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et le général Humbert devait marcher sur Konds-Saarbruck, qui couvrait le flanc droit des Autrichiens.

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La Montagne-Verte fut attaquée vers onze heures. Vers trois heures de l'après-midi, toutes les batteries ennemies avaient été démontées, les Tyroliens repoussés, la cense située au pied de la montagne prise, et les colonnes d'attaque se formaient au moment où l'on vit se déployer les renforts qui arrivaient à l'ennemi, du Luxembourg, et qui formaient des masses considérables. Il fallut battre en retraite; on revint prendre position, le 8, à Schoudorf, après un grand nombre de petits engagemens sur toute la ligne. Le 11, le général Pelli fut attaqué à Saarbourg; il repoussa les Autrichiens. Ce succès détermina à recommencer l'attaque sur un nouveau plan, c'est-à-dire de la porter tout entière sur Konds-Saarbruck, d'attirer sur ce point l'attention de l'ennemi, et de profiter de ce moment pour enlever les hauteurs de Pellingen. On fut encouragé dans ce projet par un nouveau succès de nos troupes : les Autrichiens vinrent attaquer un poste avancé sur la route de Konds-Saarbruck commandé par le colonel Paintcarré, et gardé par trois cents hommes seulement. Leur nombre fut évalué à environ seize cents hommes cavalerie et infanterie. Malgré leur supériorité, ils furent repoussés avec une perte considérable et mis en pleine déroute après un engagement très-vif. En conséquence, le 13, les troupes de la République se portèrent sur Konds-Saarbruck: elles furent repoussées; le 14, elles attaquèrent encore ce point, et en même temps le général Beurnonville enlevait Pellingen; mais la tentative sur Konds-Saarbruck ne réussit pas, et il fallut abandonner Pellingen. Il fut alors jugé impossible de surmonter les difficultés de cette position avec la faible armée dont on disposait. En conséquence on se décida à la retraite, qui fut exécutée sans perte. La dernière affaire fut un engagement qui eut lieu le 18 pour couvrir ce mouvement rétrograde. Le général La Barolière força trois mille Autrichiens à évacuer la petite ville de Grevenmacheren par une canonnade de sept heures. L'armée vint prendre ses quartiers d'hiver sur le territoire français, la première

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ligne occupant la route de Thionville à Sarre-Louis, et la seconde depuis Antilli jusqu'à Saint-Avold; le général de Laage occupa les gorges de Fontoi, surveillant le Luxembourg.

Ainsi, au 31 décembre 1792, les armées du Nord et de la Belgique occupaient la Meuse et la Roër; celle de la Moselle, la ligne de la Saare; et celle du Rhin était postée sur la rive gauche du fleuve, de Bringen à Bâle : les armées ennemies faisaient face à ces positions. L'armée du général Beaulieu, celle du prince de Hohenloh s'étendaient dans le pays de Luxembourg et de Trèves, et sur la Saare jusqu'à Sarrebourg. L'armée du prince de SaxeCobourg, qui avait succédé au duc de Saxe-Teschen, était entre l'Ersst et le Rhin, ayant sa gauche à Coblentz, où commençait celle du roi de Prusse, qui occupait cette ville, le Rhingau, et avait son corps principal entre Francfort et Mayence; trente mille hommes, commandés par le général autrichien Collardo, étaient répartis sur les deux rives du Necker et sur le Rhin, de Lambertheim à Manheim; un autre corps moins considérable s'étendait de Rastadt à Schwetzingen et Frederichsfeld. Il y avait dans le Brisgau, outre les émigrés français aux ordres de Condé, quinze ou seize mille hommes aux ordres du général Wallis, qui observaient le camp de Plobsheim et le Haut-Rhin.

FIN DE L'ANNÉE 1792.

ANNÉE 1793.

JANVIER.

La plupart des journaux consignent le fait suivant dans leur premier numéro de 1793. Nous en empruntons le récit au Moniteur du 3 janvier :

pas

Le dernier jour de l'année a été signalé, au faubourg SaintAntoine, par le meurtre d'un nommé Louvain. On l'accusait d'avoir été mouchard de La Fayette. Heureusement ce soupçon n'a été la seule cause de sa mort; car il serait trop effrayant de voir la jurisprudence des assassins se perpétuer ainsi dans la capitale. Le général Santerre a dit au conseil de la Commune que ce Louvain avait excité du mouvement, le jour de la translation de Louis à la barre, et que c'est à la suite d'une insulte faite à la gendarmerie qu'il a été massacré. Ses meurtriers l'ont traîné depuis le faubourg Saint-Antoine jusqu'à la Morgue, ne voulant pas permettre que le cadavre de leur victime fût transporté sur un brancard. Puisse du moins la làche férocité de ceux dont le patriotisme n'est que la soif du sang fuir loin de nous avec le temps qui n'est plus! C'est bien assez des affreux souvenirs qu'elle nous laisse! Toutes les ames ont besoin de commencer F'année nouvelle par l'espérance consolatrice. »

Marat est le seul qui fasse l'apologie de ce meurtre. Le jour même où il avait lieu, il montait à la tribune de la Couvention pour dénoncer le conciliabule secret tenu par les chefs de la fac

tion Roland dans une maison de la rue de Richelieu, no 148. (Voir plus haut.) Il parla de cette faction à la séance du matin et à celle du soir, mais parmi les détails du complot qu'il lui attri bue, ne se trouve nullement mentionné cet affreux massacre qu'elle se préparait à faire commettre dans Paris la nuit du nouvel an. Ceci est l'un des titres du journal de Marat à la date du 3 janvier. Il affirme à la page trois que d'infames scélérats, tous assassins à gages du héros des deux mondes, et du divin Bailly, avaient reçu l'ordre dès la matinée de se répandre dans différens quartiers de Paris, d'y crier vive le roi, et d'y provoquer des massacres par tous les moyens possibles. Marat ajoute, qu'il a déjoué ces atroces machinations en les éventant à la tribune de la Convention. Or, les paroles que lui prête le Moniteur en cette circonstance, paroles conformes d'ailleurs, à quelques adjectifs près, à celles imprimées par Marat dans son numéro du 2 janvier, ne renferment pas un mot sur ces prétendus massacres. Le nom de ce Louvain, que nous avons vu figurer en tête des mouchards dénoncés par Marat pendant les premiers mois de 1791, donnait occasion à la tactique si connue de l'Ami du Peuple, le scandale et la prophétie. Il retrouvait sous sa plume le héros des deux mondes et le divin Bailly; c'était plus qu'il ne lui en fallait pour donner de la vraisemblance à une SaintBarthélemy de patriotes, assertion sans autre fondement que les dires de Marat; et à une prophétie, évidemment faite après coup.

On croyait cependant à ces choses, et le parti qui y croyait était alors nombreux. Cette préoccupation par laquelle les uns apercevaient, et les autres acceptaient tant de faits entièrement faux, par laquelle on ne voyait dans les faits réels que le point même où la passion trouvait appui, n'était pas au reste particulière à Marat et à ses amis. Les diverses opinions qui déchiraient la France parlaient ou écrivaient aucune n'écoutait, aucune ne lisait. Nous en avons une preuve mémorable dans ce qui arriva à Garat lors de son discours sur les journées de septembre. (Voir ses mémoires, Histoire parlementaire, t. XVIII.) Ni le côté droit ni le côté gauche ne l'entendirent, et des deux parts lui fut

prêté un avis entièrement opposé à celui qu'il avait très-explicitement émis. Entre les conséquences les plus singulières, où se soit marqué cet esprit général de préoccupation, nous en citerons une que nous rencontrons à chaque pas. Nos lecteurs ont dû remarquer combien varie dans notre histoire l'orthographe des noms propres. Toutes ces variantes sont dans les monumens originaux, et appartiennent ainsi à l'histoire. A l'époque où nous sommes, les grands personnages de la révolution ont eu plus de quatre ans pour connaître réciproquement leurs noms. Eh bien ! ceux qui sont fréquemment au bas d'actes publics de première importance sont encore estropiés. Marat écrit toujours Roland par deux ll; la Chronique de Paris, les Annales Patriotiques, Prudhomme et Marat écrivent Chaumet, au lieu de Chaumette. Presque tous les journaux écrivent Jemmapes par un G. Cela doit surprendre d'autant moins que les révolutionnaires qui existent aujourd'hui ignorent le plus souvent l'orthographe du nom de leurs anciens collègues. M. Roederer dans sa Chronique de cinquante jours, ouvrage imprimé en 1833, écrit Pétion par un th. Les noms propres des partis ne sont pas plus uniformes que les noms propres des individus, on s'appelle indifféremment Girondiste, Girondin, Jacobite, Jacobin, Rolandiste, Rolandin: nous pourrions faire ici une longue énumération.

Cette préoccupation absolue qui fit tromper si souvent les partis sur les mots, sur les hommes et sur les choses, tenait surtout à ce que les partis étaient absolument incrédules les uns à l'égard des autres. Les apparences étaient comptées pour rien. En assistant à ce choc continuel de soupçons et de haines, on dirait un duel à mort où les adversaires se regardent dans les yeux sans se laisser détourner ni par le bruit des épées, ni par les feintes de l'escrime.

L'affaire de Louis XVI est toujours la grande question. On continue à discuter l'appel au peuple dans la Convention, dans les journaux et dans les clubs; les départemens prennent aussi une part très-active à la querelle. Nous aurons à enregistrer les principaux discours prononcés à la Convention, la partie signifi

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