laissa tomber l'ancre dans l'Ouest de Torre Chica, et successivement les autres bâtiments l'imitèrent. Voici la composition de cette formidable armée navale :

Avant de quitter Toulon, le vice-amiral Duperré avait fait connaître, dans un ordre du jour détaillé, et son plan d'attaque, et le rôle que chacun devait jouer dans cette grande entreprise. Tout y était prévu. Mais la confiance que les Turcs, les Maures et les Arabes avaient en leur force, rendit ces sages dispositions en quelque sorte inutiles, et les prescriptions du commandant en chef durent être forcément modifiées. On s'aperçut bientôt, en effet, que toutes les batteries étaient abandonnées et que leurs canons avaient été placés sur les hauteurs voisines. Le contre-amiral de Rosamel, qui avait été chargé de l'attaque du côté de l'Est, mouilla ses huit vaisseaux en seconde ligne; la Bayonnaise, l'Acteon et la Badine se placèrent seuls dans la baie de l'Est. La journée était trop avancée pour commencer le débarquement.

Le 14, la première division de l'armée expéditionnaire était à terre à 4h 30m du matin; la deuxième y était à 61; à midi, l'armée entière était débarquée, ainsi que quatre batteries d'artillerie de campagne et une de montagne, 200 chevaux, un approvisionnement de munitions et dix jours de vivres.

En déduisant les officiers, sous-officiers, soldats et employés d'administration dont les services n'étaient pas immédiatement nécessaires, tels que les officiers d'artillerie et de génie destinés aux batteries et aux opérations de siége, les médecins, etc., le premier débarquement comprenait : 1re 1. division d'infanterie. 9,600 hommes. Artilleurs pour dix-huit

approvisionnée pour dix jours, se trouvait donc à midi à quelques lieues de la ville d'Alger.

Il n'entre pas dans mon plan de raconter les succès de l'armée française; je ne veux parler que de la coopération apportée à l'expédition par la marine. On doit comprendre combien elle fut pénible. Sa tâche ne consistait pas uniquement dans la mise à terre de l'armée. Au transport, au débarquement du premier jour, succédèrent des transports et des débarquements sans relâche, jusqu'au moment où vivres, approvisionnements de toutes sortes, artillerie de siége et tout l'attirail qui accompagne une armée en campagne eurent été débarqués sur le rivage. Ces opérations furent contrariées par plusieurs coups de vent, et la flotte entière se trouva plus d'une fois en perdition. On reconnut alors que si le mouillage de Sidi Ferruch est bon avec des vents de la partie de l'Est, la mer y est très-grosse lorsqu'ils soufflent du côté opposé. Aussi le commandant en chef vit-il bientôt qu'il était urgent de quitter cet ancrage; il renvoya les transports à mesure que • leur déchargement fut effectué, et il tint sous voiles les

bâtiments de guerre dont la présence ne lui parut pas indispensable.

La position avancée de l'armée de terre et son éloignement des magasins qui avaient été établis sur la presqu'île, nécessitèrent promptement la formation de convois auxquels il fallait des escortes nombreuses. Afin de ne pas affaiblir l'armée, la garde du camp retranché qui abritait hommes et choses sur la plage fut confiée à la marine, et le capitaine de vaisseau Hugon en prit le commandement.

Le 1er juillet, une division de l'armée navale défila, à grande distance, devant les batteries pour en bien étudier la position, et, en même temps, pour attirer l'attention de l'ennemi du côté de la mer, tandis que l'armée investissait le fort de l'Empereur. Une attaque fut décidée pour le 3. Ce jour-là, dix vaisseaux et les frégates, rangés sur une ligne de convoi, au large de laquelle furent espacées les bombardes, se présentèrent successivement devant chacune des batteries. Le vent soufflait du N.-O. La Bellone, placée à la tête de la colonne, ouvrit la première son feu sur le fort des Anglais, qui fut couvert par une pluie de boulets. Les autres fortifications eurent ensuite leur tour; arrivés à la hauteur du môle, les vaisseaux serrèrent le vent.L'escadre n'avait aucune avarie, et elle n'eût pas éprouvé de perte, si un canon de 36, en crevant à bord de la Provence, n'eût tué dix hommes et n'en eût blessé quatorze. Le 4, la destruction du fort de l'Empereur qui venait de sauter, parut au vice-amiral Duperré une circonstance favorable pour renouveler la démonstration de la veille. Il faisait ses dispositions dans ce but, lorsqu'un canot portant le pavillon de parlementaire fut aperçu se dirigeant sur la Provence c'était l'amiral de l'escadre algérienne qui venait, au nom du Dey, supplier le commandant en chef de l'armée navale de cesser les hostilités, et lui demander la paix. Le vice-amiral Duperré voulut bien différer son attaque; mais il dut renvoyer ce plénipotentiaire au commandant en chef de l'expédition pour la solution de

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