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rêtait pas, ils furent bientôt sous voiles et prirent poste dans la ligne. A 4, le vaisseau amiral, devenu chef de file, ouvrit son feu sur le fort de Belem, à 100 mètres au plus, et fut imité par le reste de l'escadre; il mouilla ensuite en face du nouveau palais; les autres vaisseaux et les frégates se dirigèrent sur la division portugaise. La Pallas qui était en tête tira les premières volées qui furent aussi les dernières, car elles suffirent pour faire amener le pavillon à tous les bâtiments qui la composaient.

A 5, l'escadre entière était mouillée devant les quais de Lisbonne. Le commandant en chef envoya immédiatement son chef d'état-major, le capitaine de corvette Ollivier (Charles), renouveler au gouvernement portugais les demandes qu'il lui avait présentées avant son entrée dans le Tage ces propositions furent acceptées; le traité ne fut cependant signé que le 14. La présence de forces aussi considérables devant la capitale du Portugal n'étant désormais plus nécessaire, le commandant en chef renvoya le contre-amiral Hugon avec une partie de la division qu'il avait amenée de Toulon. Quant à lui, il resta dans le Tage avec le Suffren, la Pallas, la Melpomène et la Guerrière de 58°, capitaine Kerdrain, qui arriva le 29.

Le traité du 14 juillet stipulait la remise des bâtiments de guerre et de commerce dont les Français s'étaient emparés en mer, mais il gardait le silence le plus absolu sur ceux pris dans le fleuve; ces derniers avaient été rangés dans l'escadre sous pavillon français. Le gouvernement portugais ayant protesté contre cette capture, le commandant en chef crut devoir profiter de cette circonstance pour demander l'élargissement d'un certain nombre de détenus politiques. Il offrit de rendre la moitié des bâtiments de guerre en échange de 400 condamnés. Cette transaction ne fut pas acceptée. Le 14 août, le vice-amiral Roussin (1)

(1) Le gouvernement n'avait pas attendu le retour du commandant en chef de l'expédition du Tage pour le nommer vice-amiral,

mit à la voile avec sa division et les bâtiments capturés (1), ne laissant dans le Tage que la Melpomène et l'Eglė, et il mouilla à Brest le 4 septembre.

ANNÉE 1852.

Témoins de l'agitation extraordinaire qui régnait dans les États romains, et de l'unanimité avec laquelle on demandait la réforme d'abus intolérables, les ambassadeurs des grandes puissances présentèrent à la Cour de Rome, au mois de mai 1831, une note collective pour la supplier d'écouter les vœux de ses populations. Celle-ci se rendit à ces instances et, à la suite d'arrangements diplomatiques, les troupes de l'Autriche évacuèrent les légations. Malheureusement, les réformes sollicitées et promises ne furent pas accomplies; une vive irritation s'en suivit et la guerre civile éclata. L'intervention de l'Autriche fut de nouveau demandée, et 6,000 Autrichiens entrèrent à Bologne à la fin du mois de janvier 1832. La France dont la politique libérale avait paru adoptée par l'Europe, ne pouvait accepter la politique de répression matérielle qui prévalait en Italie. L'envoi d'une division navale dans l'Adriatique fut décidé. Cette division, placée sous les ordres du capitaine de vaisseau Gallois, partit de Toulon composée du

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(1) Le vaisseau JAO VI était en si mauvais état qu'il ne fut pas emmené.

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Quinze cents hommes du 66° régiment de ligne, commandés par le colonel Combes, avaient été embarqués sur ces bâtiments qui jetèrent l'ancre sur la rade d'Ancône, le 22 février. Une frégate autrichienne et un brig de guerre de la même nation étaient amarrés en dedans du môle. Les instructions du commandant de la division française lui prescrivaient de ne rien faire que de concert avec les agents du gouvernement pontifical, par conséquent de ne débarquer aucune troupe sans leur consentement formel. Cette négociation pouvait traîner en longueur. Or, le commandant Gallois n'ignorait pas que les Autrichiens avaient dans les légations 1,200 hommes distants par conséquent de quelques étapes seulement, et auxquels se joindraient, selon toute probabité, 200 soldats embarqués sur la frégate. D'autre part, il sut bientôt que la garde des portes de la ville était confiée à la milice, et que la garnison de la citadelle consistait en 450 hommes des troupes régulières du Pape. Son parti fut promptement pris. Malgré la précision des ordres qu'il avait reçus, il se décida à occuper Ancône cette nuit même. A minuit, les troupes et les compagnies de débarquement du Suffren et de la Victoire franchirent l'entrée de la darse dans des embarcations dirigées par le lieutenant de vaisseau Charner et, quelques instants après, soldats et marins étaient à terre. Un premier obstacle se présenta de suite. Le port est enceint par une muraille; la porte en fut enfoncée et l'on pénétra dans la ville: tous les postes furent successivement surpris et désarmés sans opposer de résistance; on attendit le jour pour se diriger sur la citadelle. Son commandant avait été arrêté en ville et, sur son refus d'ordonner la reddition de la place, il avait été détenu prisonnier. Il n'y eut heureusement pas besoin de recourir aux moyens extrêmes. Dès que les Français parurent, un pavillon parlementaire arrêta leur élan. Une capitulation fut signée, et le drapeau de la France flotta sur la citadelle d'Ancône, à côté de celui des États de l'Église.

Cette conclusion détermina les capitaines des bâtiments autrichiens à abréger la durée de leur séjour dans le port: ils mirent sous voiles.

On sait le reste. Le Pape protesta à deux reprises différentes contre l'occupation d'Ancône. De laborieuses négociations s'en suivirent et une convention, conclue le 16 avril, régularisa l'occupation en lui retirant son caractère violent et précaire. Aux termes de cette convention, les troupes débarquées le 23 février occuperaient seules Ancône et, pendant la durée de leur séjour, elles seraient soumises à l'ambassadeur de France, autorisé par son gouvernement à donner des ordres aux commandants des troupes. Aucun travail de fortification ne pouvait être entrepris par elles. Le Saint Père s'engageait à prier Sa Majesté impériale apostolique de retirer ses troupes des légations, dès que le gouvernement papal n'aurait plus besoin des secours qu'il lui avait demandés. Leur retraite entraînerait, pour la France, l'obligation d'évacuer Ancône par mer. Il était encore stipulé que le pavillon papal flotterait seul sur la citadelle; que les troupes françaises ne pourraient sortir de l'enceinte des murs de la place; que leurs commandants n'empêcheraient ni n'arrêteraient l'action du gouvernement, et surtout celle de la police. Il fut enfin convenu qu'il y aurait, auprès des commandants des troupes françaises, un agent politique pourvu de pleins pouvoirs par l'ambassadeur de France, pour veiller à la stricte exécution de la convention.

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L'exécution de toutes ces stipulations fut confiée au général Cubières. La marche rapide de la division navale (1) n'avait pas permis à cet officier général, qui devait se rendre à Ancône en passant par Rome, d'arriver assez tôt pour prendre le commandement de l'expédition, et présider lui-même à l'accomplissement des décisions du gouvernement. Ce retard avait mis le commandant Gallois dans

(1) Ce sont les propres expressions du Moniteur universel du 4 mars.

la position fausse que l'on connaît. Cet officier supérieur devait-il attendre ou agir? La conduite qu'il tint dans cette circonstance ne fut pas officiellement désavouée, mais il fut remplacé dans le commandement de la division navale. Le colonel Combes partagea sa disgrâce (1).

L'occupation d'Ancône se prolongea jusqu'au 25 octobre 1839. Ce fut à cette époque seulement que les Autrichiens évacuèrent les légations, tout en demeurant à Ferrare et à Comacchio.

L'occupation française en Algérie donna lieu, dans le principe, à de fréquentes insurrections, réprimées aussitôt qu'elles étaient signalées. Un acte de ce genre nécessita l'intervention de la marine. Les Arabes s'étaient emparés de la Kasbah de Bone, et cette place importante était menacée par une nuée de Kabyles. Le 27 mars 1832, le capitaine Fréart, de la goëlette de 6 la Béarnaise, s'empara de la citadelle par un valeureux coup de main, et empêcha Bone de tomber au pouvoir de l'ennemi.

A cette occasion, le gouverneur général de l'Algérie décida que lorsque la Béarnaise rentrerait à Alger, elle serait saluée de 15 coups de canon par les batteries du port, et qu'une députation militaire se rendrait à bord de cette goëlette pour féliciter le capitaine, l'état-major et l'équipage sur le généreux concours qu'ils avaient spontanément apporté à leurs camarades de l'armée de terre.

(1) N'y a-t-il pas lieu de remarquer ici, incidemment, que dans une circonstance toute récente, ce reproche, si l'on peut donner ce nom aux observations faites sur la célérité avec laquelle des ordres ont été exécutés, — n'y a-t-il pas lieu de remarquer que la marine a de nouveau encouru ce reproche d'aller trop vite en besogne? Ne trouve-t-on pas là la preuve de ce qui a été dit dans le cours de ces récits, que les occasions seules lui ont manqué de prouver et son patriotisme et son dévouement?

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