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continuaient à blâmer les agitateurs et les maratistes; Marseille, Nantes, Villeneuve-sur-Yonne, Pontivi, Dieppe, Fécamp, Montpellier, Quimper, Meaux, et un grand nombre d'autres villes écrivirent dans ce sens. Bordeaux suspendit son affiliation jusqu'à l'expulsion des agitateurs. La cause des Jacobins était loin encore d'avoir gagné dans l'opinion des départemens.

COUP D'OEIL SUR LA PRESSE.

Pendant ce mois, la presse fut moins animée que la tribune. Elle se livra à de nombreux commentaires sur la question à l'ordre du jour sur le procès de Louis XVI. Hors de là, les journaux ne présentent guère que des attaques personnelles, dans lesquelles se montre l'inimitié des deux grands partis qui divisaient la France. Dans ce genre de guerre, Marat se distingue au premier rang. Il nous apprend qu'au commencement du mois, Merlin voyait fréquemment quelques Girondins et entre autres Vergniaud et Lacroix, qui, selon son expression, lui faisaient le bec. (Journal de la République, n. LXVII.) - Dans son numéro du 28 novembre, il avait classé ainsi les membres du comité de surveillance de la Convention, les mauvais membres étaient Bordas, Laurent, Duquesnoy, Drouet, Lecointre-Puiraveau, Grangeneuve, Vardon, Cavaignac, Querveleguan, Musset et Fauchet, les bons étaient Hérault, Bazire, Roverre, Ruamps, Ingrand, Chabot, Monteaux, Brival, Goupilleau et Lavicomterie. Le 15 décembre, on annonçait qu'on avait déposé à ce comité quarante-trois pétitions contre lui; il faisait amende honorable en faveur de Musset; mais il déclarait qu'il avait oublié Couppé parmi ceux qu'il dénonçait au public. - Le 22, il dénonçait Westermann comme l'un des agens des contributions iniques et odieuses dont Dumourier accablait les Brabançons pour les faire révolter. Ce Westermann, dit-il, natif de Malshein, en Alsace, est un fripon repris de justice. Il a débuté par l'état d'avocat au conseil supérieur de sa province; puis il a été baillif

de la seigneurie de Bohuen. Arrivé dans la capitale pour y exercer la noble profession de chevalier d'industrie, il ne tarda pas à s'y distinguer par des tours de son métier. Il est prévenu d'avoir volé beaucoup de pièces d'argenterie chez différens traiteurs, qui ont été appelés à la perquisition qui fut faite en son domicile et chez le sieur Saint-Pol, orfèvre, auquel il en avait vendu plusieurs. Tous reconnurent celles qui leur appartenaient, en février 1785, une lettre du gardes-des-sceaux au lieutenant de police, porte que Westermann, ayant encouru les peines les plus graves pour ces différens vols, était transféré par ordre du roi à la sollicitation de sa famille, des prisons du Châtelet à Saint-Lazare. Il s'en est évadé au commencement de la révolution. Ces renseigneniens, ajoute Marat, sont relevés des registres de la police. » (no 81.) Le 30 décembre, il imprime une lettre sur le même sujet. Elle vient de Brabant: on y annonce qu'on a vu Westermann revenant de Paris, dans une superbe dormeuse, avec une belle femme à ses côtés, et deux laquais derrière. On insiste sur le luxe de ses effets, sur sa riche toilette, etc., sur ses manières de grand seigneur. On explique ensuite sa fortune; il avait, dit-on, fait contribuer plusieurs couvens, au nom de Dumourier. On rappelle enfin que depuis 1775, jusqu'en 1785, il n'a vécu que de vols ; qu'il a été arrêté plusieurs fois ; et que sa femme est retirée à l'hôpital de Strasbourg. Tudieu! dit la lettre en terminant, comme le fripon a fait son chemin! (no 88.) - Dans un autre numéro, Marat dénonce Ma» nuel. Cet ex-procureur de la Commune fut, dit-il, le flatteur et le protégé de Bailly, ensuite il se fit une réputation par des chansons contre les prêtres ; il fut, à la Commune, le refuge de toutes les dames qui avaient besoin de passeport. Manuel, ajoute-t-il, est un de ces hommes sans scrupule qu'on appelle en style relàché, un libertin. Madame Roland se l'est attaché en lui donnant pour maîtresse une femme mariée de ses amis. (no 82.) — Ailleurs, il dénonce les députés du Finistère, Kervelegan, Gomaire et Marer, pour avoir écrit dans leurs départemens que la Convention n'était pas en sûreté à Paris, et appelé son secours. En

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vertu de cette lettre, le département, en séance publique, avait arrêté la levée d'un bataillon de trois cents hommes qui devait se rendre à Paris. (N° 85.) Puis il attaque Barbaroux comme auteur d'une affiche placardée dans Paris; cette proclamation rédigée au nom des soldats volontaires venus des départemens, avait à ce qu'il paraît pour but de protester de leur dévouement aux ordres de la Convention. Enfin il dénonce les dîners de madame Roland. Il invite ses collègues à fuir ce lieu, où la nouvelle Pénélope exerce ses séductions. Enfin, cette suite de dénonciations est terminée par l'insertion de cette pièce remarquable.

A l'Ami du Peuple.

Vous êtes sommé de donner de la publicité à ce trait de Manuel; il servira à désabuser les citoyens crédules qui sont dupes de son faux civisme.

. Quand le tyran de Prusse était en possession de Verdun, P. Manuel se présente un soir à la Commune au moment où les patriotes étaient absens. Il fait prendre un arrêté pour que copie des procès-verbaux du conseil-général, concernant la détention de Louis le dernier au Temple lui soient remis, afin de les communiquer à l'envoyé du roi de Prusse. P. Manuel ne niera pas ce fait; car il est facile de voir l'extrait de cet arrêté pour prouver sa perfidie. Signé F., commissaire du conseil du 10 août. (n. CCCLXXXIX.)

Le fait est vrai. En effet, lorsque dans l'Argonne on traita avec le roi de Prusse, on lui communiqua ces procès-verbaux. Bien plus, Manuel alla au Temple, eut une conversation avec Louis XVI, sous prétexte d'une visite de sûreté, ainsi que le constatent quelques journaux, et le résultat en fut communiqué à ce prince. Les mémoires sur la guerre font foi de toutes ces choses; mais elles se faisaient par ordre de Danton et pouvaient être innocentes. Cependant, pourquoi cacher des démarches aussi simples? C'est au lecteur à juger.

Gorsas fait aussi la petite guerre à la manière de Marat; mais il ne se sert pas des mêmes armes. On dirait qu'elles lui man

quent. En effet, il attaque par masse, il répète les mots de calomniateurs, d'agitateurs, de maratiste; il insère les adresses des départemens contre les Jacobins; il commente quelques-uns des débats du club de ce nom. Nous n'avons pu trouver dans le mois, c'est-à-dire dans un volume in-8°, une seule personnalité qui touchât la probité individuelle de ceux qu'il combat; il rappelle seulement une seule fois que le comité de surveillance de la Commune n'a pas rendu ses comptes. Il accuse ses adversaires d'intrigue, de mauvaise foi politique, mais, ce qui est certainement très-singulier, provoqué comme il l'était, il ne les accuse de rien qui touchât les mœurs. Voici une facétie du genre de celles dont il accable ses ennemis, et qu'il attribue à Duplain, membre de la Commune.

Septi-décalogue (deuxième édition ). Commandement patriotique.

Pour seul Dieu tu adoreras

Ton ambition seulement.

Le peuple tu flagorneras,
Afin qu'il soit ton partisan.

Les lundis tu l'agiteras,
Pour réussir certainement.

Les assassins honoreras
Et défendras humainement.

Homicide tu commettras
Quand tu le pourras surement.
L'assassinat tu prêcheras
A haute voix journellement.

La liberté tu prôneras,

En la violant tout doucement.

Les biens du peuple retiendras,
Sans rendre compte aucunement.

Faux témoignage tu diras
Pour te venger impunément.

Ta vie et tes mœurs cacheras,

Et tu feras très-prudemment.

Sans cesse tu dénonceras

Sans savoir pourquoi ni comment.

Du peuple instruit tu médiras,
Pour tromper le peuple ignorant.

Comme traitres désigneras
Brissot, Condorcet et Roland.

Dans les tribunes beugleras
Quatre fois par jour seulement.
La vérité, tu ne l'auras
Que dans la bouche absolument.

Le mot peuple répéteras,
Pour avoir applaudissement.

Ses faveurs tu recueilleras
Tôt ou tard infailliblement.

(Courrier des départemens, décembre, n. 5.)

Comme le journal de Gorsas, le Patriote français n'ouvrit ses colonnes à aucune personnalité, mais il fit la guerre à ses adversaires, en les désignant en masse sous le nom consacré d'agitateurs. Dans un article du 8 décembre, il les accusa de n'avoir d'autre but dans leurs critiques répétées de certains membres de la Convention et du pouvoir, dans leurs efforts pour rendre suspects tous les hommes qui rendaient quelques services, et par exemple en calomniant Roland, en unissant, même par un mensonge, comme dans l'affaire Viard, le nom de ce ministre à celui d'aristocrate, conspirateur, que d'enrayer la révolution française et sauver l'ex-roi (n. MCCXVI). D'ailleurs le Patriote est plus souvent sur la défensive que sur l'offensive; position fàcheuse et qui pouvait faire prévoir la prochaine défaite de ses amis. Dans son numéro du 31, Brissot repond en ces termes à l'accusation portée contre lui par Robert à la tribune des Jacobins.

En parcourant les débats des Jacobins, je vois que lundi dernier Robert a bâti sur une lettre de Sainte-Foy un long roman pour prouver que j'étais en coalition avec lui. Eh bien! je n'ai jamais connu Sainte-Foy; je n'ai jamais eu avec lui de liaisons ni directes ni indirectes.- Si je voulais m'amuser à répondre à ce libelle de Robert, je prouverais que tous les faits en sont mensongers, que tous ses raisonnemens sont autant d'absurdités. Je prouverais qu'il calomnie sciemment des hommes

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