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poursuite. Les deux transports mouillèrent sur la rade de la Basse-Terre. La Furieuse et la Félicité y furent un objet de continuelle convoitise pour les Anglais; mais toutes leurs attaques furent infructueuses. Modifiant leur tactique, le 31 mai, ils lancèrent contre elles un fort navire converti en machine incendiaire. La surveillance qu'on exerçait à bord des Français détourna le coup qui les menaçait. Ce brûlot, criblé par leurs boulets, dévia de sa route, et 9h du soir sonnaient à l'église de la Basse-Terre lorsqu'il fit explosion, à une demi-encâblure des flûtes qui n'en éprouvèrent aucun dommage. Cette tentative avait été appuyée par le feu de l'ennemi. Le 14 juin, à l'entrée de la nuit, la Félicité et la Furieuse purent mettre à la voile avec un chargement de denrées coloniales. Mais elles avaient encore été aperçues, et plusieurs bâtiments les poursuivirent en les accompagnant de leurs boulets; un violent orage les déroba à leur vue. Deux jours plus tard, elles furent chassées par la frégate anglaise de 48° LATONA, capitaine Hugh Pigot, et la corvette de 18° CHERUB, capitaine Tudor Tucker; elles se séparèrent la Furieuse fut suivie par la corvette à laquelle elle parvint à faire perdre ses traces. Le 18 au matin, la LATONA était assez près de la Félicité pour échanger avec elle des boulets de chasse et de retraite; quelques bordées sans effet furent ensuite tirées en embardant d'un bord et de l'autre. Enfin, à 8h 40m, après un combat de vingt minutes, bord à bord, le pavillon de la Félicité fut amené.

Traduit devant un conseil de guerre, le capitaine Bagot fut acquitté honorablement.

La Félicité portait 14 canons
La LATONA avait 28 canons

de 12,

de 18

et 20 caronades de 32.

Après s'être séparé de la Félicité, le capitaine Lemarant Kerdaniel (Gabriel) continuait sa route vers la France

lorsque, le 5 juillet, à 110 lieues de l'île Corvo des Açores, la frégate-flûte la Furieuse fut chassée par la corvette anglaise de 20° BONNE CITOYENNE, capitaine William Maunsey; elle engagea le combat avec elle le lendemain à 9b 25m du matin. Les décharges précipitées de la corvette anglaise eurent bientôt mis la Furieuse dans un état qui permit au capitaine Maunsey de la contourner dans tous les sens et de la combattre tantôt par une hanche, tantôt par une autre. Cependant, malgré la faiblesse de son équipage, la flûte répondait vaillamment à cet adversaire acharné. A 3h 30m de l'après-midi, le capitaine Lemarant reçut une balle dans la poitrine et fut remplacé dans le commandement par le lieutenant Riouffe; depuis une heure, il n'y avait plus de gargousses préparées et, à défaut de boulets, les gueuses étaient les seuls projectiles qu'on envoyait, ou plutôt, qu'on essayait d'envoyer à l'ennemi, car elles n'arrivaient pas jusqu'à lui. Le nouveau capitaine de la Furieuse ne tarda pas à être prévenu que le lest volant était lui-même épuisé et qu'il ne restait plus qu'un petit nombre de charges de poudre dans la soute. Un abordage pouvait seul sortir la Furieuse de la position désespérée dans laquelle elle se trouvait; il fut tenté, mais sans succès. Alors, pour utiliser le reste de la poudre, ordre fut donné de mettre dans les canons des clous, des épissoirs, des pinces, en un mot, tout ce qui pouvait servir de mitraille. Les dernières munitions furent promptement consommées, et la BONNE CITOYENNE ne paraissait pas disposée à abandonner le champ de bataille. Afin d'acquérir la certitude que la corvette anglaise n'était pas dans le même embarras que la Furieuse, le lieutenant Riouffe ne fit amener le pavillon qu'après avoir reçu deux nouvelles bordées; il était 4h 30m. Le petit mât de hune de la Furieuse était abattu et le reste de sa mâture était haché; sa voilure consistait en un lambeau de perroquet de fougue. Elle avait 1.5 d'eau dans la cale. La BONNE CITOYENNE, partie récemment d'Angleterre pour Québec avec un convoi dont elle avait été sé

parée, n'avait pas été, à beaucoup près, aussi maltraitée que la flûte française; elle n'avait perdu que son mât de perroquet de fougue. Aussi put-elle donner la remorque à sa prise dont le grand mât et le mât d'artimon s'abattirent peu de temps après.

La Furieuse

avait

La BONNE CITOYENNE

12 caronades de 36 et 2 canons de 18. 18 caronades de 32 et 2 canons de 9.

J'ai dit que par suite de l'impossibilité de subvenir aux dépenses qu'occasionneraient les réparations de la Sémillante, le gouverneur général de l'île de France s'était vu dans la nécessité de céder cette frégate au commerce. Elle était partie pour France commandée par le célèbre corsaire Surcouf qui, pendant son séjour dans la mer des Indes, avait puissamment contribué à alimenter la colonie au moyen de ses prises. Le Revenant, de 18 canons, que le capitaine Surcouf commandait, avait été acheté par le gouverneur général, et sous le nom de Iéna, ce brig avait été de suite envoyé en croisière, commandé par le lieutenant de vaisseau Morice. Le brig de 12° l'Entreprenant, également acheté à des particuliers, appareilla aussi avec le lieutenant de vaisseau Bouvet (Pierre). Après avoir signalé sa présence dans les mers des Indes par la prise de plusieurs navires anglais de la Compagnie, le capitaine Bouvet avait reçu la mission de se rendre à Manille pour s'enquérir de la Mouche n° 6 qui y avait été envoyée quelques mois auparavant, et dont on n'avait plus entendu parler depuis lors. Le capitaine Bouvet arriva le 28 août devant Manille; il y apprit qu'en se déclarant pour Ferdinand VII, le gouvernement de Bornéo avait proclamé la paix avec l'Angleterre, et que la Mouche no 6 avait été arrêtée et son équipage mis en prison. Le brig anglais de 14° ANTELOPE se trouvait en ce moment à Cavite. Le capitaine de l'En

treprenant expédia un officier au gouverneur pour réclamer l'équipage de l'aviso, et il se tint au large avec un pavillon de parlementaire. Cet officier avait reçu la recommandation expresse de revenir de suite après avoir rempli son message. Cependant, la soirée et la nuit se passèrent sans que le canot reparût: quelques mouvements faisant pressentir des projets hostiles, le capitaine Bouvet voulut donner au gouverneur le moyen de violer ostensiblement le caractère dont il était revêtu: il mouilla l'Entreprenant à l'entrée de la rade. Les voiles étaient à peine ramassées, que le brig anglais et toutes les batteries de terre firent feu sur lui. Appareiller fut l'affaire d'un instant: l'Entreprenant ne reçut qu'un boulet. La guerre était déclarée et la mission du capitaine français changeait de caractère. Il alla s'établir en croisière devant l'île du Corrégidor, et intercepta le cabotage de Manille en arrêtant tous les navires qui se présentaient; et lorsque le nombre des prisonniers eut atteint un chiffre élevé, il les renvoya, en leur faisant signer un cartel d'échange par lequel ils s'engageaient à ne pas reprendre la mer, avant que l'équipage de la Mouche n° 6 et l'armement du canot du brig eussent été renvoyés. A cette pièce, le capitaine Bouvet joignit une sommation portant que, si le lendemain 4 septembre, les conditions du cartel d'échange n'étaient pas remplies, il ravagerait tout le littoral de l'île. Les. Français détenus à Manille furent renvoyés à bord de l'Entreprenant.

Le 20 octobre, une vingtaine de voiles escortées par une frégate anglaise furent aperçues dans le N.-O. de l'île Pulo Aor; et, dans le S.-O., un navire isolé vers lequel l'Entreprenant se dirigea en passant dans le Nord des îles Romanies, par le détroit compris entre ces îles et la grande terre. A 11 du soir, le navire chassé se trouva sous le beaupré du brig; une volée suffit pour lui faire carguer et amener toutes ses voiles. Ce navire, qui fut de suite amariné, était l'OVIDOR et appartenait à la Compagnie des Indes hollandaises; il était armé de 18 canons et, en outre,

d'un riche chargement de marchandises de Chine, il portait 230,000 piastres. L'Entreprenant retourna à l'île de France avec sa prise qui prit rang et a longtemps servi comme gabare, sous le nom de la Loire, parmi les navires de charge de la flotte.

Le 29 octobre, qui était le lendemain de sa sortie de la Loire, la corvette le Milan, capitaine Touffet, fut chassée par les frégates anglaises de 42 SURVEILLANTE et SEINE, et amena son pavillon sans avoir tiré un coup de canon. Il ventait grand frais et la mer était très-grosse.

Le capitaine Croquet Deshauteurs, du brig de 16o le Fanfaron, parti de Brest depuis deux jours avec des vivres pour la Guadeloupe, fut chassé, pendant la nuit du 5 novembre, par un bâtiment dont la grande apparence le détermina à laisser arriver vent arrière. Aux coups de canon isolés qui lui furent d'abord tirés, succédèrent bientôt des bordées entières, car le jet à la mer du chargement, des dromes et des embarcations n'empêcha pas le bâtiment étranger d'approcher d'une manière sensible. Le Fanfaron vint alors sur bâbord, et lui envoya une volée à double projectile; le chasseur ayant imité ce mouvement, on put reconnaître en lui une frégate. Une entreprise audacieuse pouvait seule sauver le Fanfaron; la charge fut battue et l'abordage ordonné. Mais pendant qu'on manœuvrait pour l'exécuter, les boulets de la frégate coupèrent le grand mât au-dessous de la hune. Les ravages de cette volée sur le personnel furent désastreux : le Fanfaron se rendit à la frégate anglaise de 42o EMERALD, capitaine Maitland. Il était 8" 30". Ce brig, jugé incapable de porter des caronades de 24, n'avait que du 16 anglais.

Le conseil de guerre devant lequel le capitaine de fré gate Croquet Deshauteurs fut traduit déclara que la con

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