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pu soumettre au joug leur tête indomtée; vous avez tourné la fureur des enfans du serpent contre eux-mêmes; vous avez endormi ce dragon qui bravoit le sommeil; vous avez enfin livré à mon époux le trésor qu'il venoit chercher. J'ai besoin aujourd'hui de sucs dont la force rende à un vieillard sa première jeunesse, et vous m'accorderez ma demande : ce n'est pas en vain que les astres brillent d'un nouvel éclat, et que je vois descendre du ciel ce char emporté par deux dragons.

En même temps la magicienne monte dans ce char; et, après avoir caressé de la main les dragons qui le conduisoient, elle leur lâche la bride. Ils l'emportèrent aussitôt dans les vastes champs de l'air. Dans sa course, Médée s'arrête sur toutes les montagnes de la Béotie et de la Thessalie, elle parcourt tous les rivages, pour les dépouiller de leurs herbes et de leurs plus puissans végétaux.

FABLE V I.

Sacrifice de Médée.

ELLE employa neuf jours et autant de nuits à chercher des plantes sur les rochers et dans les bois. Lorsqu'elle revint, les dragons qui traînoient son char dépouillèrent d'euxmêmes leur ancienne peau et leur vieillesse, quoiqu'ils ne fussent affectés que de l'odeur des herbes qu'elle rapportoit. En arrivant, elle s'arrêta en dehors à la porte du palais ; et, couverte seulement de la voûte des cieux, elle évite les regards et l'approche de son époux. Elle dresse deux autels de gazon, l'un à droite en l'honneur d'Hécate, l'autre à gauche pour Hébé, déesse de la jeunesse. Après les avoir couronnés de verveine * et d'herbes de toute espèce, elle creuse non loin de là deux fosses, et commence le sacrifice. Sa main égorge une brebis noire, et verse son sang

* Voyez la magicienne de Virgile, Ecl. VIII dans les éditions ordinaires. Voyez aussi le livre 1v de l'Énéide.

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dans ces fosses avec du lait et du vin; en même temps elle invoque les dieux souterrains, et conjure le roi des ombres et la reine des enfers de retarder la mort du vieillard. On apporte par son ordre ce vieillard languissant, que ses enchantemens avoient endormi, dont le sommeil étoit l'image d'une mort tranquille. On couche son corps sur un lit d'herbes et de feuilles. A sa voix, tous les spectateurs se retirent, et Jason lui-même. Le peuple n'ose jeter un œil profane sur ces mystères sacrés *. Médée, les cheveux en désordre comme les bacchantes, fait le tour des autels; elle plonge les flambeaux enduits de résine dans les fosses pleines de sang, et les allume ensuite au feu des deux autels. Alors elle purifie trois fois le vieillard par le feu, par l'eau et par le soufre **. Pendant ce tempslà, les herbes bouillonnoient sur les flammes dans un vase d'airain. A toutes les plantes, à

* Dans les mystères sacrés, on avoit soin d'écarter les profanes. C'est que les profanes auroient pu être indiscrets.

** On employoit ces trois sortes de purifications dans les sacrifices des anciens.

toutes les fleurs, elle ajoute des pierres ramassées dans les lieux où naît le soleil, et tout ce qu'on peut employer dans la composition d'un philtre aussi extraordinaire.

FABLE VII.

Éson, de vieillard décrépit, devient un homme vigoureux.

ELLE agite, elle remue tout ce que le vase renferme, avec une branche sèche d'olivier. Ce rameau reverdit d'abord; en peu de temps il se couvre de fleurs et se charge de fruits: mais par-tout où l'écume du vase tombe sur la terre, on voit naître de la yerdure et des fleurs. Ce fut un signal pour Médée : sans attendre davantage, elle ouvre avec le fer la gorge d'Éson, laisse écouler son vieux sang, et remplit ses veines d'un nouveau suc, qu'il boit ou qu'il reçoit par l'ouverture de sa plaie. Sa barbe et ses cheveux perdent à l'instant leur blancheur et deviennent noirs; on voit disparoître sa maigreur, sa pâleur et ses rides; ses membres reprennent leur première vigueur,

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