausible, très-favorable, avec quelque légèreté qu'on l'ait traité dans un premier apperçu.

la

Cette question, sous le point de vue électif, a un grand désavantage à être traitée pour nous et parmi nous. Assoupis et presque incorporés à la royauté héréditaire par plus longue des habitudes, nous l'avons reconnue comme préexistante à la constitution, nous n'avons pas même tourné notre pensée à un mode d'élection, parce que nous n'en avons pas besoin. Mais, certes, de ce que la solution de ce problême ne nous est pas nécessaire, il ne s'ensuit pas qu'il soit insoluble.

Eh! pourquoi transporteroit-on dans une

institution qui n'entraîneroit pas les inconvéniens avoués des élections les inconvéniens incontestables de l'hérédité?

Mais, messieurs il est temps de vous faire remarquer la source commune de toutes les erreurs sur cette matiere, et notamment de l'importance exagérée que l'on attache aux diverses opinions qui vous ont été soumises; on voit toujours dans un roi, dans un régent, ce qu'ils étoient. Celui-là, l'agent presqu'unique de tous les biens et de tous les maux d'une grande nation, durant un long regne; celui-ci, un roi absolu pendant plusieurs années. Rien de tout cela n'est plus là où une constitution existe; là où la liberté publique est établie sur de bonnes loix et sur le respect de ces loix, un roi n'est plus que l'exécuteur suprême de ces loix, sans cesse réprimé comme protégé par elles, sans cesse surveillé comme soutenu par la multitude des bons citoyens qui font la force publique : là aussi un régent, qui ne l'est que pour un nombre d'années déterminées, n'est au fond qu'un ministre principal sous des formes plus augustes et plus relevées. Il y a bien là de quoi faire des intrigues, sans doute; il en existe bien, et il en existera toujours pour

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