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peur que l'agriculture n'en souffrit; ou même parce que des règlements interdisent l'usage de ces aliments pour mettre un frein à la concupiscence.

C'est pourquoi le Seigneur dit : Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme (Matth., xv, 41). Nous lisons encore: Mangez de tout ce qui se vend au marché, sans vous informer de rien, pour ne pas blesser votre conscience (I. Cor., x, 25). Il est dit : Toute créature de Dieu est bonne, et il ne faut rien rejeter de ce que l'on prend avec actions de grâces (I. Tim., iv, 4).

Ainsi est détruite l'erreur de ceux qui affirment que l'usage de certaines viandes est illicite par lui-même, et dont l'Apôtre dit au même endroit: Dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, en suivant des esprits d'erreur et les doctrines diaboliques.. de ceux qui interdiront le mariage et l'usage des aliments que Dieu a créés pour être pris avec actions de grâces (I. Tim., IV, 1 et 3).

Dès lors que l'usage des aliments et des plaisirs de la chair n'est point mauvais en lui-même, mais peut seulement devenir illicite, en tant qu'il sort de l'ordre fixé par la raison, et que d'ailleurs les biens extérieurs que l'on possède sont nécessaires pour pourvoir à la nourriture, à l'éducation des enfants, à l'entretien de la famille et aux autres besoins du corps, il s'ensuit que la possession des richesses n'est pas non plus mauvaise par elle-même, si l'on reste dans des limites raisonnables, en sorte que l'homme possède justement ses biens, qu'il ne mette pas en eux la fin de sa volonté, et qu'il en use de la manière convenable pour son avantage et celui des autres. Aussi l'Apôtre ne condamne pas les riches, mais il leur donne une

tiquitus comestio carnis bovinæ, ne agricul- | tura impediretur; vel etiam secundum quod aliquæ regulæ prohibent aliquibus cibis uti, ad concupiscentiam refrenandam.

Hinc est quod Dominus dicit : Non quod intrat in os coinquinat hominem (Matth., XV, 11); et dicitur: Omne quod in macello venit manducate, nihil interrogantes, propter conscientiam (1. Cor., x, 25); et dicitur: Omnis creatura Dei bona est, et nihil rejiciendum quod cum gratiarum actione percipitur (I. Tim., iv, 4).

Per hoc autem excluditur quorumdam error, qui usum quorumdam ciborum secundum se dicunt esse illicitum; de quibus Apostolus dicit ibidem: In novissimis temporibus, discedent quidam a fide, attendentes spiritibus erroris et doctrinis dæmoniorum...

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prohibentium nubere, abstinere a cibis quos Deus creavit ad percipiendum cum gratiarum actione (I. Tim., Iv, 1 et 3).

Quia vero usus ciborum et venereorum non est secundum se illicitus, sed solum, secundum quod exit ab ordine rationis, illicitus esse potest, ea vero quæ exterius possidentur necessaria sunt ad sumptionem ciborum, ad educationem prolis et sustentationem familiæ, et ad alias corporis necessitates, consequens est quod nec secundum se etiam divitiarum possessio est illicita, si ordo rationis servetur, ita scilicet quod juste homo possideat quæ habet, et quod in eis finem voluntatis suæ non constituat, et quod eis debito modo utatur ad suam et aliorum utilitatem.

Hinc est quod Apostolus divites non con

règle sûre pour l'usage de leurs richesses, quand il dit: Ordonnez aux riches de ce monde de n'être point orgueilleux, de ne pas mettre leur espérance dans des richesses incertaines, mais dans le Dieu vivant, qui nous donne abondamment toutes choses pour en jouir, de faire le bien, de se rendre riches en bonnes œuvres, de donner facilement l'aumône, de faire participer les autres à ce qu'ils possèdent (I. Tim., vi, 17 et 18); et ailleurs il est dit: Bienheureux le riche qui a été trouvé sans tache, qui n'a point couru après l'or, et n'a pas mis son espérance dans l'argent et les trésors (Eccli., XXXI, 8).

Tout cela anéantit l'erreur de certains hérétiques qui, au rapport de saint Augustin, « ont eu l'extrême présomption de se donner le « nom d'apostoliques, parce qu'ils ne recevaient pas dans leur com«munion ceux qui usaient du mariage et possédaient quelque chose « en propre. Tels sont, dans l'Église catholique, les moines et beaucoup de clercs. Mais ceux-ci sont hérétiques, parce que, se séparant a de l'Église, ils considèrent comme ayant perdu toute espérance « ceux qui font usage des choses dont ils se privent » (des Hérésies, ch. 40).

CHAPITRE CXXVIII.

Quels sont les rapports de l'homme avec son prochain, d'après la loi divine.

1o Ce que nous venons de dire prouve clairement que la loi divine incline l'homme à garder l'ordre indiqué par la raison pour toutes les choses dont il peut faire usage. Parmi tous les êtres qui peuvent être à l'usage de l'homme, les autres hommes tiennent le premier rang.

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aurum non abiit, nec speravit in pecunia et Quomodo secundum legem Dei homo ad proxithesauris (Eccli., XXXI, 8).

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Per hoc etiam excluditur quorumdam error, qui, ut Augustinus dicit: A postolicos se arrogantissime vocaverunt, eo quod in suam communionem non acci"perent utentes conjugibus et res proprias possidentes, quales habet catholica Ecclesia - et monachos et clericos plurimos; sed ideo

mum ordinatur.

1° Ex his ergo quæ dicta sunt manifestum est quod secundum legem divinam homo inducitur ut ordinem rationis servet in omnibus quæ in ejus usum venire possunt. Inter omnia autem quæ in usum hominis veniunt, præcipua sunt etiam alii ho

Or, par sa nature, l'homme est un animal destiné à la société; car il a besoin de beaucoup de choses auxquelles un seul ne saurait pourvoir. Donc la loi divine doit mettre l'homme dans une telle disposition, que ses rapports avec les autres hommes soient conformes à l'ordre de la raison.

2o La fin de la loi divine est de porter l'homme à s'attacher à Dieu. Or, pour arriver à ce but, les hommes s'entr'aident, soit pour acquérir la connaissance, soit même pour produire les actes nécessaires; car ils s'aident mutuellement à connaître la vérité, et l'un provoque l'autre au bien et l'éloigne du mal : c'est pourquoi les Livres Saints nous disent Le fer aiguise le fer, et l'homme excite le visage de son ami (Prov., xxvii, 17); Il vaut mieux que deux soient ensemble que de rester seuls; car ils tirent avantage de leur société: si l'un tombe, l'autre le soutiendra. Malheur à l'homme isolé! parce que lorsqu'il tombe, il n'a personne pour le relever. Si deux dorment ensemble, il s'échauffent l'un l'autre; comment un seul s'échauffera-t-il ? Et si quelqu'un est plus fort qu'un seul, deux lui résistent (Ecclés., IV, 9-12). Il fallait donc que la loi divine réglât la société des hommes entre eux.

3o La loi divine est en quelque sorte le plan adopté par la Providence de Dieu pour gouverner les hommes. Or, il appartient à la divine Providence de maintenir dans l'ordre voulu chacun des êtres qui dépendent d'elle, en sorte que tous restent dans le lieu et le degré qui leur conviennent. Donc la loi divine coordonne les hommes entre eux, de manière qu'aucun d'eux ne sorte de l'ordre qui lui est propre; et c'est en cela que consiste la paix entre les hommes; car, au senti

mines. Homo autem naturaliter animal sociale est ; indiget enim multis quæ per unum solum parari non possunt. Oportet igitur quod ex lege divina instituatur homo ut secundum ordinem rationis se habeat ad alios homines.

2o Adhuc, Finis divinæ legis est ut homo Deo adhæreat. Juvatur autem unus homo in hoc ex alio, tam quantum ad cognitionem, quata etiam quantum ad affectionem; juvant enim se homines mutuo in cognitione veritatis, et unus alium provocat ad bonum et retrahit a malo; unde dicitur: Ferrum ferro exacuitur, et homo exacuit faciem amici sui (Proverb., xxvii, 17); et : Melius est duos esse simul quam unum; habent enim emolumentum societatis suæ; si unus ceciderit, ab altero fulcietur. Væ sol! quia, quum ceciderit, non habet sublevantem se. Et

si dormierint duo, forebuntur mutuo; unus quomodo calefiet? Et si quispiam prævaluerit contra unum, duo resistunt ei (Eccles., IV, 9-12). Oportuit igitur lege divina ordinari societatem hominum ad invicem.

30 Amplius, Lex divina est quædam ratio divinæ Providentiæ ad homines gubernan dos. Ad divinam autem Providentiam pertinet singula quæ ei subsunt sub debito ordine continere, ut scilicet suum locum et gradum teneat unumquodque. Lex igitur divina sic homines ad invicem ordinat, ut unusquisqne suum ordinem teneat; quod est homines pacem habere ad invicem; pax enim hominum nihil aliud est quam ordinata concordia, ut Augustinus dicit (De Civit. Dei, 1. xix, c. 13).

40 Item, Quandocumque aliqua ordinantur sub aliquo, oportet illa concorditer

ment de saint Augustin, la paix entre les hommes n'est autre chose que l'accord dans l'ordre (1).

4° Toutes les fois que plusieurs êtres sont subordonnés à un seul, ils doivent être harmoniquement coordonnés entre eux; autrement ils s'empêcheraient réciproquement d'atteindre leur fin commune ; c'est ce qui a lieu dans une armée dont les parties sont organisées en vue de la victoire, qui est la fin à laquelle vise le général. Or, la loi divine met chaque homme en particulier en rapport avec Dieu. Donc, pour que les hommes ne se fassent pas obstacle les uns aux autres, la loi divine a dû établir entre eux cet accord qui constitue la paix. Aussi le Psalmiste dit: Il a établi la paix dans vos contrées (Ps. CXLVII, 3); et le Seigneur Je vous ai dit ces choses afin que vous ayez la paix en moi (Joann., xvi, 33).

L'accord dans l'ordre se conserve parmi les hommes quand on rend à chacun ce qui lui est dû; et c'est un acte de justice; c'est pourquoi il est dit: La paix est l'œuvre de la justice (Is., XXXII, 17). Il fallait donc que la loi divine fit des préceptes de justice, afin que chacun rendit à autrui ce qui lui appartient et s'abstînt de lui porter préjudice. Or, on est redevable à ses parents plus encore qu'aux autres hommes; et, pour cette raison, nous trouvons parmi les commandements qui règlent nos rapports avec le prochain, celui-ci : Honorez votre père et votre mère (Exod., xx, 12), pour nous donner à entendre que chacun

(1) Pax corporis est ordinata temperatura partium, Pax animæ irrationalis, ordinata requies appetitionum. Pax animæ rationalis, ordinata cognitionis actionisque consensio. Pax corporis et animæ, ordinata vita et salus animantis. Pax hominis mortalis et Dei, ordinata in fide sub æterna lege obedientia. Pax hominum, ordinata concordia. Pax domus, ordinata imperandi atque obediendi concordia eo habitantium, Pax civitatis, ordinata imperandi atque obediendi concordia civium. Pax coelestis civitatis ordinatissima et concordissima societas fruendi Deo invicem in Deo. Pax omnium rerum, tranquillitas ordinis. Ordo est parium dispariumque rerum sua cuique loca tribuens dispositio (S. Aug., De civitate Dei, 1. XIX, c. 13, init.).

esse ordinata ad invicem; alias, se invicem | homines servatur, quando unicuique quod impedirent in consecutione finis communis; sicut patet in exercitu, qui concorditer ordinatur ad victoriam, quæ est finis ducis. Unusquisque autem homo per legem divinam ordinatur ad Deum. Oportuit igitur per legem divinam inter homines, ne se invicem impedirent, ordinatam concordiam esse, quæ est pax. Hinc est quod dicitur : Qui posuit fines tuos pacem (Psalm. CXLVII, 3); et Dominus dicit: Hæc locutus sum vobis, ut in me pacem habeatis (Joann., XVI, 33). Tunc autem ordinata concordia inter

suum est redditur; quod est justitiæ; et ideo dicitur Opus justitiæ pax (Is., xxxII, 17). Oportuit igitur per legem divinam justitiæ præcepta dari, ut unusquisque alteri redderet quod suum est, et abstineret a nocumentis ei inferendis. Inter homines autem maxime est aliquis parentibus debitor; et ideo, inter præcepta legis quæ nos ad proximum ordinant, ponitur : Honora patrem tuum et matrem tuam (Exod., xx, 12); in quo intelligitur præcipi ut tam parentibus quam etiam aliis unusquisque reddat

est obligé de rendre ce qu'il doit à ses parents aussi bien qu'aux étrangers, suivant cette parole: Rendez à tous ce que vous devez (Rom., XIII, 7). Viennent ensuite les préceptes qui nous obligent à éviter de causer quelque dommage au prochain, en sorte que nous ne l'offensions, ni dans sa personne; car il est dit: Vous ne tuerez pas (Exod., XX, 13); ni dans une personne qui lui est unie; car il est écrit: Vous ne commettrez point l'adultère (Ibid., xx, 14); ni même dans ses biens extérieurs; car il est écrit: Vous ne déroberez point (Ibid., xx, 15); il nous est encore défendu d'offenser injustement le prochain par paroles, en ces termes: Vous ne direz point de faux témoignage contre votre prochain (Ibid., xx, 16). Et parce que Dieu juge aussi les cœurs, il nous est interdit d'offenser le prochain dans notre cœur, en désirant sa femme ou quelqu'un de ses biens (2).

L'homme se trouve incliné de deux manières à garder la justice que la loi divine lui impose : par un principe intérieur, et par un principe extérieur. Par un principe intérieur, en tant qu'il a la volonté d'observer les préceptes de la loi divine; disposition qui résulte de la charité de l'homme pour Dieu et le prochain; car celui qui aime quelqu'un lui rend spontanément et avec joie ce qu'il lui doit et même y ajoute encore libéralement. D'où il suit que l'accomplissement complet de la loi dépend de la charité, d'après cette parole de l'Apôtre : La plénitude de la loi c'est la charité (Rom., XIII, 10); et le Seigneur dit que la loi tout entière est contenue dans ces deux commandements, la charité de Dieu et du prochain (Matth., xx11, 40). Mais parce que plusieurs ne sont pas (2) Non concupisces domum proximi tui; nec desiderabis uxorem ejus, non servum, non ancillam, non bovem, non asinum, nec omnia quæ illius sunt (Exod., xx, 17).

quod debet, secundum illud: Reddite omnibus debita (Rom., XIII, 7). Deinde ponuntur præcepta quibus præcipitur abstinendum esse a nocumentis proximo inferendis, ut neque factis eum offendamus in persona propria, quia dictum est : Non occides (Exod., xx, 13); neque in persona conjuncta, quia scriptum est: Non mœchaberis (Ibid., xx, 14); neque etiam in exterioribus rebus, quia scriptum est: Non furtum facies (Ibid., XX, 15); prohibemur etiam ne contra justitiam proximum verbo offendamus, quia scriptum est: Non loqueris contra proximum tuum falsum testimonium (Ibid., XX, 16). Et, quia Deus etiam cordium judex est, prohibemur ne corde proximum offendamus, concupiscendo scilicet uxorem aut aliquam rem ejus.

Ad hujusmodi autem justitiam observandam, quæ lege divina statuitur, dupliciter homo inclinatur: uno modo, ab interiori; alio modo, ab exteriori. Ab interiori quidem, dum homo voluntarius est ad observandum ea quæ præcipit lex divina; quodquidem fit per amorem hominis ad Deum et proximum; qui enim diligit aliquem, sponte et delectabiliter ei reddit quod debet et etiam liberaliter superaddit; unde tota legis impletio ex dilectione de pendet, secundum illud Apostoli: Plenitudo legis est dilectio (Rom., XIII, 10); et Dominus dicit quod in his duobus mandatis, scilicet in dilectione Dei et proximi, universa lex pendet (Matth., XXII, 40). Sed, quia aliqui interius non sunt sic dispositi ut ex seipsis sponte faciant quod lex jubet, ab

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