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fortunes ont été amoncelées par l'avarice, en accumulant des intérêts, en échangeant des privations pour des richesses; il faut apprendre aussi à la classe indigente le moyen de se préparer un plus doux avenir. Une pension de 45 livres seroit un grand bienfait les habitans des campagnes ; pour cette somme est presque le salaire du travail d'une année entiere : une pension de mille livres, de mille écus feroit la fortune de la famille la plus nombreuse. Quelle émulation ce prix décerné à l'économie ne seroit-il pas capable d'y exciter? Partout le peuple est à portée de faire quelques épargnes; mais il n'a nulle part la possibilité de les faire fructifier. Qui vou droit se charger chaque jour du denier de la veuve ? Supposons même qu'un fils pour son pere, ou qu'un pere pour son fils, voulussent retrancher six deniers par jour du travail que cette économie leur rendroit plus doux, dans quelles mains déposeroientils la modique somme de 9 livres à la fin de l'année ? Quel seroit même l'accroissement de cette somme, si elle ne produisoit que de simples intérêts? L'esprit d'économie jusqu'aujourd'hui étoit donc presqu'impossible dans les classes indigentes ; il n'en

sera pas de même lorsqu'une caisse des épargnes aura réalisé les voeux des bons citoyens. En vous parlant des avantages de l'esprit d'économie, comment passer sous silence les bonnes mœurs qui en sont le premier bienfait? La pauvreté se concilie avec toutes les vertus; mais à la pauvreté succede l'indigence, la mendicité; et combien cet état cruel n'est-il pas de la plus dangereuse corruption! Tout se tient dans l'ordre moral. Le travail est le pain nourricier des grandes nations; l'économie १ jointe au travail, leur donne des mœurs; les fruits de cette économie les rendent heureuses et n'est-ce point là le but de toutes les loix?

Vous craindrez peut-être de diminuer la subsistance du pauvre par des sacrifices même volontaires que son état semble ne pouvoir supporter. Que vous connoîtriez mal les effets de l'esprit d'économie ? Il double le travail, parce qu'il en fait mieux sentir le prix; il augmente les forces avec le courage: mais comptez-vous pour rien l'invitation que vous allez faire aux riches? Et lorsque vous autorisez une caisse des pauvres, à qui donc prescrivez-vous de la remplir? Non, j'en atteste tous ceux qui

ont vu de près les ravages de la misere les pauvres ne seront pas les seuls à s'intéresser à cette caisse bienfaisante qui ne va receler des épargnes ou des aumônes que pour les multiplier. Une nouvelle carriere s'ouvre à la bienfaisance, comme une nouvelle chance s'ouvre à la pauvreté. En estil de plus douce? elle embrasse l'avenir; elle est accordée au malheur; elle a pour base l'espérance. Il ne nous reste qu'à don-` ner un exemple qui, sans doute, aura des imitateurs; j'ajouterai au projet de décret proposé par vos conités, qu'il sera prélevé, par le trésor public, cinq jours de traitement de chaque député pour former douze cents actions sur la tête de douze cents familles pauvres qui seront indiquées; savoir, quatorze par chaque directoire des quatrevingt-trois départemens, et trente-huit par la municipalité de Paris (1).

LA question que vous allez décider tient aux plus grands intérêts, et le premier de tous

(1) Ce projet si sage de M. de la Farge fut rejeté, sous le prétexte d'augmenter le nombre de ces loteries qui sont une des sources les plus funestes de la misere du peuple et des mauvaises moeurs.

est l'existence et la conservation des mines. Cette question paroît diviser les opinions; mais je crois que'c'est faute de l'entendre, et faute de s'entendre; car il est facile de concilier tous les intérêts avec le véritable principe de cette matiere. Quel est ce principe? je pourrois dire tout-à-la- fois qu'il est et qu'il n'est pas dans le projet du comité. On le trouve dans les bases de son plan; on ne le trouve pas dans tous les développemens de son systême; et par-là, en admettant le principe du comité, je suis forcé de combattre ou de modifier quel. ques-unes de ses conséquences.

Je crois que l'éclaircissement de cette question tient sur-tout à la maniere de la traiter. Le comité, dans son rapport, semble ne l'avoir envisagée que sous son aspect métaphysique. Or, premiérement, des absractions, qui sont la meilleure maniere de raisonner, ne sont ni les seuls ni les premiers élémens de l'art de gouverner. En second lieu, il est si facile, soit avec le plan du comité, soit avec quelques amendemens, de concilier la législation-des mines avec l'intérêt des propriétaires du sol, qu'il ne valoit pas la peine de faire tant d'efforis pour prouver que les mines doivent êtr

régies comme des propriétés indivises. Il valoit mieux, selon moi, que le comité eût nettement expliqué ce qu'il entend lors qu'il déclare que les mines sont à la disposition nationale. Veut-il dire par-là que la nation a le droit de veiller à ce qu'elles soient exploitées ; qu'elle doit les concéder lorsque le propriétaire du sol ne les exploite pas; qu'il est impossible sur ce point de s'en rapporter uniquement à l'intérêt des propriétaires des surfaces, et de courir toutes les chances de leur paresse, de leur ignorance, ou de la foiblesse de leurs moyens ? Dans ce sens, j'adopte en entier le systême du comité; dans ce sens, je pense avec lui que les mines doivent être à la disposition nationale pour être concédées, pour l'être de telle ou telle autre maniere; car

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son systême seroit absurde s'il devoit être séparé de ce développement.

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De-là je tire deux conséquences : la miere, c'est qu'il n'est pas vrai que nous puissions décider un article seul du comité comme constitutionnel, et regarder tous les autres comme simplement réglementaires. Je pense, au contraire, qu'il est indispensable de réunir sept articles qui sont séparés daus le projet de décret, et dont plu

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