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Fleur d'innocence, au printems des amours
La vive Eglé déploie avec mollesse
De ses bras nus l'élégante souplesse
Et de son corps les faciles contours;
Sa jeune sœur, la tendre Polyxène,
Languissamment soulève ses beaux yeux,
Qui, couronné, de deux sourcils d'ébène,
Du Dieu d'amour respirent tous les feux;
Et la piquante et folâtre Thémire,
Dont le lis pur envirait la blancheur,
Joint à l'attrait d'un regard séducteur
Le doux attrait du plus charmant sourire.
Au vol léger de Zéphire amoureux
Phryné cédant l'or de ses blonds cheveux,
Sur son beau cou laisse jouer leurs ondes ;
Zulmé nouant leurs tresses vagabondes
De l'Orient y verse les odeurs,

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Et sur son front les enlace de fleurs.
Mais pour Naïs quelle gloire immortelle !
Naïs a vu les yeux de Praxitelle,

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Trompant l'espoir de vingt jeunes beautés,
Sur elle seule un moment arrêtés ;
D'amour, de joie, et d'orgueil palpitante,
Elle promène un regard dédaigneux,
Et sans rivale, au comble de ses vœux
A relevé sa tête triomphante ;
Tandis qu'auprès l'aimable Athénaïs
Baisse des yeux où roulent quelques larmes,
Et frémissant du succès de Naïs 12
Rougit, pâlit du mépris de ses charmes.

Pour décider Praxitelle incertain

Déjà la fière et superbe Corinne

Du dernier voile affranchit son beau sein
Son corps d'albâtre, et sa taille divine.
Au mont Ida, telle parut Cypris
Aux yeux mortels du fortuné Páris
Plus loin la fraîche et la timide Aglaure
Qui dans l'Elide a vu quinze printems
Renouveler les doux présens de Flore
Et ramener les zéphyrs inconstans,
Laisse sans art la gaze paresseuse

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579

En longs replis tomber voluptueuse,
Et dessiner le ravissant contour

D'un sein de neige, inconnu de l'Amour.
Dans le cristal dú ruisseau qui serpente
Elle aperçoit l'image de ses traits,
Rougit, se trouble, et la vierge tremblante
De ses deux mains a voilé ses attraits.
Mais vainement. Les zéphyrs indiscrets
En se jouant sous la gaze flottante
Livrent au jour des appas plus secrets.
Doux embarras! émotion charmante !
Ses yeux baissés avec timidité

Se sont couverts d'une langueur touchante,
Son jeune sein se soulève agité;

Ce trouble heureux la rend plus séduisante,
Et la pudeur embellit la beauté.

Environné de la troupe folâtre,
Et sur le marbre essayant le ciseau,
De tant d'objets Praxitelle idolâtre,
Reste enivré de ce brillant tableau.
Avidement son regard s'y promène.
Dieux quels trésors à ses yeux sont offerts!
Il les compare, et sa vue incertaine
Glisse en courant sur mille appas divers.

Ainsi Zéphire, époux léger de Flore,
Dans nos jardins contemple avec amour
Le doux émail des filles de l'aurore,
Dont le bouton rougit aux feux du jour.
Chaque rivale et l'attire et l'appelle
Par son éclat et sa suave odeur;
Mais sans choisir, cet amant infidèle
Vole incertain de l'une à l'autre fleur,
Voltige encore, et la rose nouvelle
A ses regards est toujours la plus belle.

F. DE PUSSY.

LES PLAINTES DE MIRTHÉ.

ÉLÉGIE EN VERS LIBRES.
DIEUX protecteurs de nos bocages,
Tendres Sylvains, faunes audacieux,

Qai dans vos téméraires feux
Craignez encor de paraître volages,
Ecoutez et plaignez les douleurs de Mirthé!
Et toi qu'une nymphe rebelle
Trouva toujours amant fidèle,

Partage les transports de mon cœur irrité,
Pan! exhauce les voeux d'une amante trahie.
Syrinx qui de toi fut chérie,

Sous ses roseaux gémit de mes malheurs, Et son murmure est l'écho de mes pleurs. Auprès de cette nymphe aimable Hylas venait m'attendre et devançait le jour; « Tu vois, me disait-il, le destin déplorable » De quiconque refuse un tribut à l'amour? » Aime, chère Mirthé, le berger qui t'adore, > En ces tristes roseaux je veux être changé, » Si jamais de tes fers tu me vois dégagé. » Va, la divinité que tout Cithère honore, » M'offrirait vainement ses charmes et son cœur, » Le tien, chère Mirthé, suffit à mon bonheur.. Et l'ingrat me trompait! et sa bouche infidèle, Offrait les mêmes vœux, fesait même serment A chaque bergère nouvelle !

Punis, punis ses désirs inconstans,

Toi qui me fis aimer d'un sentiment si tendre ;
Que son cœur soit en proie à mes affreux tourmens,
Amour! ah! tu le sais, j'ai voulu me défendre
Contre tes charmes séduisans ;

La crainte arrêtait dans mon ame
L'effet de tes traits dangereux,
Je désirais et repoussais ta flamme,
Je voulais à mon gré modifier tes feux.
Hé quoi ! ma sage prévoyance
A-t-elle excité ten courroux?

?

De ma raison tu t'es montré jaloux,
Et docile à ton joug, j'éprouve ta vengeance
Pourquoi, des bergers du hameau,
Qui sous ton nom viennent me rendre hommage,
Ne m'offrais-tu dans le plus beau
Qu'un amant perfide et volage ?

Les talens de Mirtil, les vertus de Lycas,
Eussent excusé ma faiblesse ;

Depuis long-tems objet de leur tendresse,

A leurs yeux enchantés j'ai toujours mille appas ;
Mais en aimant un d'eux j'eusse été trop heureuse.
Rendre ma destinée affreuse,

Dieu cruel, est un de tes jeux;
Tu fis naître et trahir mes vœux!
Quelle est ta fatale puissance?

Les Dieux, au jour de ma naissance,
T'armèrent-ils du trait mortel

Qui devait m'immoler aux pieds de ton autel?
Eh bien! regarde ta victime

Parée encor des fleurs qu'elle reçut d'Hylas.
Aimer plus que toi-même, hélas ! fut tout mon crime,
Mes rivales du moins ne le commettront pas.
En expirant je les verrai sourire

Et préparer le même sort

A ce berger trompeur qui seul hâte ma mort....
Mais le calme succède à l'amoureux délire;
Dans mes yeux affaiblis je sens sécher les pleurs;
Quelle main bienfaisante adoucit mes douleurs?
Ah! je te reconnais, tendre mélancolie,
Qui soupire des maux qu'elle ne peut guérir;
La sensibilité, ta compagne chérie,

Dans mon cœur agité saura te retenir.

O vous que j'implorais dans mon malheur extrême,
Dieux vengeurs! n'exaucez que mon dernier désir.
Qu'Hylas plus vertueux abjure de lui-même
Cet art si dangereux de plaire et de trahir;
Qu'il soit de nos hameaux l'amour et le modèle,
S'il est coupable encor, tardez à le punir.
La vengeance ne plaît qu'à l'amante cruelle,
Je puis ne plus aimer, mais je ne puis haïr.

Par Me DE MONTANCLOS.

L'ENNUI. (*)

IL est un mal qui nous consume
En tous les lieux, en tous les tems :
Il remplit l'ame d'amertume
Le cœur de tristes sentimens.

(*) Voyez à la fin du No la musique gravée.

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que

Ah! que de fautes, de sottises,
N'ont été faites que par lui!

En secret il nous accompagne :
Tel, qu'il accablait de soucis,
Croit le laisser à la campagne
Et le retrouve dans Paris.
On pourrait braver son audace,
Il craint les arts, les jeux, l'esprit ;
En tous lieux le travail le chasse,
Mais l'opulence le nourrit.

Le traître arrive sans obstacles
Dans mille salons chaque soir :

*. Pourtant il se montre aux spectacles Et quelquefois dans le boudoir.

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Au concert, dès la symphonie,
Chacun le voit, chacun l'entend.
Jusque dans notre académie

Il vient s'asseoir insolemment.

Bizarre dans son assurance

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D'un mot, d'un rien, il est troublé.

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