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portes de la ville, dans la maison du général Santa Anna, à l'hôpital et dans le fortin de la Concepcion. Cette troupe fut quelque peu inquiétée dans sa marche par les Mexicains qui, en voyant les Français se retirer, s'étaient hasardés à sortir de la caserne: elle rejoignit cependant sans accident les détachements rassemblés sur le quai. Afin de protéger l'embarquement, le contre-amiral Baudin qui s'attendait à quelque fanfaronnade en forme d'insulte de la part de l'ennemi, fit placer une pièce de 6 mexicaine à l'extrémité du môle et la pointa sur la porte. Quoique informé de la retraite des Français, Santa Anna demeura dans l'inaction pendant une heure. Après ce temps, il marcha avec 200 hommes vers le môle, où restaient seuls alors le commandant en chef, plusieurs officiers et un petit nombre d'hommes sur lesquels il fit diriger une fusillade soutenue. L'embarquement du reste du corps expéditionnaire ne le décida pas à les harceler de plus près. Atteint par une mitraille du coup de canon que le contre-amiral Baudin ordonna de tirer comme adieu, le général Santa Anna maintint ses soldats derrière l'enceinte crénelée, mais ils ne cessèrent leur feu que quand les embarcations furent hors de la portée de leurs balles. Ce dernier engagement occasionna quelques pertes aux Français; le contre-amiral Baudin eut, dans son canot seulement, deux tués et cinq blessés. Le résultat de cette expédition fut aussi heureux qu'on pouvait le désirer. Le général en chef blessé, un général et son état-major faits prisonniers, une partie des parapets de la ville renversés et 80 pièces de canon mises hors de service, constatèrent qu'elle avait été aussi intrépidement conduite qu'habilement conçue.

Les dernières embarcations avaient à peine atteint leur bord, que la brume se dissipa. L'occasion était trop belle pour ne pas détruire la caserne. Une canonnade bien dirigée partit de la Créole, du Cuirassier, du Voltigeur, de l'Eclipse et de l'Éclair, mouillés en dedans du fort de Ulùa qui, lui-même, joignit son feu à celui de ces bâtiments;

deux heures après, cet édifice était réduit à l'impossibilité de nuire.

La prise de la forteresse de Ulùa et le coup de main sur Vera Cruz coûtèrent 12 hommes à la France; 89 avaient été blessés. Les Mexicains ne se sont pas accordés sur le chiffre de leurs pertes. Toutefois, s'ils ont fait varier de 25 à 150 le nombre des hommes qu'ils perdirent dans l'intérieur de la ville, ils ne peuvent contester que 210 cadavres, et environ la même quantité de blessés furent trouvés dans la forteresse au moment où les Français y entrèrent.

Quoique la mission du commandant en chef ne fût pas achevée, on pouvait considérer les événements militaires comme terminés. Les forces dont il disposait ne lui étant dès lors plus nécessaires, il en renvoya une partie en

France.

Le 26 octobre, deux vaisseaux anglais, trois frégates, six corvettes et trois brigs, sous les ordres du commodore Douglas, mouillèrent à Sacrificios et à Anton Lizardo. La médiation officieuse de l'Angleterre, pour terminer les différends entre la France et le Mexique, avait été admise, et le ministre d'Angleterre à Mexico était envoyé pour s'entendre avec le contre-amiral Baudin. La présence de forces aussi considérables détermina cependant le commandant de la division française à ne pas accepter une intervention qui aurait pu paraître imposée. Il exigea donc, avant d'entrer en négociations, que les deux vaisseaux eussent à se retirer.

Ici s'arrête la tâche de l'historien de la marine, car le rôle du vice-amiral Baudin (1) devient désormais toute diplomatique. Je dirai seulement que la leçon donnée aux Mexicains, loin de leur profiter, ne fit qu'irriter les esprits,

(1) Le gouvernement n'attendit pas la fin de l'expédition pour donner au commandant en chef un témoignage de sa haute satisfaction. Le brig le Griffon lui apporta la nouvelle de sa nomination au grade de vice-amiral.

et que le gouvernement de Mexico, qui avait d'abord accepté la médiation de l'Angleterre, l'éluda plus tard. Il en résulta une lutte à laquelle les Mexicains imprimèrent tout d'abord un caractère de haine et de fureur très-prononcé. Le commandant en chef se vit dans la nécessité de demander des renforts afin d'occuper avec sûreté le fort San Juan de Ulùa, dans le cas où la division navale s'éloignerait. Le traité de paix fut enfin signé le 9 mars 1839, et le mois suivant, la forteresse de Ulùa fut remise au Mexique. Le vice-amiral Baudin quitta alors ces parages, laissant au capitaine de vaisseau Lainé le soin de faire exécuter les clauses de ce traité.

ANNÉE 1840

Nous sommes arrivés à l'époque où la marine de la France eut à tirer du canon contre quelques-uns des États confédérés de la Plata. Cette lutte ne fut pas une guerre maritime proprement dite, et cependant, je ne puis passer sous silence les nombreux épisodes auxquels elle a donné lieu car, seule, la marine combattit sur terre et sur mer. Pour bien comprendre les nombreuses péripéties de cette guerre, il faut reprendre d'un peu plus haut le cours des événements (1). Les différends de la France et de la République Argentine dataient de loin. Dès son avénement à la

(1) Le caractère particulier de la guerre dite de la Plata; le petit nombre de combats auxquels elle donna lieu; l'importance du rôle qu'y joua cependant la marine, m'ont déterminé à m'écarter du plan que j'ai suivi jusqu'ici. L'historique des événements qui ont amené les quelques rares affaires de guerre que j'aurai à relater formera le principal de mon récit, et les combats n'en seront que l'accessoire.

présidence de Buenos Ayres, le général Rosas, qui voyait les Français prendre un grand ascendant dans le pays, eut l'idée, pour le détruire, de soumettre les étrangers à des lois spéciales, contraires au droit international. Il décréta que tout étranger marié dans le pays, et y exerçant un commerce, perdrait sa qualité d'étranger et deviendrait citoyen argentin après trois années de résidence. Le but de Rosas était de soumettre les Français aux vexations dont il accablait les Argentins, et surtout de pouvoir les incorporer dans la milice qui était la seule force militaire de la province. Aux observations qui lui furent faites tout d'abord, il répondit que les étrangers auxquels ces dispositions ne conviendraient pas étaient libres de quitter le pays. Dès le début, Rosas montra combien étaient grandes sa finesse et son astuce. Cette importante question de la dénaturalisation et de la milice, entamée en 1830, n'avait pas fait un pas en 1837, quoiqu'elle eût été traitée par plusieurs agents diplomatiques.

La guerre qui éclata entre la province de Santa Cruz et la Confédération fut, pour le général Rosas, une occasion de mettre son système à exécution; tous les étrangers, les Anglais exceptés, reçurent l'ordre d'entrer dans la milice. La résistance que les Français opposèrent à cette injonction fut, pour quelques-uns d'entre eux, la cause de persécutions inqualifiables. Depuis la mort du consul général chargé d'affaires de la France, marquis de Vins de Peyssac, le vice-consul avait été accepté par le gouvernement argentin comme agent diplomatique intérimaire. Cet agent s'éleva avec force contre les actes dont nos nationaux étaient l'objet. Accueillies d'abord avec bienveillance, avec faveur même, les observations de l'agent consulaire de la France finirent par embarrasser le président; et, afin de couper court à toutes négociations, il dénia à notre vice-consul les pouvoirs nécessaires pour les suivre. Celui-ci demanda ses passe-ports, abaissa son pavillon, et se retira à bord de la frégate la Minerve sur laquelle se trouvait le contre

amiral Leblanc, qui commandait la division de la Plata. Cet officier général ayant reçu, plus tard, l'ordre d'appuyer les demandes de l'agent consulaire, proposa ́ un arrangement basé sur :

1o La suspension, jusqu'à conclusion d'un traité, de la mise en pratique des principes relatifs aux étrangers;

2o L'admission du droit de réclamation en faveur des Français qui avaient souffert dans leurs personnes ou dans leurs propriétés ;

3o La révision d'un jugement rendu contre un Français habitant Buenos Ayres.

Le gouvernement argentin repoussa ces propositions en se basant sur la position du négociateur lequel, disait-il, se présentait à la tête d'une division navale qui pouvait être considérée comme un moyen d'intimidation. Le viceconsul, dûment autorisé par le gouvernement français, adressa alors un ultimatum au gouvernement argentin. Cet ultimatum fut repoussé et le blocus des ports et des côtes de Buenos Ayres fut notifié par le commandant en chef des forces navales de la France. On se borna d'abord à empêcher les bateaux du pays de communiquer avec la ville de Buenos Ayres. Cela se passait en 1837. La division de la Plata était composée comme ci-après :

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A quelque temps de là, le président fit offrir au commandant en chef des forces navales de la France une entrevue dans le but d'arranger les affaires; celui-ci la refusa.

D'après les versions les plus accréditées, voici quel fut le motif de la rupture des relations diplomatiques entre la France et la Confédération Argentine. Le général Rosas

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