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terwalden appartenant au Zurichgau et sa moindre portion à l'Aargau, les hommes de condition libre relevaient. au commencement du treizième siècle de la juridiction des comtes de Habsbourg, qui se trouvaient à la tête de ces deux comtés, et qui semblent avoir possédé, comme à Schwyz, le droit d'exiger de cette classe de personnes, en conséquence d'une suprématie particulière (jus advocatiæ, vogtei), des impôts et des corvées (tallia et servicia) 25.

Dans l'ordre religieux, la vallée dépendait, de même que celles d'Uri et de Schwyz, de l'évêché de Constance, et elle possédait un plus grand nombre d'églises paroissiales que chacun des autres Etats forestiers. En effet, tandis qu'à Uri on ne peut alors ranger dans cette catégorie que les églises d'Altorf, de Bürglen et de Silenen, et à Schwyz que celles de Schwyz même, de Steinen et du Muotathal, on trouve dans le Haut-Unterwald les paroisses de Sarnen et de Kerns, avec les églises de Giswyl, Sachslen et Alpnach, et dans le Bas, celles de Buochs et de Stanz 26. Par le chiffre de ses habitants, comme par la date probable de sa colonisation, le pays d'Unterwalden aurait donc occupé parmi les Waldstätten le premier rang. Si, dans la hiérarchie historique, il ne tient que le troisième, sa situation intérieure, comparée à celle des deux autres pendant la première période de leurs annales, suffit à motiver cette infériorité, qui trouvera également son explication dans le récit de l'époque où nous allons entrer.

TROISIÈME ÉPOQUE

L'ÉMANCIPATION POLITIQUE DES WALDSTÆTTEN

PREMIÈRE PÉRIODE

LES PRÉLUDES DE L'AFFRANCHISSEMENT JUSQU'EN 1291

Cette époque nouvelle, qui conduit chacun des Etats. forestiers, par des voies différentes, à un affranchissement commun, se divise elle-même en deux périodes successives: l'une qui se termine en 1291, au moment où les trois vallées concluent leur premier pacte d'alliance et de confédération, l'autre qui, de là, s'étend jusqu'à la bataille du Morgarten et au renouvellement du pacte en décembre 1315.

Nous avons vu qu'Uri venait d'être replacé sous la souveraineté immédiate de l'Empire, que Schwyz oscillait entre l'indépendance communale et la sujétion dynastique, qu'Unterwalden demeurait dans les limbes d'une condition plus complexe encore. Il nous reste à voir ce que sont devenues, dans ces situations diverses, les trois peuplades.

I

L'INDÉPENDANCE D'URI.

Lorsque, le 26 mai 1231, le roi Henri (VII) enlève les hommes d'Uri à la domination (possessio) du comte de Habsbourg, sous laquelle son père, l'empereur Frédéric II, les avait mis, et qu'il leur donne l'assurance qu'ils ne seraient plus, sous aucun prétexte, soustraits à la juridiction directe de l'Empire, il s'adresse à eux comme à des gens qui forment une communauté (universitas vestra), et il les invite à s'acquitter entre les mains de son délégué, Arnold d'Aa, de l'impôt qu'ils n'ont plus à payer au comte de Habsbourg'. Il semble qu'il veut ainsi leur conférer un important privilége pour recevoir d'eux un service immédiat. Henri méditait alors de s'affranchir de la domination de son père retenu en Italie, et de mettre entièrement sous sa propre dépendance le royaume d'Allemagne, dont Frédéric lui avait laissé le gouvernement. Il devait chercher, dans ce but, soit à affaiblir les partisans de l'empereur, soit à se gagner des auxiliaires. Il arrivait à ce double résultat en enlevant au comte Rodolphe, l'un des adhérents de son père, la vallée d'Uri, pour tirer de celle-ci des subsides, peut-être des soldats, et surtout pour tenir en sa possession les approches du S'-Gothard, qui commençait à être pratiqué du côté de la vallée de la Reuss. Il attachait probablement d'autant plus d'importance à avoir la libre disposition de ce passage, qu'il pouvait en profiter pour tendre la main, de l'autre côté des Alpes, à la ligue lombarde ennemie de l'empereur, et, par conséquent, son alliée na

turelle. S'il ne parvint pas pour le moment à donner suite à ses projets de rébellion, il les reprit trois ans plus tard et forma alors, avec les villes de Lombardie une coalition séditieuse, dont Frédéric II eut promptement raison.

Mais, quels qu'aient été les motifs qui le portaient à reprendre au comte de Habsbourg les droits que ce dernier avait acquis sur les habitants de la vallée d'Uri, ces motifs devaient être d'autant plus impérieux, qu'en agissant de la sorte, le roi Henri se mettait en contradiction avec le décret qu'il venait de rendre quelques jours auparavant (1er mai 1231), pour garantir aux princes ecclésiastiques et séculiers l'entière et libre jouissance de leur souveraineté3. D'un autre côté, il est probable que le comte de Habsbourg, qui mourut dans l'année, avait reçu pour le rachat de ses droits (redemimus) une compensation qu'il jugea suffisante, car on ne voit pas que ses fils aient jamais adressé sur ce sujet à Frédéric II, dont ils furent aussi les zélés partisans, aucune réclamation. Quoi qu'il en soit, ce qu'il nous importe surtout de constater, c'est que le diplôme d'affranchissement ou < d'exemption (vos exemimus) adressé par le roi Henri (VII) ‹ à tous les hommes établis dans la vallée d'Uri, doit être envisagé comme la cause prochaine de leur émancipation politique, de même que la cause lointaine de celle-ci doit être cherchée, nous l'avons vu, dans la donation qui fut faite à l'abbaye de Zurich du domaine que l'empereur Louis le Germanique possédait dans le petit district d'Uri.

Mais ni l'une ni l'autre de ces concessions royales n'aurait eu pour conséquence la création d'un peuple libre, si chez ce peuple même, tout chétif qu'il était, n'avait existé cette passion de l'indépendance qui, toujours éveillée et

toujours prévoyante, sait tirer parti de tout. L'immunité et l'immédiateté, comme on disait alors, successivement octroyées par deux rois, devinrent ainsi le fondement de la liberté d'Uri, et, par suite, de la liberté suisse. Nul ne peut ravir au plus pauvre de tous les Etats confédérés le privilége qui, du reste, ne lui est pas contesté, d'avoir posé la première pierre dans la première assise de l'édifice fédéral.

Sans revenir sur les avantages attachés pour un territoire et une population à leur mouvance directe de l'Empire, il suffit de rappeler qu'alors c'était entre le maintien de cette forme de gouvernement et l'établissement des souverainetés particulières, que se partageait le développement politique du grand corps qu'on appelait le SaintEmpire romain. L'émancipation absolue, en droit et en fait, n'existait à aucun degré pour les peuples compris dans ce vaste et incohérent ensemble; ceux qui étaient placés, comme on disait, sous les ailes de la suzeraineté impériale, travaillaient à rendre de plus en plus nominales la subordination et l'obéissance qu'ils lui devaient, ce qui, dans l'état de dislocation et de marasme où la lutte entre les derniers Hohenstaufen et la papauté allaient jeter l'Empire, rendait de jour en jour plus marqués leurs progrès vers l'indépendance. Ceux, au contraire, qui ne jouissaient pas de ce privilége, voyaient, par la même raison, s'approcher de plus en plus de sa réalisation définitive la transformation dès longtemps commencée, qui devait des hauts fonctionnaires faire des souverains, des circonscriptions administratives des principautés, et des ressortissants d'un grand empire les sujets de petites dynasties. Le treizième siècle est le moment où ces deux tendances se livrent une

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