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Le 8 septembre, un conseil de guerre présidé par le contre-amiral Bedout, examina la conduite des capitaines qui avaient amené leur pavillon et de ceux qui avaient détruit ou abandonné leurs vaisseaux.

Le capitaine Clément de Laroncière, du Tonnerre, fut acquitté à la majorité de huit voix contre une;

Le capitaine Proteau, de l'Indienne, fut déchargé, à l'unanimité, de la prévention dont il était l'objet. Toutefois, cet officier supérieur fut condamné, à la majorité de cinq voix contre quatre, à trois mois d'arrêts simples, comme peine de discipline, pour avoir mis avec trop de précipitation, et sans ordre, le feu à la frégate dont le commandement lui était confié;

Considérant que le capitaine Lacaille, du Tourville, n'a vait pas perdu le vaisseau dont il avait le commandement -qu'il l'avait défendu contre l'ennemi et l'avait ramené au port, mais après l'avoir momentanément abandonné, le conseil de guerre le condamna, à la majorité de six voix contre trois, à deux ans de détention, à être rayé de la liste des officiers, et à être dégradé de la légion d'honneur ;

Le capitaine Lafond, du Calcutta, reconnu coupable, à la majorité de cinq voix contre quatre, d'avoir abandonné son vaisseau en présence de l'ennemi, fut condamné à la peine de mort. Ce jugement reçut son exécution à bord du vaisseau l'Océan, le lendemain 9 septembre (1).

(1) MM. Viaud et Fleury font erreur en disant que, par ordre du ministre, tous les papiers relatifs à l'affaire des brûlots et surtout au procès malheureux qui en fut la suite, ont été enlevés des archives pour aller, sans doute, disparaitre entre les mains des intéressés à leur anéantissement. M. le comte Pouget se trompe aussi en écrivant, qu'une lacune regrettable existe dans les archives du ministère de la marine. Le récit détaillé et le jugement qu'on vient de lire prouvent que j'ai été plus heureux dans mes recherches que les auteurs de l'Histoire de Rochefort et l'auteur de la Vie et des campagnes du vice-amiral Martin. J'ai écrit ayant sous les yeux: 1o le rapport du viceamiral Allemand à l'Empereur; 2o les notes du capitaine Lucas sur ce rapport; 3o la correspondance échangée entre cet officier supérieur et le commandant en chef au sujet de cette affaire; 4° les rapports des capitaines. La lecture de ces documents eût puissamment contribué, je n'en doute pas, à modifier l'opinion de ces honorables écrivains, sur une affaire qu'ils ont traitée d'un point de vue qu'ils n'auraient peut-être pas adopté s'ils eussent connu leur existence.

Le 21 octobre, le contre-amiral Baudin (André) sortit de Toulon avec les vaisseaux le Robuste de 86°, le Lion et le Borée de 82, capitaines Legras, Bonamy et Senez, et les frégates la Pauline et l'Amélie, capitaines Montfort (François-Gilles) et Meynard Lafargue, pour escorter un convoi qui se rendait à Barcelone. Le surlendemain matin, à la hauteur du cap Saint-Sébastien, 5 voiles furent signalées dans l'Ouest; la brise était faible de l'Est. Dans le but d'attirer ces bâtiments, et de détourner leur attention du convoi auquel il signala d'entrer dans la baie de Roses, le contre-amiral Baudin fit prendre de suite les amures à bâbord à midi, on pouvait compter 14 bâtiments sous pavillon anglais. Le vent ayant hâlé le S.-E. dans la soirée, la division vira de nouveau de bord; il fraîchit beaucoup et la mer devint grosse pendant la nuit: il fallut prendre le bas ris. Cette manœuvre, faite avec des équipages peu exercés et nullement habitués au mauvais temps, fut fort longue et, le 24 au jour, la division se trouva affalée sur la côte. A 7h 30m, le commandant en chef ordonna de mouiller: la sonde accusait 16 mètres; il prévint qu'il avait l'intention de remettre promptement sous voiles et d'aller au besoin s'embosser devant Cette.

Les voiles signalées formaient l'escadre du vice-amiral anglais Collingwood. Informé du projet de ravitaillement de Barcelone, cet officier général avait quitté la station du cap Sicié et, avec 15 vaisseaux et 5 frégates, il était allé s'établir en croisière devant le cap Saint-Sébastien, ne laissant devant Toulon que 2 frégates par lesquelles il avait été prévenu de la sortie de la division française. Dès qu'il l'aperçut, il la fit chasser par les vaisseaux :

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La division française appareilla le 25, à 5 du matin, et gouverna à l'Ouest en prolongeant la côte; la brise était redevenue faible, toujours de la partie de l'Est. Les vaisseaux anglais, qui s'étaient tenus en observation, reprirent alors la chasse et, favorisés par la brise qui était fraîche au large, ils gagnèrent les Français d'une manière sensible. La Pauline reçut l'ordre de forcer de voiles, d'entrer à Cette et d'armer au besoin les batteries de ce port avec son équipage. Cependant, le vent hâlait le Sud et à 11' 30", la sonde qui avait constamment marqué de 7 à 10 brasses, n'en donna tout à coup que 5; les vaisseaux talonnèrent presque au même instant. Liberté de manœuvre fut laissée à chaque capitaine. Le Borée réussit à atteindre des eaux plus profondes; les deux autres vaisseaux restèrent échoués sur un fond de sable dur et de roches, le Lion dans l'Est du Robuste. L'ennemi était hors de la portée du canon; le TIGRE et le LEVIATHAN poursuivirent le Borée et la Pauline et échangèrent avec eux quelques boulets. Le capitaine Senez faisait ses dispositions pour s'embosser devant Cette, lorsque l'enseigne de vaisseau Vallat, qui commandait l'aviso la Provençale stationné dans ces parages, vint lui offrir d'entrer le Borée dans le port. Cette proposition fut acceptée, et cet officier réussit à mettre le vaisseau à l'abri des atteintes de l'ennemi. Le capitaine de la Pauline eut l'heureuse fortune de pouvoir imiter cette manoeuvre. Le premier soin du contre-amiral Baudin fut de prendre des dispositions pour repousser une attaque; mais la mer étant grosse, l'ennemi jugea prudent de se tenir au large. Le Robuste et le Lion fatiguaient beaucoup; ils talonnaient avec force, et l'eau ayant envahi la cale, les soutes à poudre ne tardèrent pas à être noyées; les mâts avaient été calés et les vergues amenées. Aucune chance de relever les deux vaisseaux en présence de l'ennemi ne semblait exister désormais car, si celui-ci ne les inquiétait pas, il ne cessait pas de les observer. Dans la matinée du 26, le contre-amiral Baudin ordonna de les

évacuer et de les livrer aux flammes. Cet ordre fut exécuté; une double détonation annonça, au milieu de la nuit, l'entière destruction du Robuste et du Lion.

L'Amélie qui était restée sous voiles avait craqué son beaupré; cette frégate jeta l'ancre sur la rade de Marseille, et rentra à Toulon le 3 novembre. Le 19 du même mois, le Borée et la Pauline y arrivèrent aussi.

La gabare la Lamproie, capitaine Labretesche (Jacques), qui faisait partie du convoi, avait mouillé dans la baie de Roses avec les navires du commerce, en même temps que l'aviso la Victoire, capitaine Garibou. Le 1er octobre au point du jour, les embarcations des vaisseaux TIGRE et CUMBERLAND, des frégates APOLLO, TOPAZE, et VOLONTAIRE, des corvettes SCOUT, PHILOMEL et TUSCAN abordèrent la Lamproie, et l'enlevèrent malgré une résistance opiniâtre et le feu de l'aviso, sur lequel huit embarcations se dirigèrent ensuite. Cette attaque fut moins heureuse que la première: trois fois l'ennemi fut repoussé. Cet échec ne put empêcher les Anglais d'incendier 9 navires; ce fut aussi le sort de la Lamproie: ils n'emmenèrent toutefois que 3 navires.

Le 16 janvier, jour de son atterrage sur l'île de SaintDomingue où il se rendait, le capitaine Deslandes, du brig de 3 le Colibri, aperçut devant lui un bâtiment qui courait au plus près bâbord amures. Trompé par le désordre de la mâture de ce bâtiment, le capitaine Deslandes continua sa route sans se préoccuper de ce qu'il pouvait être. Il eut bientôt lieu de s'en repentir, car dès que cet inconnu jugea que le brig ne saurait lui échapper, il laissa arriver et, se couvrant de voiles, il approcha promptement: le capitaine Deslandes reconnut alors une frégate à la corne de laquelle flottait le pavillon de la Grande-Bretagne: c'était la MELAMPUS de 48°, capitaine Edward Gawker. Les boulets du Colibri ne purent arrêter la frégate anglaise; mais le capitaine Deslandes n'amena

qu'après avoir épuisé, un peu tardivement peut-être, tous les moyens de salut que lui suggéra son expérience.

La prise de la frégate anglaise LAUREL ne supendit que pendant fort peu de temps le blocus de l'île de France; les vaisseaux REASONABLE et LEOPARD, la corvette HARRIER, le brig OTTER et le cutter OLYMPIA arrivèrent successsivement devant l'île. Malgré la surveillance active qu'ils exerçaient, la frégate de 48° la Canonnière, capitaine Bourayne, sortit le 21 octobre 1808 avec la Laurel dont le commandement avait été donné au lieutenant de vaisseau Bourgoin, pour aller croiser sur la côte de la Cochinchine. Le 18 janvier 1809, dans les environs de l'île Pulo Aor, la Canonnière fit amener la corvette anglaise DISCOVERY qui avait à son bord l'équipage de la frégate GREYHOUND récemment naufragée à Manille. Les deux frégates rentrèrent à l'île de France au mois de mai; elles avaient alors besoin de grandes réparations. Les ressources de la colonie ne permettant pas d'entreprendre ces travaux, elles furent cédées au com

merce.

Le 12 avril 1810, la Laurel, qui avait pris le nom d'Espérance depuis qu'elle avait cessé de faire partie de la flotte, se rendant en France, armée de 12 canons, fut capturée, à l'entrée du golfe de Gascogne, par la frégate anglaise de 40 UNICORN, capitaine Robert Kerr. Elle rentra dans le cadre des frégates de la marine de la GrandeBretagne sous le nom de LAURESTInus (1).

La frégate de 44o la Topaze, capitaine Lahalle, partie de Brest avec des vivres pour Cayenne, démâta de ses mâts de

(1) Je ne cite cette affaire que pour bien établir que la prise de l'UNICORN n'était pas un bâtiment de guerre.

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