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L'Astrée ayant alors réparé ses avaries, se rapprocha et canonna de nouveau l'AFRICAINE; celle-ci ne lui riposta pas: elle venait d'amener. Il était 4b 30m. Le capitaine Lemarant, qui ignorait cette circonstance, manœuvra pour mettre la frégate anglaise entre deux feux; il l'aborda même, et tomba avec elle sur l'Iphigénie. Cet événement pouvait avoir des conséquences funestes; mais les frégates eurent fort heureusement le temps de se dégager avant l'arrivée des autres bâtiments ennemis. L'AFRICAINE était criblée dans toutes ses parties. Ses pertes, en tués et blessés, s'élevaient à plus des trois quarts de son équipage. Tous les officiers de l'état-major et ceux de l'armée de terre embarqués volontairement pour prendre part à un combat naval, avaient succombé ou étaient plus ou moins grièvement blessés. Le major Barry, secrétaire général du gouverneur anglais de la Réunion, passager à bord de la frégate, était le seul officier qui n'eût pas reçu de blessure.

Le combat de l'AFRICAINE était une espèce de croisade dans laquelle la présomption anglaise avait été, une fois encore, humiliée et punie. L'arrivée du capitaine Corbett avait excité un vif enthousiasme parmi la garnison de SaintPaul. Dans un banquet qui lui fut donné, on porta un toast aux succès du capitaine qui ralliait la division du commodore Rowley pour combattre les frégates françaises. Un toast fut aussi porté au capitaine Bouvet, dans l'espoir que le capitaine Corbett procurerait prochainement aux convives le plaisir de faire la connaissance de cet officier. L'exaltation n'avait pas tardé à arriver à son comble, et chacun s'était empressé de solliciter du gouverneur la permission d'embarquer à bord de l'AFRICAINE pour coopérer à la prise des frégates françaises. Entraîné par le mouvement général, le gouverneur avait donné son consentement, et avait en outre autorisé l'embarquement de 100 grenadiers qui avaient demandé à faire partie des volontaires (1). De tout

(1) Rapport du capitaine Bouvet. M. W. James, The naval history of, etc.,

ce, brillant état-major, je l'ai dit, un seul officier était resté debout; des 100 grenadiers volontaires, 98 avaient été mis hors de combat; de tout l'équipage enfin, il ne resta que 69 hommes valides (1).

Le jour, en se faisant, le 13 septembre, permit aux capitaines français d'apercevoir la BOADICEA à grande portée de canon. Après un court examen du champ de bataille, examen à la suite duquel il ne put lui rester d'incertitude sur le résultat du combat de la nuit, puisque le pavillon français flottait sur l'AFRICAINE, le commodore Rowley rallia l'OTTER et le STAUNCH. L'Astrée lui donna la chasse pendant une heure, revint amariner l'AFRICAINE, et la prit à la remorque. Les ponts de la frégate anglaise étaient couverts de débris et de cadavres. Elle n'avait perdu que son mât de perroquet de fougue et ses mâts de perroquet; mais les autres, percés de toutes parts, n'étaient plus soutenus que par quelques rares cordages. Bientôt le mât de misaine s'abattit sur bâbord et successivement les deux autres tombèrent à la mer. L'enseigne de vaisseau Mondon fut désigné pour prendre le commandement de la frégate. Vers 3h 30m, le commodore Rowley se rapprocha des frégates françaises. L'AFRICAINE n'était pas encore déblayée. Emmener cette frégate dans un pareil état était chose d'autant plus impossible, que l'Astrée et l'Iphigénie étaient elles-mêmes incapables de soutenir un second combat. L'Astrée envoya chercher les hommes qu'elle avait mis à bord de la frégate anglaise et, abandonnant sa prise, elle s'éloigna avec sa compagne. Cette détermination eut malheureusement lieu avant que l'AFRICAINE eût été complétement évacuée : l'enseigne de vaisseau Mondon et huit hommes étaient restés à bord.

dit que 26 hommes du 86° régiment furent seuls embarqués pour remplacer les blessés.

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(1) Notice sur les campagnes du capitaine Bouvet. — Moniteur universel du 18 décembre 1810. L'historien anglais dit que l'AFRICAINE eut 49 tués et 114 blessés.

Lorsque cet officier n'eut plus de doutes sur les intentions des capitaines des frégates, il fit jeter à la mer les munitions et les ustensiles de canonnage, encloua les canons. à l'exception de cinq qu'il déchargea sur la BoADICEA et à 51 du soir, il amena le pavillon. Les deux frégates françaises mouillèrent le 22 au Port Nord-Ouest, avec le brig de 16 de la Compagnie anglaise AURORA dont elles s'emparèrent le jour même de leur entrée.

Le 17 septembre au matin, le capitaine Charles Gordon de la frégate anglaise de 40° CEYLON, se rendant de Madras à la Réunion, passa devant le Port Nord-Ouest de l'île de France où il croyait trouver le commodore Rowley. Trompé dans son attente, il continua sa route; mais sa frégate avait été aperçue, et le capitaine Hamelin (Jacques) appareilla avec la Vénus et le Victor pour lui donner la chasse. Le vent était à l'E.-S.-E. Un peu après minuit, la Vėnus prenait poste et engageait le combat par la hanche de tribord de la frégate anglaise. A 1h 15m, le capitaine Hamelin se laissa culer, passa à poupe de la CEYLON en lui envoyant une bordée d'enfilade et, loffant aussitôt, il se plaça par son travers de bâbord. Après un échange de quelques volées, il retourna de l'autre côté. La brise était fraîche. Obligée de porter ses voiles majeures et ses perroquets pour suivre son adversaire qui continuait sa route, la Vénus démâta, à 4 du matin, de son mât d'artimon, du grand et du petit mât de hune qui tombèrent à bâbord et engagèrent, de l'avant à l'arrière, le côté duquel elle combattait. Le capitaine Hamelin répéta alors par nécessité la manœuvre qu'il avait déjà faite; il passa sur l'arrière de la frégate anglaise et, d'une bordée, il lui abattit ses trois mâts de hune. Le feu de la CEYLON diminua alors subitement, car cette frégate se trouva dans la position où était la Vénus quelques instants' auparavant les débris de la mâture masquaient tous les sabords. A 5, son feu

cessa complétement, et ce silence put annoncer aux habitants de l'île de la Réunion que l'on commençait à distinguer dans l'ombre, qu'une des deux frégates avait amené son pavillon. Le Victor venait d'arriver auprès des combattants; mais dans l'impossibilité de reconnaître la frégate française, il s'était abstenu de tirer. Lorsque la fumée fut dissipée, le capitaine Morice reçut l'ordre de demander au capitaine anglais s'il se rendait. La réponse ayant été affirmative, il transporta cet officier supérieur et son état-major à bord de la Vénus et prit ensuite la CEYLON à la remorque. Le commandement de cette frégate fut donné au lieutenant de vaisseau Ducrest Villeneuve. Les pertes de la Vénus étaient considérables. Celles de la frégate anglaise, quoique grandes, ne l'étaient pas autant qu'on eût pu le supposer, car elle avait des troupes passagères. Le major-général Abercomby, qui devait prendre le commandement de l'expédition projetée contre l'île de France, était à bord.

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Le commodore Rowley qui était de retour à Saint-Denis, ne tarda pas à apercevoir la Vénus et l'ex-frégate anglaise CEYLON à la remorque du Victor. Il prit 50 hommes à l'AFRICAINE et, accompagnée de ses deux satellites OTTER et STAUNCH, la BOADICEA mit sous voiles et se dirigea sur les bâtiments français. Le capitaine Hamelin signala alors au Victor de larguer la remorque et de faire route pour l'île de France. Il n'y avait en effet pas de doutes possibles sur le résultat du nouveau combat qui allait s'engager. Dégréée et affaiblie à la suite d'une longue et sanglante

lutte, la Vénus devait tenter un dernier effort; mais la coopération du Victor ne pouvait lui être que d'une bien faible utilité; en éloignant cette corvette, le capitaine Hamelin conservait très-probablement un bâtiment de guerre à l'Empire et, à la division de l'Inde, un auxiliaire qui, malgré sa faiblesse, était pour elle une grande ressource. Dès que la frégate CEYLON fut abandonnée à ellemême, les Anglais laissés à bord hissèrent le pavillon de la Grande-Bretagne, sans que les Français, au nombre de 16, qui lui avaient été donnés pour équipage, pussent s'y opposer. La Vénus serra le vent bâbord amures et se porta au devant de la frégate anglaise ; à 5h 30m du matin, elle était par son travers. Après un combat de trois quarts d'heure qui n'occasionna que peu de pertes et d'avaries de part et d'autre, le pavillon de la Vénus fut amené. La BOADICEA prit la frégate française à la remorque, l'OTTER se chargea de la CEYLON, et tous se rendirent à Saint-Paul de la Réunion. Le Victor ne fut pas poursuivi; il arriva sans fâcheuse rencontre au Port Nord-Ouest de l'île de France. La Vénus fut classée parmi les frégates de la marine anglaise sous le nom de NEREIDS.

Chargé par le commandant en chef de l'armée d'Andalousie de diriger les opérations du siége de Cadix, le maréchal Victor, après avoir enlevé de vive force les forts de Matagorda et de Trocadero, avait embrassé dans une suite de redoutes tout l'espace qui s'étend de Santa Maria à Puerto Real, et de ce petit port, à Santi Petri. Mais, pour faire le siége de Cadix, il fallait transporter les troupes sur l'île de Léon, soit en traversant la rade, soit, ce qui était beaucoup moins difficile, en franchissant le canal qui sépare l'île de Léon de la terre ferme et qui porte le nom de canal Santi Petri. Le capitaine de vaisseau Saizieu, colonel des marins de la garde, fut chargé de réunir et d'armer la flottille dont le concours était nécessaire, quel

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