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les ressources que lui suggérait son expérience pour prolonger son séjour sur la côte du Mexique. Il avait envoyé l'Iphigénie renouveler son eau à la Havane et affréter des navires-citernes pour en apporter à la division qui était au moment d'en manquer; déjà même, à bord de l'Herminie, on était réduit à boire de l'eau de pluie. Il dut pourtant enfin céder aux exigences de la situation et, le 30 septembre, il partit pour la Havane avec sa frégate qui avait d'ailleurs besoin de grandes réparations, et l'Iphigénie alors de retour à la croisière. Le 18 du mois suivant, ces deux frégates rencontrèrent la Néréide sur les sondes de Yucatan. Le contre-amiral Baudin les laissa continuer leur route; se bornant à prévenir leurs capitaines qu'il était autorisé à les retenir, il ajouta qu'il comptait sur leur coopération. Le commandant Bazoche trouva à la Havane les brigs le Laurier et l'Eclipse qui avaient démâté, le premier de ses deux bas mâts, l'autre de son grand mât, pendant un ouragan qui avait bouleversé le golfe dans les premiers jours d'octobre. Tous deux s'étaient trouvés dans une position fort critique, et leurs capitaines avaient relâché dans ce port pour se réparer. L'Iphigénie rejoignit la croisière, ayant à bord le capitaine, l'état-major [et l'équipage du Laurier dont les réparations ne pouvaient être terminées de longtemps. L'Eclipse rallia aussi, avec un mât de fortune. Quant à l'Herminie, elle dut être éloignée de ces parages en raison de l'état sanitaire de son équipage, parmi lequel la fièvre jaune continuait à faire d'affreux ravages. Elle mit à la voile pour la France, mais ne put l'atteindre: elle se perdit, le 3 décembre, sur l'extrémité occidentale du récif des îles Bermudes. Son équipage fut sauvé.

Le premier soin du contre-amiral Baudin en arrivant, le 26 octobre, devant Vera Cruz, fut de concentrer ses forces. Dès le lendemain, il chargea le capitaine de vaisseau Leray d'une mission auprès du ministre des affaires étrangères à Mexico. Cet officier supérieur rapporta une réponse

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polie, bienveillante même, mais en définitive, peu explicative. Toutefois, comme le ministre proposait de nommer des plénipotentiaires, le commandant en chef se rendit en personne à Xalappa. Quatre jours après, ayant obtenu ce qu'il demandait, sauf un article, il repartit pour Vera Cruz, prévenant le plénipotentiaire mexicain qu'il attendrait jusqu'au 27 novembre la décision de son gouvernement, et que si, ce jour-là à midi, satisfaction complète n'était pas donnée à la France, les hostilités commenceraient immédiatement.

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Dès qu'il fut de retour à bord de la Néréide, le contre amiral Baudin s'occupa de l'attaque du fort San Juan de Ulùa. Il s'agissait, en premier lieu, de faciliter aux bâtiments l'approche de la forteresse. Le commandant en chef estima qu'en débarquant sur le récif de la Galléga, on pourrait, sans trop de difficultés, s'emparer de nuit des batteries basses du N.-O. et du S.-E., enclouer les trentesix pièces de gros calibre dont elles étaient armées, et se donner la possibilité de pénétrer dans le chemin couvert. Pour s'en assurer, il ordonna une reconnaissance de nuit qui fut dirigée par le prince de Joinville. Les officiers qui avaient reçu cette mission mirent pied à terre sous le fort, et s'avancèrent dans l'eau jusqu'au glacis; promptement aperçues par la garnison, les six personnes qui composaient cette expédition se rembarquèrent. Quelques jours après, le commandant en chef fit lui-même une nouvelle reconnaissance qui le fixa complétement.

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Le fort San Juan de Ulùa, composé de quatre fronts bastionnés et casematés, est construit sur un îlot situé au N.-E. de la ville de Vera Cruz dont il est séparé par un bras de mer d'environ 900 mètres. Au Nord, s'étend le banc de la Galléga qui vient mourir au pied du glacis de la forteresse et semble en être la continuation. Dans les grandes marées, ce banc découvre presque complétement; il est bordé de rochers à son extrémité septentrionale. Un chenal étroit le sépare de la Galleguilla, petit banc qui en

est comme une partie détachée du côté du Nord. La forteresse est entièrement bâtie en madrépores, excepté du côté qui regarde la ville. Un large fossé entoure l'enceinte extérieure; mais il était mal entretenu et presque comblé par les alluvions; l'eau n'y entrait que lorsque la mer était haute. Au delà du fossé, se trouvent deux batteries basses, l'une dans le N.-O., l'autre dans le S.-E. Enfin, une demilune et deux réduits de place d'armes rentrante, avancés dans le N.-E., complètent les ouvrages défensifs. La hauteur des escarpes du corps de place au-dessus du niveau de la mer est de 8.90 à marée haute; celle du fond intérieur des embrasures, de 8 mètres. Ce fort était alors armé de 193 canons.

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La Néréide, la Gloire et l'Iphigénie furent seules désignées pour l'attaque. Le 27 novembre, les deux premières, à la remorque du Météore et du Phaeton, et l'Iphigénie à la voile, allèrent prendre le poste qui leur avait été assigné à 1,200 mètres dans le N.-E., et à 100 mètres seulement de l'accore du récif. Conduites également par les bâtiments à vapeur, les bombardes le Cyclope et le Vulcain mouillérent à 1,500 mètres environ dans le Nord. La Créole fut autorisée à combattre sous voiles. Dès le matin, la Naïade et la Sarcelle avaient été placées dans le N.-O., hors de la portée des boulets, pour observer la direction des projectiles et faire rectifier le pointage.

A peine la Néréide avait-elle quitté le mouillage de l'île Verte, que l'on vit un canot portant le pavillon de parlementaire se diriger vers elle; il était 11h 30m, et le délai expirait à midi. Ce canot apportait plusieurs dépêches du ministre des relations extérieures et du général qui commandait à Vera Cruz. La Néréide était arrivée à son poste lorsque le commandant en chef remit au parlementaire la réponse suivante, adressée au dernier.

<< Excellence,

« J'ai reçu vos deux lettres de ce jour, l'une officielle,

« l'autre confidentielle, accompagnant une dépêche de son « Excellence le ministre des relations extérieures de la

République.

« Le temps me manque maintenant pour répondre au « ministre. Veuillez seulement lui faire savoir que le délai << que je lui avais accordé étant expiré aujourd'hui, sans « qu'il ait été fait une réponse satisfaisante aux demandes « justes, modérées et honorables de la France, je me vois << dans la nécessité de commencer les hostilités.

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Depuis un mois que je suis arrivé devant Vera Cruz, « j'ai fait, selon ma conscience et mes lumières, tout ce << que la raison et l'humanité prescrivent, pour éviter une <«< rupture violente entre les deux pays. Dieu m'est témoin << de la sincérité de mes efforts pour atteindre ce but.

«Ma mission de paix est terminée; celle de guerre va « commencer. Puissent les conséquences retomber uni<< quement sur les hommes dont l'iniquité et l'orgueil ont « amené ce résultat.

« Je recommande de nouveau à votre Excellence mes << compatriotes restés à Vera Cruz et la prie d'agréer, etc. « Signě: CHARLES BAUDIN. »

Les trois frégates furent embossées, beaupré sur poupe, tribord à terre, sur une ligne à peu près Nord et Sud, l'Iphigénie au Nord, puis la Néréide et la Gloire. La position avait été admirablement choisie. La ligne d'embossage n'était vue que: 1° par la face droite du bastion Nord, armée de 5 pièces de 16; 2° par la face droite du réduit de place d'armes rentrante, portant 4 pièces de 12; 3° par face droite de la demi-lune, armée de 5 caronades de 18; 4o par le flanc gauche du bastion Sud, armé d'une pièce de 24 et d'une de 8; 5° par 3 couleuvrines de 12 placées en barbette sur le cavalier; en tout, 19 bouches à feu.

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A 2h 15m, le canot parlementaire fut congédié, et le signal d'être prêts à commencer le feu fut hissé. Vingt minutes plus tard, après avoir vérifié leur pointage par

quelques coups de canon, les trois frégates envoyèrent leur première volée. Le fort riposta promptement et bientôt il disparut, ainsi que les bâtiments, sous l'épaisse fumée occasionnée par leurs décharges précipitées. Les bombardes ne tardèrent pas à prendre part au combat, et la Créole échangea de nombreuses bordées avec la batterie du N.-O. La brise, très-faible, ne dissipant pas la fumée, le pointage devint impossible; il était pourtant nécessaire de le rectifier. Le commandant en chef donna l'ordre de cesser de tirer. L'inégalité du fond aux environs du fort rendait la manoeuvre de la Créole très-difficile; déjà cette corvette avait légèrement talonné. Une heure après le commencement du combat, son commandant demanda et obtint d'y prendre une part plus active, et se porta dans le Sud en passant entre la Galléga et la Galleguilla. La canonnade reprit peu après avec une nouvelle vigueur. Entre 3h 45m et 4h 30m, quelques bombes ou obus firent successivement sauter le dépôt de poudre de la batterie basse, et la tour des signaux qui s'élevait à l'angle Nord de la plate forme du cavalier; sous cette tour se trouvait un autre approvisionnement de poudre. Ce dernier accident éteignit complétement le feu de cette partie, mais les autres batteries continuèrent le leur. A 5", l'Iphigénie répondait seule aux quelques rares bordées du fort. Le Météore reçut l'ordre de prendre la Gloire à la remorque et de conduire cette frégate au mouillage de l'île Verte où le commandant en chef désirait la voir arriver avant la nuit. Une heure plus tard, la Néréide elle-même faisait ses dispositions pour s'éloigner du récif, lorsque le Phaeton, mouillant sur son avant pour lui donner la remorque, engagea ses amarres dans celles de la frégate et arrêta le mouvement. Ces deux bâtiments ne furent dégagés qu'à 8' 30". Le temps avait alors belle apparence; le commandant en chef se décida à rester à ce mouillage. Depuis une demi-heure seulement, les bombardes avaient cessé de tirer. Vers 9h 30m, un canot parti du fort accosta

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