: son air, n'annoncent point un perfide la beauté de son front me répond de celle de son ame. Non, il ne m'oubliera point; il me donnera avant tout sa foi, il me prendra pour épouse à la face des dieux; les dieux seront les témoins et les garans de notre traité. Que crains-tu, Médée, avec de telles assurances? Agis, aide un héros Jason va se devoir à toi tout entier, il t'épousera solemnellement; et, dans toutes les villes de la Grèce, tu verras les dames de ces heureux climats accourir à ta rencontre, et saluer la conservatrice de cet illustre prince. J'abandonnerai donc ainsi ma sœur, mon père, mon frère, mes dieux et ma patrie! Mais mon père est cruel, mon pays est barbare, mon frère n'est qu'un enfant, les vœux de ma sœur s'accordent avec les miens, je porte dans mon cœur le plus grand des dieux. Ce que je quitte est peu de chose, et je le quitte pour un avantage inestimable, pour la gloire de sauver l'élite de la jeunesse de la Grèce, , pour connoître un pays fortuné, un pays renommé. jusques dans ces lieux sauvages, et où règnent les talens, la politesse et les arts. Je renonce à tout, mais c'est en faveur d'un héros que j'acheterois de tous les trésors de l'univers, et dont l'alliance va m'élever au rang des dieux. On me dit que le passage est semé de périls; on parle de je ne sais quels rochers dangereux pour les vaisseaux, d'une Charybde qui engloutit et revomit les flots écumans, d'une Scylla entourée de monstres qui hurlent sans cesse dans la mer de Sicile. Que m'importe? Avec ce que j'aime, et dans le sein de Jason,' je braverai les dangers d'une longue course: attachée à mon époux, je ne craindrai rien ; ou si je crains, ce sera pour lui seul. Eh quoi! puis-je appeler ma fuite une union légitime? Oses-tu, Médée, déguiser sous ce beau nom une faute inexcusable ? Considère plutôt l'énormité de cette action; épargne-toi un crime, tandis qu'il en est temps encore. FABLE I I. Médée cède à sa passion, et promet à Jason de le secourir. ELLE dit; la piété filiale, la pudeur, la droiture, vinrent se présenter à ses yeux, et reprendre leurs droits sur son cœur; déja Cupidon avouoit sa défaite, et cédoit à la vertu. Elle alloit sacrifier à sa mere Hécate, fille de Persès, dans le temple de cette déesse, situé au fond d'un bois antique, et ombragé d'arbres épais. Elle se sentoit plus de force pour vaincre sa passion, et son ame recommençoit à jouir d'une douce tranquillité; mais sa fatale destinée offrit alors Jason à sa vue. Comme on voit une étincelle presque éteinte sous la cendre se rallumer au moindre souffle, et devenir le foyer d'un grand embrasement, l'amour dont Médée avoit cru pouvoir triompher reprit plus de violence à la vue de ce jeune héros, qui parut ce jour-là avec un éclat dont il lui étoit difficile de se défendre. Elle ne put détourner les yeux de dessus lui; elle l'obser |