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fait exactement connaître la révolution introduite dans l'artillerie par les frères Bureau, qui en devinrent grands-maîtres, et qui, rendant cette arme mobile, soit pour tirer en rase campagne, soit pour battre les murailles des villes, donnèrent sous ce rapport à la France une supériorité longtemps marquée sur les autres peuples. Ce fut avec cette nouvelle armée que, peu de temps après, la Normandie fut si facilement reprise sur les Anglais et que la Guyenne leur fut définitivement enlevée.

La dernière partie du mémoire, consacrée à la condition de l'Église et à ses rapports avec l'État, n'offre rien de bien neuf. L'auteur, afin de faire connaître les mœurs et l'esprit du clergé au quinzième siècle, insiste, même avec trop de détails, sur les idées et sur la conduite d'un très-grand nombre d'ecclésiastiques, soit de l'ordre séculier, soit de l'ordre monastique; ces particularités n'étaient ni demandées ni nécessaires. Cependant le tableau qu'il trace du clergé constitué par la pragmatique sanction de Bourges, d'après les décrets du concile de Bâle, avec la forme de ses élections, le degré de ses libertés vis-à-vis de la cour de Rome, la nature de ses relations avec le gouvernement de l'État, est exact et satisfaisant.

Enfin, soit par les recherches, soit par les aperçus, ce savant travail, dont les mérites sont nombreux et incontestables, est digne d'obtenir le prix que la section d'histoire propose de lui accorder. »

Sou Excellence M. le ministre de l'instruction publique a bien voulu accorder, à la Société de l'École des Chartes, un encouragement de 300 francs.

- L'arrêté suivant vient d'être publié par l'Académie des inscriptions et belles-lettres :

L'Académie, sur la proposition de la Commission spéciale formée par elle, dans la séance du 30 janvier 1863,

Après en avoir délibéré dans les séances des 24 avril, 1er, 8 et 15 mai, Arrête les dispositions suivantes :

1. Les rapports ou les conclusions motivées des commissions de prix sont présentés par écrit à l'Académie.

2. Aucun de ces rapports n'est lu en séance publique; chaque année, le président de l'Académie, dans le discours d'ouverture de cette séance, expose sommairement, d'après les rapports et les conclusions motivées des commissions, qui lui sont remis dès que l'Académie les a adoptés, le sujet et le mérite des ouvrages couronnés, et il lit les programmes des sujets de prix proposés. Le discours du président est d'abord soumis à la réunion préparatoire, composée des membres du bureau et des lecteurs désignés pour la séance publique, et à laquelle sont adjoints les rapporteurs des commissions de prix,

3. L'Académie ne décerne d'autre récompense dans le concours sur les antiquités de la France, que les suivantes :

1o Les trois médailles fondées par le gouvernement, lesquelles ne peuvent

être partagées;

2o Des mentions honorables dont le nombre est fixé à six au plus. Les ouvrages qui ont obtenu une médaille ou une mention honorable peuvent seuls être cités dans le discours du président.

4. Le concours de numismatique est ouvert à tous les ouvrages de numismatique ancienne et moderne.

Si un ouvrage de numismatique est adressé à la commission des antiquités de la France, l'Académie l'envoie à l'examen de la commission de numismatique; avis en est donné à l'auteur.

5. Dans le concours fondé par le baron Gobert, les prix ne peuvent être partagés; aucune mention honorable n'est accordée.

6. Les dispositions de l'article 1er et de l'article 2 ci-dessus sont applicables au rapport annuel sur les travaux des membres de l'École française d'Athènes.

7. Continueront d'être imprimés et distribués, par ordre de l'Académie, le rapport de la commission des antiquités de la France et le rapport sur les travaux des membres de l'École française d'Athènes.

8. Le présent arrêté ne sera exécutoire qu'à dater du 1er janvier 1864.

Une Société, dont quelques-uns peut-être parmi nos lecteurs connaissent les travaux, la Société des bibliophiles françois (sic), vient de mettre au jour deux volumes qui présentent un sérieux intérêt historique; nous voulons parler du Registre criminel du Châtelet de Paris, de 1389 à 1392, publié par notre confrère M. Duplès-Agier; nous rendrons compte prochainement de ce document important.

Il a été dit, page 52 de ce volume, que la même Académie avait publié le mémoire où M. Noulet démontre que Clémence Isaure n'a point existé, et l'éloge de ce personnage mythologique par Mer Dubreuil, maître ès-jeux floraux. On nous fait remarquer qu'il y a dans cette assertion une erreur. Le mémoire de M. Noulet a été publié par l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, et c'est l'Académie des jeux floraux qui célèbre à perpétuité la gloire de sa prétendue fondatrice.

D'ÉTUDES PALÉOGRAPHIQUES.

LETTRE A M. ANATOLE DE BARTHÉLEMY.

MON CHER AMI,

Lorsque, dans un de nos derniers entretiens, je vous ai soumis l'idée, déjà ancienne dans mon esprit, d'un traité de paléographic monumentale, sigillaire et monétaire, vous avez paru prendre intérêt à cette ouverture et l'accueillir avec faveur. Vos bonnes paroles m'encouragent à revenir à la charge et à vous exposer par écrit, d'une part les avantages que j'attribue à l'exécution de mon projet, d'autre part la méthode qu'il conviendrait, selon moi, de suivre, pour le conduire à bonne fin.

Rien n'est immobile dans le monde où nous vivons; tout se modifie et se transforme avec le temps, et ces modifications, quand elles ont laissé des traces, nous servent à compter les âges qui les ont vues s'accomplir. A cet égard, la nature et les œuvres de l'homme obéissent aux mêmes lois et nous offrent les mêmes ressources. Parmi les productions humaines, l'écriture, ce merveil leux instrument de civilisation, a passé par des phases très-diverses; non-seulement les formes ont changé de peuple à peuple, mais, pour chaque peuple, elles ont changé de siècle à siècle. Reconnaître ce fait et en tirer les conséquences a été un service signalé rendu aux sciences historiques, par des hommes dont le nom est resté vénéré de nous tous. Ces habiles et patients investigateurs se sont appliqués à étudier les textes anciens, à les comparer entre eux, à en déterminer les similitudes et les différences, et, après avoir poussé leur examen aussi loin qu'il était possible, ils ont pu dire aux amis de l'histoire : « telle forme de lettres ou de chiffres,

tel mode de sigles, d'abréviations, de ponctuation, appartien«nent à tel âge, tels autres à tel autre ; désormais, à la vue seule << d'un manuscrit, on pourra en fixer la date, en apprécier « l'authenticité. » De plus, au moyen d'alphabets disposés chroV. (Cinquième série.)

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nologiquement, les travailleurs ont été mis à même de déchiffrer les textes les plus difficiles.

Voilà ce que l'on doit à la paléographie et à ses illustres adeptes. Si je me permets de faire un reproche aux paléographes qui se sont occupés des époques latines postérieures à la venue du Christ, c'est d'avoir presque uniquement borné leurs recherches aux écritures tracées avec le chalumeau ou la plume sur le papyrus, le parchemin ou le papier. Or l'écriture subit aussi des changements suivant la nature de l'instrument qui la trace et de la surface qui la reçoit; et il est arrivé que, par suite de conditions particulières, les inscriptions se sont plus ou moins éloignées des méthodes suivies, des types adoptés par les écrivains ordinaires. Eh bien! les anciens paléographes ont négligé de distinguer, de classer, de soumettre à des lois appropriées les inscriptions gravées au ciseau ou au burin sur la pierre et les métaux, creusées à la pointe sur les enduits des murailles, sur l'argile molle ou cuite, imprimées sur les sceaux et les monnaies, marquées au pinceau sur la toile, le bois, le mortier, les vitraux, disposées à la mosaïque, etc. Il n'existe sur ces points aucun travail d'ensemble, et l'on ne possède que quelques notices et dissertations partielles ou insuffisantes.

Il faut cependant, mon cher ami, tenir compte de ces tentatives et les mentionner avec gratitude. Lelewel, avec cet admirable instinct dont il a donné tant de preuves, avait entrevu les avantages d'une classification des écritures monétaires; dans l'atlas de sa Numismatique du moyen âge, il a réuni, sous le titre de Gràphique, Alphabets et Caractères, des alphabets de caractères employés sur les monnaies en divers lieux et en divers temps, et il a joint à ses tableaux des explications utiles. On doit à M. de Caumont des exemples d'écritures monumentales disposés selon l'ordre chronologique et qui ont paru dans l'Abécédaire de ce consciencieux antiquaire. M. l'abbé Texier est l'auteur d'un Manuel d'Épigraphie suivi du Recueil des inscriptions du Limousin (Poitiers, 1851, in-8), dans lequel il a fait entrer un essai de classification paléographique des inscriptions, avec des règles fondées sur l'observation, pour reconnaître l'âge des caractères; à la fin de l'ouvrage sont des alphabets lapidaires rangés en séries chronologiques, et de nombreux fac-simile d'inscriptions limou

1. Tabl. XXIV.

sines. On trouve aussi à la fin du t. II du Dictionnaire d'épigraphie chrétienne, publié dans la collection de M. l'abbé Migne, des planches d'inscriptions chronologiques, depuis celles des catacombes de Rome jusqu'à celles du seizième siècle'. Quant aux sceaux, M. de Wailly a donné d'excellentes observations sur les particularités que présentent les écritures de leurs légendes, la majuscule capitale, la majuscule gothique et la minuscule gothique 2. J'aurais été heureux de trouver dans le nouveau volume de sigillographie rédigé par M. Douet d'Arcq, et publié par la direction des archives de l'empire, un travail complet sur la paléographie sigillaire; des milliers de sceaux comparés et étudiés par notre habile et savant confrère auraient donné, on ne peut en douter, les résultats les plus précieux. Mais l'examen détaillé des sceaux au point de vue paléographique n'entrait pas dans le plan de la publication, et M. d'Arcq a dû se borner, sur ce sujet, à une courte notice 3.

En résumé, nous manquons d'un traité méthodique de paléographie monumentale, monétaire et sigillaire, dans lequel chaque genre d'écriture soit étudié à part, avec une comparaison synthétique de toutes les écritures latines que nous connaissons. Pour moi, la possibilité d'appliquer aux écritures lapidaires, métalliques, etc., les procédés de classification qui ont été employés avec tant de succès pour les écritures tracées sur papyrus, parchemin ou papier, ne fait point de doute, et j'espère que vous partagerez mon avis; vous jugerez également, je pense, que les résultats d'une pareille classification seraient aussi avantageux à l'égard des monuments épigraphiques, qu'ils l'ont été jadis à l'égard des parchemins et des papiers. Je vois là, pour ma part, le fondement d'un véritable et sérieux progrès scientifique.

Passons en revue les principaux avantages qu'on peut apprécier dès maintenant. Vous savez, mon cher ami, quelle difficulté présente la lecture des légendes monétaires. Veuillez songer combien le numismatiste serait puissamment aidé dans le déchiffrement, et, en conséquence, dans l'interprétation d'une légende, si l'on

1. P. 1214 et suiv.

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2. Éléments de Paléographie, t. II, p. 482, 588 et 614. MM. A. Chassant et P.-J. Delbarre, dans leur Dictionnaire de Sigillographie pratique (Paris, 1860), ont dit quelques mots des écritures sigillaires, et l'on trouve à la fin de leur ouvrage des planches d'alphabets et de signes abréviatifs employés dans les légendes des sceaux. 3. Collection des sceaux des Archives de l'empire, t. I, p. xcIII.

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