Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

division anglaise eut à combattre. Les batteries des Sables d'Olonne, qui ne protégent qu'une rade foraine, fréquentée seulement par des caboteurs, n'ont jamais été des batteries formidables powerful batteries, ainsi que les appelle M. James, l'historien de la marine anglaise; et la part qu'elles prirent à cette affaire est suffisamment indiquée par la phrase suivante, extraite de la relation qu'il a publiée: «The loss, if any, that was sustained on shore, does not appear in the French account. » Les pertes supportées par les batteries de terre, si toutefois elles en supportėrent, ne sont point mentionnées dans le rapport français. C'est qu'en effet il n'y eut de blessé dans ces batteries que le capitaine de frégate Guiné, frappé à la tête par une motte de terre que détacha un des boulets de la Calypso. Les capitaines anglais étaient trop avisés pour perdre leur temps à tirer sur des batteries qui ne les inquiétaient pas, quand ils avaient à riposter à des frégates qui leur opposaient une sérieuse résistance.

Poussé par une jolie brise de S.-E., l'ennemi était à portée de canon lorsque les frégates eurent fini de s'embosser. Les vaisseaux anglais prolongèrent la côte et laissèrent au large les plateaux de roches entre lesquels avaient passé les frégates françaises. Le DEFIANCE, qui tenait la tête de la ligne, mit le cap sur l'Italienne avec l'intention apparente de l'aborder; mais le feu des frégates, et la crainte probable d'une brusque diminution de fond, forcèrent le capitaine Hotham à renoncer à son projet ; il vint au vent en carguant ses voiles, et mouilla par le bossoir de tribord de l'Italienne, à portée de pistolet. Le contre-amiral Stopford qui trouva la manœuvre du DɛFIANCE imprudente, voulut que le CESAR et le DONEGAL combattissent sous voiles; tous deux mirent en panne, le premier par le travers de la Cybèle, l'autre à côté de la Calypso; la frégate et le brig se tinrent au large; l'AMELIA seule joignit sou feu à celui des vaisseaux, une demi-heure après que le DEFIANCE eut commencé le sien. Le capitaine

de ce vaisseau avait pris un parti vigoureux, et il est probable que si ses coups eussent été bien dirigés, il eût promptement coulé ou réduit les frégates, ou au moins celle qui était par son travers; mais la plupart de ses boulets portèrent trop haut et ne firent que hacher le grément et cribler la mâture de l'Italienne Bon nombre de boulets frappèrent cependant dans la coque de la frégate et, des porte-haubans de misaine au bossoir, on en comptait 18 qui, après avoir traversé les deux murailles, avaient presque tous ricoché sur la Cybèle. Le plus grand avantage que tira le capitaine du DEFIANCE de la position qu'il avait prise, fut de diriger un feu plongeant de mousqueterie sur les gaillards de la frégate. Ses valets mirent même le feu à bord de celle-ci, mais il fut facilement éteint. Le CESAR et le DONEGAL continuèrent à combattre sous voiles, et leurs projectiles, tirés de plus loin que ceux du DɛFIANCE, portaient moins haut et faisaient plus de ravages. A 11b 50, les câbles de l'Italienne et ceux de la Cybèle furent coupés par les boulets de l'ennemi et ces deux frégates s'échouèrent à la plage, mais fort heureusement, dans une position assez favorable pour que leur feu ne fût pas ralenti par cet accident. Aussitôt que le jusant commença, le contre-amiral Stopford fit le signal de se retirer il était midi. Le DEFIANCE se disposa à appareil- ‹ ler; pour abattre au large, il lui fallut filer son embossure et, pendant quelques minutes, il présenta l'arrière aux frégates. Libres de concentrer leur feu sur lui, celles-ci eurent bientôt pratiqué une large ouverture dans sa poupe. En ce moment, le feu du vaisseau anglais cessa: le pavillon ne flottait plus à la corne; la brigantine avait été traversée par plus de vingt boulets, et l'un d'eux avait probablement coupé la drisse du pavillon. Dans l'ivresse du combat, les équipages français ne doutèrent pas que le vaisseau n'eût amené, et les cris de Vive l'Empereur! retentirent spontanément à bord des trois frégates. Un canot de l'Italienne fut expédié pour aller amariner le DEFiance

et conduire son capitaine à terre. On sentait bien que l'ennemi pouvait encore anéantir les frégates, et s'opposer à la prise de possession du DEFIANCE; on voulait du moins, en enlevant le capitaine de ce vaisseau, établir d'une façon incontestable le succès inespéré obtenu dans une première attaque. Le DEFIANCE avait hissé son petit hunier tout en lambeaux; un boulet en coupa l'itague et la vergue retomba sur le chouque. Ce fut pour ce vaisseau un moment critique; le CESAR, le DONEGAL et l'AMELIA étaient alors à environ deux milles dans le Sud et, par conséquent, hors de portée de lui prêter un secours efficace. Si ce vaisseau eût abattu du côté de terre, il est probable qu'il se fût échoué; et comme la mer baissait rapidement, il fût infailliblement resté au pouvoir des Français. Mais son abattée au large était déjà décidée et, laissant tomber sa misaine, il envoya à la Calypso une bordée qui fut la plus meurtrière de celles que cette frégate avait reçues. La division anglaise qui avait viré pour se rapprocher du DEFIANCE salua les frégates françaises d'une bordée qui termina le combat; il était midi et demi.

Les trois frégates étaient échouées, mais la mer était belle; elles appuyaient sur un fond de sable fin sans se faire aucun mal. Elles avaient cependant beaucoup souffert pendant le combat et avaient éprouvé des pertes assez considérables, Du côté des Anglais, le DEFIANCE était naturellement le plus maltraité; les avaries des deux autres vaisseaux n'avaient porté que dans la mâture.

Dès que la division ennemie se fut éloignée, les capitaines français s'occupèrent de remettre leurs frégates à flot; le soir même à 10, elles étaient relevées toutes les trois; toutefois, l'état de leurs mâtures ne permettant pas l'appareillage immédiat, le commandant Jurien prescrivit les mesures nécessaires pour repousser toute attaque qui pourrait être dirigée contre elles. Au lever du soleil, on aperçut encore l'ennemi au large, en moindre force il est vrai, mais en force suffisante pour mettre obstacle à l'appareil

lage des frégates. Il fallait cependant prendre un parti, car la rade des Sables n'est pas tenable avec des vents de la partie de l'Ouest. Les trois capitaines furent d'avis que le moyen qui offrait le plus de chances de sauver les frégates était de les faire entrer dans le port; bien qu'asséchant à chaque marée, ce bassin pouvait les recevoir entièrement léges, et l'on attendrait ainsi qu'une circonstance favorable permit de les conduire à Rochefort. Dans ce but, on mit en réquisition toutes les embarcations du pays, et l'on débarqua les vivres, l'artillerie, les munitions de guerre et les objets d'armement et de rechanges. Pendant qu'on y travaillait, les vents passèrent au S.-O. et la mer devint grosse; les frégates furent de nouveau portées au plain. On put encore une fois les remettre à flot et, le cinquième jour après le combat, la Calypso et l'Italienne entrèrent dans la darse et furent béquillées. Quant à la Cybèle qui était un vieux bâtiment, elle ne put être relevée; son petit fond se détacha d'abord, et un coup de vent acheva de la démolir. Les équipages des trois frégates furent dirigés sur Nantes et sur Lorient.

Près d'une année s'était écoulée depuis le combat des Sables d'Olonne, lorsque des ordres furent donnés pour que l'Italienne et la Calypso fussent conduites à Rochefort. Mais dès que les Anglais eurent connaissance des dispositions qu'elles faisaient, ils les surveillèrent de telle sorte qu'on renonça à les faire sortir. Elles furent vendues au

commerce.

La division qui était à Lorient, sous les ordres du capitaine de vaisseau Troude, était composée des vaisseaux

[blocks in formation]

On doit se rappeler qu'il était 51 15m du soir, c'est-à-dire qu'il faisait nuit close lorsque, le 21 février, l'escadre du contre-amiral Willaumez fut signalée à Lorient. Quant au brig le Nisus et à la goëlette la Magpie qui avaient été expédiés en avant par cet officier général, pour prévenir le commandant Troude de la sortie de l'escadre, ils furent, comme l'escadre elle-même, contrariés par la faiblesse de la brise, et il était minuit lorsque les capitaines de ces avisos montèrent à bord du Courageux. Les côtes de France n'étaient pas éclairées, à cette époque, comme elles le sont aujourd'hui; et, quoique le vent fût favorable, bien que très-faible, on eût vainement cherché un pilote qui consentît à sortir 3 vaisseaux et 5 frégates à voiles de la rade de Lorient à pareille heure. Le commandant Troude dut donc attendre le jour; mais, au jour, il faisait calme plat, et cet état de choses dura toute la journée, bien qu'au large on ressentit une petite fraîcheur de S.-E. Alors même que cette faible brise eût pénétré en rade, il eût encore été impossible de sortir. Il ne faut pas oublier que lorsqu'on parle de vents de S.-E., on ne tient nul compte de la variation de l'aiguille aimantée. Le vent dit de S.-E. soufflait donc réellement du S.-S.-E. Le mouillage de Penmané, où les vaisseaux étaient à l'ancre, est situé, on le sait, à l'entrée de la rivière le Blavet. Pour atteindre le passage entre la roche Pengarne et le plateau des Sœurs, il faut faire le S.-O. du monde, et ensuite le S.-S-O. pour élonger l'île Saint-Michel et passer dans l'Ouest du banc du Turc. Ce banc doublé, on doit gouverner au S. 1/4 S.-E. jusqu'à Port-Louis, et après avoir dépassé la citadelle, on fait le S. 1/4 S.-O., le S -S.-O. ou le S.-O., suivant la direction qu'on compte prendre une fois en dehors des passes. Or toutes ces passes sont tellement entourées de récifs, qu'on ne saurait, sans une grande imprudence, s'aventurer dans ces parages sans avoir vent sous vergues, et surtout sans avoir la possibilité de distinguer les points qui peuvent indiquer si l'on s'est maintenu

« ZurückWeiter »