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Du 23 au 25 juin 1789.

La séance du 23 sera mémorable autant par l'appareil que déploya le pouvoir ar bitraire, par la lecture de la déclaration des intentions du roi, et les discours qu'il prononça, que par la résistance fermé et courageuse de l'assemblée nationale. Le roi avoit terminé son troisième discours en disant aux représentans de la

nation :

» Je vous ordonne, MESSIEUrs, de Vous séparer tout de suite, et de vous rendre demain matin chacun dans les chambres affectées à votre ordre, pour y reprendre vos séances; j'ordonne en conséquence, au grand-maître des cérémonies, de faire préparer les salles >>.

Les députés de la noblesse et une partie de ceux du clergé s'étoient retirés, les autres étoient restés constamment à leur place, lorsque le ci-devant marquis de Brezé vint leur dire MESSIEURS, vous connoissez les intentions du roi. Alors Mirabeau, lui adressant la parole, dit (i):

(1) On a saisi ce moment-ci pour peindre Mi

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» Oui, MONSIEUR, nous avons entendu les intentions qu'on a suggérées au roi; et vous, qui ne sauriez être son organe auprès des états. généraux; vous qui n'avez ici ni place, ni voix, ni droit de parler, vous n'êtes pas fait pour nous rappeler son discours. Cependant, pour éviter toute équivoque et tout délai, je vous déclare que si l'on vous a chargé de nous faire sortir d'ici̟, vous devez demander des ordres pour employer la force, car nous ne quitterons nos places que par la puissance de la baïonnette ».

Alors, d'une voix unanime, tous les députés s'écriérent : s'écrièrent: « Tel est le vœu de l'assemblée »>.

Dans la même séance, Mirabeau fit la motion sur l'inviolabilité des députés. Cette motion fut adoptée à la très-grande majoritė; la voici :

« L'Assemblée nationale déclare que la personne de chacun des députés est in

rabeau, et l'on a mis au bas de son portrait: Allez dire à ceux qui vous ont envoyé, que nous sommes ici par la volonté du peuple, et que nous n'en sortirons que par la puissance des baïonnettes.

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violable; que tous individus, toutes corporations, tribunal, cour, ou commission, qui oseroient, pendant ou après la présente session, poursuivre, rechercher arrêter ou faire arrêter, détenir ou faire détenir un député pour raison d'aucunes propositions, avis, opinions ou discours par lui faits aux états-généraux, de même que toutes personnes qui prêteroient leur aninistère à aucuns desdits attentats, de quelque part qu'ils soient ordonnés, sont infames et traîtres envers la nation, et coupables de crime capital. L'assemblée nationale, arrête que dans les cas susdits, elle prendra toutes les mesures nécessaires pour faire rechercher, poursuivre et pumir ceux qui en. seront les auteurs, instigateurs ou exécuteurs >>:

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Un membre de l'assemblée ayant prétendu que c'étoit-là s'arroger un privilege exclusif, et que tous les citoyens avoient autant de droit que les députés à la sûreté que ceux-ci réclamoient, l'auteur de la motion répondit :

«Que sans doute tous les citoyens devoient être également à l'abri des emprisonnemens arbitraires; mais que les dé

putés

putés aux états-généraux étoient les seuls qui ne dussent pas être recherchés dans les formes, même légales, pendant la durée des sessions >>.

Les gens armés qui entouroient la salle (1), avoient pour consigne d'empêcher les étrangers d'entrer. Mirabeau observa (2) qu'il étoit scandaleux « que l'asyle de la liberté fût environné de satellites, qu'on n'étoit plus libre de voter >>

Quelques membres élevèrent des soupçons sur la conduite de M. le garde des sceaux (M. Barentin ), lorsque Mirabeau assura qu'il auroit dénoncé dès aujourd'hui son digne cousin M. le garde des sceaux, s'il n'avoit eu la certitude excessivement fondée qu'il devoit donner le soir même sa démission, mais qu'il se réservoit de le faire le lendemain.

Le 25, quarante-neuf membres de la noblesse vinrent se réunir à l'assemblée nationale; ils y furent reçus avec les expressions de la plus vive sensibilité.

(1) Le 24 juin.

(2) Notes manuscrites.

Tome I.

F

Des 26 et 27 juin 1789.

Chaque jour amenoit la réunion de quelques membres, soit du clergé, soit de la noblesse. Le 26, on a vu avec plaisir les ci-devant évêques d'Orange, d'Autun, et archevêque de Paris, venir soumettre leurs pouvoirs. Une députation des électeurs de Paris fut admise ce jour : il est à remarquer que c'est la première de toutes les députations envoyées à l'assemblée nationale. L'annonce d'une députation de la majorité de la noblesse, donna lieu à quelques débats. Il s'agissoit de savoir si elle devoit être admise; M. Freteau avoit représenté que l'on ne pouvoit se dispenser de la recevoir, non comme députés de la chambre de la noblesse, mais comme députés des bailliages dont ils étoient les représentans, qualité qui leur appartenoit d'autant plus, que MM. de la noblesse, qui étoient membres de l'assemblée nationale, avoient vérifié leurs pouvoirs.

Mirabeau observa à cet égard, « que

l'on

(1) Journal de l'assemblée nationale permanente, tom. I

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