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Nous pensons avoir exposé fidèlement la doctrine de l'Église sur ce point. Four résumer, nous reproduirons ici quatre propositions formulées par la Sacrée-Congrégation de Iadex, le 11 juin 1855, approuvées par Notre SaintPère le Pape Pie IX, le 15 du même mois, et publiées par son ordre. Elles circonscrivent nettement la question; et désormais elles seront la règle de tout catholique qui aura à l'aborder. Elles ont aussi une très grande importance relativement à cet ouvrage, puisque la méthode de S. Thomas s'y trouve justifiée.

10 Etsi fides sit supra rationem, nulla tamen vera dissensio, nullum dissidium inter ipsas inveniri unquam potest, cum ambæ ab uno, eodemque immutabili veritatis fonte, Deo Optimo Maximo, oriantur, atque ita sibi mutuam opem ferant.

2o Ratiocinatio Dei exsistentiam, animæ spiritualitatem, hominis libertatem cum certitudine probare potest. Fides posterior est revelatione, proindeque ad probandum Dei existentiam contra atheum, ad probandum animæ rationalis spiritualitatem, ac libertaten contra naturalismi ac fatalismi sectatorem allegari convenienter nequit.

30 Rationis usus fidem præcedit, et ad ean hominen ope revelationis et gratia conducit.

10 Quoique la foi soit au dessus de la raison, il ne peut jamais exister entre elles aucune opposition, aucune contradiction, puisque toutes les deux viennent de la seule et même source immuable de vérité, de Dieu très bon et très grand, et qu'ainsi elles se prêtent un mutuel secours (Encyclique de Pie IX, du 9 novembre 1846).

2o Le raisonnement peut prouver avec certitude l'existence de Dieu, la spiritualité de l'âme, la liberté de l'homme. La foi est postérieure à la révélation; on ne peut donc convenablement l'alléguer pour prouver l'existence de Dieu contre l'athée, pour prouver la spiritualité et la liberté de l'âme raisonnable contre un sectateur du naturalisme et du fatalisme (Proposition souscrite par M. Bautain, le 8 septembre 1840).

et

3° L'usage de la raison précède la foi, y conduit l'homme par le secours de la révélation et de la grâce (Proposition souscrite par M. Bautain (37), le 8 septembre 1840).

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ejus consortium pervenire, damnanus systema eorum qui, naturalem et supernaturalem ordinem confundentes, et fidei rationem coæquentes, religionem divinam et philosophiam humanam dicunt duas sorores, pari jure ministerio animarum allaborantes, parique exitu, icet non eadem via, suos asseclas ad finem perfectum perducturas (Concil. prov. Burdigal., habit. anno 1850, p. 15).

(37) Nous donnons en entier, comme ayant rapport à la question présente, la déclaration présentée à M. Bautain par Mgr Ræss, alors coadjuteur de Strasbourg, et souscrite par lui, le 8 septembre 1840. « Désirant nous soumettre à la doctrine qui nous a été proposée par Mgr l'Evêque, nous, soussignés, déclarons adhérer, sans restriction aucune, aux propositions suivantes: 1o Le raisonnement peut prouver avec certitude l'existence de Dieu et l'infinité de ses perfections. La foi, don du ciel, suppose la révélation; elle ne peut donc pas convenablement être alléguée vis-à-vis d'un athée en preuve de l'existence de Dieu. 2o La divinité de la révélation mosaïque se prouve avec certitude par la tradition orale et écrite de la synagogue et du christianisme. 3° La preuve tirée des miracles de Jésus-Christ, sensible et frappante pour les témoins oculaires, n'a point perdu sa force avec son éclat vis-à-vis des générations subséquentes. Nous trouvons cette preuve en toute certitude, dans l'authenticité du Nouveau-Testament, dans la tradition orale et écrite de tous les chrétiens; et c'est par cette double tradition que nous devons la démontrer à l'incrédule qui la rejette, ou à ceux qui, sans l'admettre encore, la désirent.

T. 111.

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40 Methodus qua usi sunt D. Thomas, Divus Bonaventura et alii post ipsos scholastici non ad rationalismum ducit, neque causa fuit cur apud scholas hodiernas philosophia in naturalismum et pantheismura impingeret. Proinde non licet in crinen doc toribus et magistris illis vertere, quod methodum hanc, præsertim appprobante vel saltem tacente Ecclesia, usurpaverint.

40 La méthode dont se sont servis saint Thomas, saint Bonaventure et les autres scolastiques après eux, ne conduit point au rationalisme, et n'a point été cause que dans les écoles contemporaines la philosophie est tombée dans le rationalisme et le panthéisme. En conséquence, il n'est pas permis de faire un crime à ces docteurs et à ces maîtres de s'être servis de cette méthode, surtout en présence de l'approbation, ou au moins du silence de l'Église (Proposition contraire à diverses propositions de M. Bonnetty).

4. On n'a pas le droit d'attendre d'un incrédule qu'il admette la résurrection de notre divin Sauveur, avant de lui en avoir administré des preuves certaines; et ces preuves sont déduites par le raisonnement. 5° Sur ces questions diverses la raison précède la foi et doit nous y conduire. 6° Quelque faible et obscure que soit la raison par le péché originel, il lui reste assez de clarté et de force pour nous guider avec certitude à l'existence de Dieu, à la révélation faite aux Juifs par Moïse, aux chrétiens par notre adorable Homme-Dieu. » — L'école surnaturaliste, dont M Bautain fut pendant quelque temps le chef, ne reconnaissait d'autre source et d'autre criterium des vérités fondamentales, que nous appelons naturelles, qu'une révélation positive faite primitivement à l'homme et transmise par la voie de la tradition. Sans cette révélation, la raison, selon eux, serait restée dans une impuissance radicale et n'aurait jamais pu démontrer avec certitude aucune vérité. Par conséquent, la philosophie se trouverait supprimée entièrement. La vérité se trouve entre les deux systèmes opposés du naturalisme et du surnaturalisme; chacun d'eux la renferme en partie.

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CONTRE LES GENTILS.

LIVRE III.

CHAPITRE LXXXIV.

Les astres n'ont aucune influence sur notre intelligence.

De ce que nous avons établi jusqu'ici, il résulte clairement que les corps célestes ne peuvent rien produire dans l'ordre intellectuel. En effet:

to Nous avons prouvé que l'ordre de la Providence divine consiste en ce que les êtres supérieurs dirigent les êtres inférieurs et leur impriment le mouvement (ch. 81 et 82). Or, dans l'ordre de la nature,

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l'intelligence est au-dessus de tous les corps (ch. 49 et 78). Il est done impossible que les corps célestes agissent directement sur l'intelligence. Donc ils ne peuvent être par eux-mêmes la cause des faits qui dépendent de l'intelligence.

2o Aristote démontre que nul corps ne peut agir autrement que par le mouvement (1). Or, le mouvement ne produit rien d'immobile; car aucun effet ne résulte du mouvement d'un agent qu'autant que l'agent donne l'impulsion et que le sujet de l'action la reçoit. Donc les corps célestes sont incapables de produire les effets qui sont absolument étrangers au mouvement. Or, rigoureusement parlant, les faits de l'ordre intellectuel sont absolument étrangers au mouvement, comme Aristote le prouve et ce philosophe remarque encore que l'àme acquiert la prudence et la science à mesure que se calment les mouvements qui l'agitent (2). Donc les corps célestes ne peuvent être par eux-mêmes la cause d'aucun fait intellectuel.

(1) Aristote prouve, dans le VIII livre de ea Physique, que le premier moteur, cause universelle du mouvement, est nécessairement immobile ou immuable, et que sa substance est parfaitement simple: Patet impossibile esse primum movens atque immobile magnitudinem ullam habere (c. 10, sub fine). Il résulte de là que son action motrice est un acte de l'intelligence, et, par conséquent, que les corps, qui sont totalement dépourvus d'intelligence, ne peuvent agir ou mouvoir qu'autant qu'ils sont eux-mêmes en mouvement, puisque le mode d'action d'un être est déterminé par sa nature ou son mode d'existence.

(2) Quidquid alteratur a sensibilibus alteratur, et eorum duntaxat quæ ab illis afficiuntur alteratio est... At neque ejus partis animæ quæ intelligendi vim habet alteratio est; sciens enim maxime in his est quæ ad aliquid dicuntur. Hoc autem eo constat, quod nullius facultatis motu antegresso scientia in nobis oritur, sed aliquo suppetente. Etenim ex singulorum experientia universam scientiam nanciscimur. Nec sane actio generatio est, nisi aspectum et tactum generationes esse quispiam inquiat; ejusmodi enim est actio. Rursus usus et actionis generatio non est nisi aspectus et tactus generationem esse aliquis existimet. Atque agere simile est his. Scientiæ autem a principio acquisitio generatio non est, nec alteratio; cogitationem enim puñozi nzi otñvzı, hoc est, in quiete et statu poni, id demum éxicτácbai, hoc est scire et sapere dicimus. Ad mutationem autem, quæ est ad statum, generatio non est, quum omnino nullius sit mutationis, ut antea est dictum. Præterea, quemadmodum quum ab ebrietate, aut somno, aut morbo in contraria quispiam mutatur, non iterum scientem factum esse eum dicimus, quanquam antea scientia uti non posset, sic ne tum quidem quum a principio habitum comparaverit, quod enim anima ob moralem virtutem sedetur, prudens aliquis fit et sciens.

patet. Impossibile est igitur quod corpora | tur sunt omnino extra motum non possunt cœlestia agant in intellectum directe. Non igitur possunt esse causa per se eorum quæ sunt circa intellectum.

esse causata a corporibus cœlestibus. Sed ea quæ sunt circa intellectum sunt omnino extra motum per se loquendo, sicut patet 2o Adhuc, nullum corpus agit nisi per per Philosophum in septimo Physicorum motum, ut probatur in octavo Physicorum (c. 3); quin imo per quietem a motibus (passim). Quae autem sunt immobilia non fit anima prudens et sciens, ut ibidem dicausantur ex motu; nihil enim causatur excitur. Impossibile est ergo quod corpora motu alicujus agentis, nisi in quantum cœlestia sint per se causa eorum quæ sunt movet; passum autem movetur. Quæ igi- circa intellectum.

3o Si un corps ne peut rien produire qu'autant qu'il meut tandis qu'il est lui-même en mouvement, tout ce qui reçoit l'impression d'un corps est nécesairement mû. Or, le Philosophe démontre que les corps seuls se meuvent (3). Donc l'impression d'un corps ne peut affecter qu'un corps ou une puissance corporelle. Or, nous avons vu que l'intelligence n'est ni un corps, ni une puissance corporelle (liv. 11, ch. 49). il est donc impossible que les corps célestes influent directement sur l'intelligence.

4o Le moteur fait passer le mobile de la puissance à l'acte. Or, rien ne fait passer une chose de la puissance à l'acte que ce qui est en acte. Donc tout agent et tout moteur doit être en acte en quelque manière relativement aux choses pour lesquelles le mobile qui reçoit l'action est en puissance. Or, les corps célestes ne sont pas actuellement intelligibles puisqu'ils sont individuels et sensibles (4). Donc puisque notre intelligence n'est en puissance que pour les intelligibles en acte, il répugne d'admettre une action directe des corps célestes sur l'intelligence.

5o C'est la nature de la chose qui détermine son opération propre, et les ètres qui sont produits par voie de génération reçoivent tout Quocirca infantes nec discere possunt, nec sensibus perinde dijudicare atque seniores, quum multa in eis perturbatio sit et motus. Sedantur autem et ad statum a natura perducuntur, in quibusdam vero ab aliis, at in utriusque aliquo eorum quæ sunt in corpore alterato, veluti in usu et actione quum experrectus sit et sobrius factus. Hoc igitur quod est alterari, et alterationem esse in rebus sensibilibus et in parte animæ sentiente, in nullaque alia, ex his quæ dicta sunt manifestum est (Arist., Phys., VII, c. 3). (3) Non est in eo motus quod partibus vacat, propterea quod id quod movetur motum esse necesse est... Demonstratis autem his dicimus, id quod partibus vacat moveri non posse, misi per accidens; veluti si corpus, vel magnitudo in qua est, moveatur, quemadmodum si id quod est in navigio, actione navigii, vel totius motu pars moveatur; vacare autem id partibus dico quod est indivisibile quantitate (Arist., Phys., c. 8 et 10). (4) Au lieu que l'intelligible, comme tel, est universel et étranger à la matière.

actum nisi per id quod est actu. Oportet ergo omne agens et movens esse aliquo modo actu, respectu eorum ad quæ passum et motum est in potentia. Corpora autem cœlestia non sunt actu intelligibilia, quum sint quædam singularia sensibilia. Quum igitur intellectus noster non sit in potentia nisi ad intelligibilia in actu, impossibile est quod corpora cœlestia directe agant in intellectum.

3. Amplius, Si nihil causatur ab aliquo | autem reducitur ab aliquo de potentia in corpore, nisi in quantum movet dum movetur, oportet omne illud quod recipit impressionem alicujus corporis moveri. Nihil autem movetur nisi corpus, ut probatur in sexto Physicorum (c. 8 et 10). Oportet ergo omne id quod recipit impressionem alicujus corporis esse corpus vel aliquam virtutem corpoream. Ostensum est autem (l. 1, c. 49) quod intellectus neque est corpus neque virtus corporea. Impossibile est igitur quod corpora cœlestia directe imprimant in intellectum.

4° Item, Omne quod movetur ab aliquo reducitur ab eo da potentia in actum. Nihil

5° Adhuc, Propria operatio rei consequitur naturam ipsius, quæ rebus generatis per generationem acquiritur simul cum propria operatione; sicut patet de gravi et

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