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Les vaisseaux et les frégates formaient la première ligne ; les corvettes et les brigs, la seconde ; les navires de charge étaient plus à terre. Les brûlots occupaient les extrémités du fer à cheval. L'escadre turque était commandée par le capitan Bey Tahir Pacha; celle d'Égypte, par Mouharem Bey. Dès que l'entrée des divisions alliées dans la rade de Navarin fut décidée, le contre-amiral de Rigny requit les officiers français qui étaient au service du pacha d'Égypte de quitter les bâtiments à bords desquels ils se trouvaient. Par suite d'un commun accord, la direction supérieure des divisions alliées fut dévolue à l'officier général le plus élevé en grade; c'était le vice-amiral anglais Codrington. Il fut convenu qu'elles entreraient sur deux colonnes, les Anglais et les Français à droite, les Russes à gauche. Le vice-amiral Codrington réserva à l'Asia, sur lequel était arboré son pavillon, le travers du vaisseau amiral turc; les autres vaisseaux anglais devaient le suivre dans la partie Est de la rade. La division française avait ordre de laisser tomber l'ancre dans le Sud, dès qu'elle aurait dépassé la citadelle. Enfin les Russes devaient prendre leur mouillage devant le front Nord des Turcs. La place réservée aux frégates était auprès de l'île Spacterie; toutefois, la Sirène qui portait le pavillon du contre-amiral de Rigny, devait se mêler aux vaisseaux, et la frégate anglaise Dartmouth, assistée de tous les bâtiments légers, reçut la mission de surveiller les brûlots.

Le 20 octobre à midi, le vent se trouvant favorable, le commandant en chef signala l'ordre de marche sur deux colonnes. Cet ordre ne fut pas même formé: au lieu de prendre le poste qui leur avait été assigné, les Russes se placèrent derrière les Français, à une assez grande distance, et ne forcèrent de voiles que quand les premiers coups de canon furent tirés; ils dépassèrent alors le der

FRANÇAIS.

ANGLAIS.

nier vaisseau français. Les trois divisions entrèrent en rade dans l'ordre suivant; les avisos étaient à gauche de

la ligne.

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RUSSES.

Hugon.

Turpin.

Frézier.

capitaine Lazareff.

comte de Heyden, contre-amiral.

capitaine Avinoff.

Swinkine.

Bogdanowistch.

Kroustschoff.

Yepantschine II.

Castor.

Yepantschine I.

Sitine.

A 21 de l'après-midi, le vaisseau de tête des divisions alliées avait dépassé les batteries et donnait dans la rade; un quart d'heure plus tard, il laissait tomber l'ancre à son poste et successivement tous les vaisseaux et les frégates de l'escadre anglaise l'imitèrent. La Sirène prit ensuite son mouillage à portée de pistolet et en dedans de la première frégate égyptienne. Dans ce moment, un canot de la

IV

(1) Les deux frégates Glascow et Cambrian ne purent prendre leur poste et n'entrèrent que plus tard.

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Dartmouth, envoyé au capitaine de l'un des brûlots pour l'engager à s'éloigner un peu, reçut un coup de feu qui tua l'officier chargé de cette mission; on riposta de l'embarcation, et la frégate anglaise soutint son canot par une vive fusillade. Presque au même instant, et alors que, de la Sirène, on prévenait le capitaine de la frégate égyptienne IZANIA que s'il ne tirait pas on ne ferait pas feu sur lui, deux coups de canon partirent d'un bâtiment placé en seconde ligne; un des boulets prit la direction de la Dartmouth; l'autre tua un homme à bord de la Sirène. Cette dernière ouvrit son feu sur ce bâtiment et eut immédiatement à soutenir celui de la frégate égyptienne (1). Il était alors 2h 30m. Pendant que cela se passait à l'entrée de la baie, le pilote interprète du vice-amiral Codrington recevait un coup de feu qui lui donnait la mort, alors qu'il allait porter à l'amiral turc la convention offerte à Ibrahim par le commandant de la division française. De ce moment, l'engagement devint général. Le Trident et le Breslaw, qui étaient encore sous voiles, furent le but des boulets des batteries de terre; la division russe partagea cette faveur elle força de voiles et doubla le Breslaw. L'aile droite de l'escadre turco-égyptienne n'eut pas d'abord d'adversaires, car les Russes, contrariés par la faiblesse de la brise, mirent quelque temps à atteindre le poste qu'ils devaient occuper; leur amiral laissa du reste un assez grand vide entre sa division et les vaisseaux anglais.

La canonnade, de plus en plus vive, annonçait de part et d'autre un égal acharnement, mais on ne pouvait juger de ses résultats, car dès les premières détonations de l'artillerie, le vent était totalement tombé, et un nuage impénétrable de fumée enveloppait tous les bâtiments. Cependant, quoique vivement disputée, la victoire ne parut pas un instant douteuse. La science militaire et la disci

(1) Cette version, je le sais, n'est pas celle généralement accréditée ; j'écris d'après le rapport officiel.

pline européenne devaient triompher de la fougue ottomane. C'est en effet ce qui arriva. On doit aux deux partis de dire que, si dans ce combat, les officiers et les marins des divisions alliées soutinrent dignement l'honneur du pavillon de leur nation, les capitaines et les équipages de l'escadre ennemie déployèrent un grand courage et donnèrent les preuves les plus éclatantes de cette bravoure furieuse qui distingue les musulmans. Par une exception, peut-être unique dans les fastes des guerres maritimes, on ne vit pas un seul bâtiment turc, égyptien ou tunisien, quelque faible qu'il fût, céder sans combattre. ·Disons mieux. Vaincus et réduits à cet état de délabrement, à cet état d'anéantissement de tout moyen de défense où l'on peut amener son pavillon sans déshonneur, leurs capitaines ne se rendaient pas, soit qu'ils fussent poussés par le fanatisme, soit qu'ils ignorassent les usages de la guerre entre nations civilisées. Quand ils jugeaient que la résistance était devenue impossible, ils mettaient le feu à leurs bâtiments et non-seulement ils les empêchaient ainsi de tomber au pouvoir des chrétiens, mais ils en faisaient un nouveau danger pour les alliés. Plus redoutables alors que quand leurs canons vomissaient le fer et la mort, ces bâtiments, transformés en brûlots, menaçaient de destruction tout ce qui les approchait et finissaient par sauter en l'air en lançant au loin leurs débris enflammés qui propageaient l'incendie dans toute la rade. A 5, l'escadre des musulmans était détruite; les frégates et tous les vaisseaux étaient coulés ou incendiés et, à part un très-petit nombre de bâtiments demeurés à leur poste, mais entièrement démâtés, le reste était échoué à la côte. La citadelle tirait encore; les vaisseaux qui, jusque-là, avaient partagé leur feu entre elle et les bâtiments turcs ou égyptiens, le lui réservèrent exclusivement, et elle fut bientôt réduite au silence. Qu'on se représente une centaine de bâtiments de guerre de tout rang, faisant feu dans un bassin relativement resserré; les incendies et les explo

sions qui en étaient la conséquence; les équipages se jetant à la nage pour fuir une catastrophe inévitable, et les malheureux qui, incapables de suivre leurs compagnons, étaient lancés au loin avec les débris de leurs bâtiments, et l'on aura une faible idée de l'épouvantable spectacle que la baie de Navarin offrit pendant plusieurs heures.

Le combat entre la Sirène et la frégate épyptienne IZANIA durait depuis plus d'une heure, lorsque le feu se déclara à bord de la dernière. L'incendie se propagea avec une rapidité effrayante, et le capitaine Robert n'avait encore pu s'éloigner, qu'une explosion lui annonçait la destruction complète de son adversaire. Les deux frégates étaient si rapprochées l'une de l'autre que la commotion abattit le mât d'artimon de la Sirène et le jeta sur le gaillard; celle-ci dirigea alors ses coups sur les bâtiments les plus voisins. Au fort du combat, cette frégate avait été menacée d'être accrochée par un brûlot; elle en avait été préservée par les embarcations du Trident, de la Dartmouth et de la Rose.

La faiblesse de la brise empêcha le Scipion de prendre son poste; au lieu de mouiller au Nord de la Sirène, le capitaine Milius laissa tomber l'ancre dans l'Ouest de cette frégate. Ce vaisseau fut presque immédiatement accroché sous le beaupré par un fort brûlot qui le mit dans un grand danger; quatre fois le feu prit à bord. L'enseigne de vaisseau Trogoff (Louis), du Trident, parvint à éloigner ce brûlot quoiqu'il fût en pleine combustion, et il reçut alors l'aide de trois embarcations anglaises. Mais bientôt celles-ci larguèrent la remorque et, incapable de traîner ce navire plus au large avec un seul canot, l'enseigne de vaisseau Trogoff le laissa aller en dérive : il tomba sur la Daphné qui réussit à le repousser, et il fut porté au milieu d'un groupe de bâtiments turcs et égyptiens. Le capitaine Milius embossa son vaisseau de manière à canonner en même temps quelque bâtiment ennemi d'un bord, et la citadelle de Navarin de l'autre.

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