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VENERABLE de 82 canons, capitaine James Worth, à bord duquel se trouvait le contre-amiral Charles Durham qui allait prendre le commandement de l'escadre des Antilles. La corvette de 32 CYANE, capitaine Thomas Forrest, et le JASON, corsaire français de 2 canons capturé depuis quelques jours, accompagnaient le VENERABLE. La brise était faible de l'E.-S.-E. L'Alcmène reçut l'ordre de se tenir à portée de voix derrière l'Iphigénie et de suivre tous ses mouvements. Le capitaine Émeric fit même connaître à la voix les fausses routes qu'il avait l'intention de suivre pendant la nuit. Les deux frégates prirent ensuite le plus près tribord amures. A 6h 15m du soir, et sans qu'on pût en apprécier le motif, l'Alcmène laissa arriver et s'éloigna de l'Iphigénie, qui bientôt perdit de vue sa conserve et les chasseurs ennemis. Un quart d'heure après, quelques coups de canon furent entendus sous le vent, mais la canonnade ne dura pas plus de cinq à six minutes (1). La position du capitaine Émeric était difficile. Ou l'Alemène avait réussi à doubler le vaisseau qui, au moment de la séparation, était par sa hanche de dessous le vent, et se faisait chasser par lui, ou elle avait amené son pavillon. Dans la première hypothèse, c'était compromettre l'Iphigénie que de se porter dans la direction où la canonnade avait été entendue; cette manœuvre était encore bien plus imprudente dans la seconde. On ne voyait rien et le canon avait cessé de retentir. Le capitaine Émeric laissa arriver de deux quarts et continua sa route. Voici ce qui avait eu lieu. Hélé par le VENERABLE d'amener son pavillon, le capitaine Ducrest Villeneuve avait laissé arriver en grand, dans le but de briser le mât de beaupré du vaisseau anglais et de rendre toute poursuite impossible, sauf à le combattre ainsi, au cas où ce mât resterait engagé

(1) Rapport du capitaine Émeric. La version anglaise dit « moins de dix minutes. D'après elle, il était 6h.15m lorsque le VENERABLE héla l'Alemène, et moins de 6,25m lorsque le pavillon de la frégate fut amené. W. James. The naval history of Great Britain.

dans les haubans de la frégate. Mais le capitaine du VENERABLE avait lui-même laissé arriver aux premiers coups de canon de l'Alcmène et, au lieu d'aborder le vaisseau de la manière dont son capitaine avait pensé pouvoir le faire, la frégate l'avait élongé de long en long. Son pont avait été promptement envahi par les Anglais, et après une courte, mais vive résistance que le capitaine Ducrest Villeneuve estima avoir duré vingt minutes, le pavillon français avait été amené. Le capitaine Ducrest Villeneuve avait reçu une blessure.

La CYANE et le JASON Suivirent l'Iphigénie et, vers le milieu de la nuit, ces deux avisos ne craignirent pas de harceler cette frégate, moins dans l'espoir de lui occasionner quelque avarie, que pour guider le Venerable; l'Iphigénie leur répondit avec ses canons de retraite. Lorsque le jour commença à paraître, les deux audacieux capitaines s'éloignèrent le vaisseau n'était plus en vue. L'Iphigénie les poursuivit et envoya deux ou trois volées à la corvette, mais la supériorité de sa marche l'eut bientôt mise hors de la portée des boulets. Le capitaine Forrest détacha alors le JASON à la recherche du VENERABLE, et il reprit son rôle d'observateur. Le capitaine Émeric devinant le motif de cette séparation, changea de direction et gouverna à l'Ouest; cette route le conduisait sur SainteMarie des Açores, rendez-vous qu'il avait indiqué la veille à l'Alcmène. Le 19, deux voiles furent aperçues dans l'Est; c'étaient le VENERABLE et l'Alcmène. Le contre-amiral Durham avait appris de l'un des prisonniers de la frégate capturée le lieu où elle devait retrouver sa compagne, et il s'était de suite dirigé de ce côté. Le capitaine de l'Iphigénie toujours ignorant du sort de l'Alemène, avait aussi poursuivi la route qui y menait et, le 19, ainsi que je viens de le dire, il rencontra de nouveau le vaisseau anglais. Ce fut en vain qu'il essaya de faire perdre ses traces pendant la nuit; le VENERABLE approchait toujours; trois fois le capitaine Émeric embarda et lui envoya des bordées entières

sans réussir à ralentir sa marche. A 8 du matin, celui-ci fit une arrivée, déchargea ses batteries sur la frégate qui riposta et amena son pavillon. L'Iphigénie prit rang parmi les frégates de 40 canons de la marine anglaise sous le nom de GLOIRE. L'Alcmene fut nommée l'Immortalité. Les capitaines de frégate Émeric et Ducrest Villeneuve furent jugés et acquittés honorablement.

Les frégates de 44° l'Étoile et la Sultane, capitaines Philibert et Dupetit-Thouars (Georges), sortirent aussi de Nantes, au mois de novembre 1813, pour aller croiser dans divers parages. Le 18 janvier 1814, à 180 lieues dans le N.-O. des îles du Cap Vert, un convoi fut signalé dans le Nord; le laissant continuer sa route à l'Ouest, les deux frégates chassèrent la frégate anglaise de 40 canons SEVERN, capitaine Joseph Nourse, qui l'escortait. Une canonnade à distance s'établit entre l'Étoile et la SEVERN; mais celle-ci ayant un grand avantage de marche, la chasse fut levée. L'Étoile et la Sultane relâchèrent à l'île Mayo.

Le 24, les frégates anglaises de 42° CREOLE et ASTRÆA, capitaines Charles Mackenzie et John Eveleigh, furent aperçues se dirigeant sur le mouillage; à midi, les frégates françaises étaient sous voiles courant bâbord amures avec une brise fraîche de N.-E. Une demi-heure plus tard, la CREOLE Canonnait la Sultane qui était la dernière et bientôt après, l'ASTREA joignit son feu à celui de sa conserve; elle ne s'arrêta cependant pas pour combattre, et se dirigea sur l'Étoile, distante en ce moment d'environ un demimille, le perroquet de fougue sur le mât. Le combat entre la CREOLE et la Sultane prit une grande vigueur; à 2a 30TM, la dernière perdit son mât d'artimon. Quoique moins apparentes, les avaries de la frégate anglaise n'étaient pas sans importance, et deux fois déjà elle avait eu le feu à bord. Aussi, à 31, abandonna-t-elle la partie pour faire route au N.-O., direction dans laquelle restait l'île San Yago.

Il était 2h 30m lorsque l'ASTREA arriva par le travers de l'Étoile. La roue du gouvernail de la frégate anglaise ayant été brisée à la seconde bordée, elle fit une grande arrivée qui permit au capitaine Philibert de lui envoyer en poupe une volée dont l'effet fut destructif. L'ASTREA prit les amures à l'autre bord, manœuvre qui fut imitée par l'Étoile, et les deux frégates continuèrent le combat vergues à vergues. Blessé mortellement, le capitaine Eveleigh venait d'être remplacé par le lieutenant John Bulford. Le capitaine de l'Étoile réussit à envoyer une nouvelle bordée d'enfilade à l'ASTREA en passant derrière elle, et après avoir combattu pendant un quart d'heure encore sous le vent, il rallia la Sultane. Cette détermination du capitaine Philibert était la conséquence de la présence d'un vaisseau anglais et de plusieurs frégates à la Praya; il eût été imprudent de s'écarter de l'île Mayo où les deux frégates pouvaient entrer pour faire des réparations qu'il était bien difficile de terminer à la mer. Elles y mouillèrent. L'ASTREA avait à peine été abandonnée que son mât d'artimon s'abattit: elle se rendit à la Praya avec la CREOLE. L'Étoile et la Sultane avaient 28 canons de 18, de 8

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et 14 caronades de 24.

La CREOLE et l'ASTREA portaient 26 canons

de 18,

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Deux autres frégates de 44 canons, l'Atalante et la Terpsichore, capitaines Mallet (Louis) et Breton, sorties de Lorient dans les premiers jours du mois de janvier, aperçurent dans l'Est des Açores, le vaisseau rasé anglais de 58° MAJESTIC, capitaine John Hayer. On était au 3 février. Vers 11h 45m du matin, alors que la force de ce bâtiment put être exactement reconnue, le capitaine de l'Atalante laissa arriver vent arrière et, se couvrant de voiles, il fit signal à la Terpsichore

il

d'imiter sa manœuvre. Le MAJESTIC atteignit cette dernière frégate qui restait en arrière de sa compagne et, à 3a, engagea avec elle une canonnade de chasse et de retraite. Deux heures après, la frégate française amena son pavillon; ses avaries étaient insignifiantes, et elle n'avait pas perdu un seul homme.

Le capitaine de frégate Breton fut déclaré non coupable par le conseil de guerre qui eut mission de le juger. L'Atalante continua sa route et, le 25, elle entra à Concarneau; le 14 du mois suivant, elle était à Lorient.

Aussitôt que le roi Murat eut abandonné la cause de Napoléon, le pavillon napolitain fut arboré sur la citadelle de Brindisi, et les frégates anglaises CERBERUS et APOLLO qui se tenaient au large, se dirigèrent vers le port dans lequel se trouvait la frégate de 44° l'Uranie, capitaine Margollé. Cet officier n'ayant plus à compter sur la neutralité du royaume des Deux-Siciles pour arrêter ces frégates, prit promptement son parti; dès qu'il eut acquis la certitude. que les batteries de terre ne s'opposeraient pas à leur entrée, il fit évacuer l'Uranie et la livra aux flammes.

On a vu comment, chassées à leur sortie de Brest, les frégates de 44° la Cérès et la Clorinde s'étaient séparées (1). Lorsque le capitaine Denis Lagarde, qui commandait la dernière, eut perdu les chasseurs de vue, il se dirigea sur les Açores et de là sur les Canaries, où il s'établit en croisière. Une voie d'eau assez considérable, des avaries au beaupré et au mât de misaine le déterminèrent bientôt à effectuer son retour en France. Le 25 février, à 130 lieues dans l'Ouest des Penmarcks, il aperçut au vent, qui soufflait bon frais du S.-O., la frégate anglaise de 48 EUROtas, capi

(1) Page 189.

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