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rit. La déesse indignée la saisit par ses cheveux blonds, la courbe jusqu'à terre, malgré les efforts qu'elle fait pour se relever, et la change en belette. Sous cette forme, Galanthis a conservé sa première subtilité, son esprit vif et fin; et l'on reconnoît encore à la couleur du poil qui la couvre, celle de ses cheveux.

FABLE IX.

Dryope changée en arbre.

ALCMÈNE, en achevant ce récit, donna des

larmes au souvenir de son ancienne domestique. Iole prit ainsi la parole à son tour:

O ma mère, vous pleurez la transformation d'une fille qui vous fut étrangère : que seroit-ce si je vous racontois celle de Dryope

ma sœur!

Le dieu de Delphes et de Délos, épris de sa beauté, lui ravit ses premières faveurs. Andremon devint ensuite son époux, et s'applaudissoit de son hymen. La nature a creusé un lac dont les bords sont plantés de myrtes

odoriférans. Dryope étoit venue en ce lieu, sans prévoir son malheur; et ce qui doit le plus indigner, elle portoit aux nymphes des couronnes de fleurs. Elle tenoit entre ses bras un tendre enfant qu'elle allaitoit. Non loin du lac s'élevoit un lotos dont les fleurs promettoient des fruits abondans. Dryope en avoit arraché quelques unes pour les donner à son enfant, et je me préparois à l'imiter, lorsque je vis de ces fleurs nouvellement cueillies couler des gouttes de sang, et un frémissement soudain agiter tous les rameaux. Nous

avons appris depuis, mais trop tard, que la nymphe Lotos avoit été changée en cet arbre qui porte son nom, lorsqu'elle fuyoit les embrassemens impurs de Priape. Ma sœur ignoroit cet événement. Effrayée de ce qu'elle voyoit, elle voulut s'éloigner, après avoir demandé grace aux nymphes pour cette faute involontaire : mais ses pieds s'attachèrent à la terre; en vain elle veut les arracher, le haut de son corps peut seul se mouvoir encore. L'écorce s'élève autour d'elle, et gagne déja sa poitrine : dans son désespoir, elle veut arracher ses cheveux; elle n'arrache que des feuilles dont sa tête est déja toute couverte,

Son enfant presse en vain des lèvres le sein maternel; ce sein desséché ne lui fournit plus le tribut de lait dont il faisoit sa nourriture.

J'étois présente, et je ne pouvois, ô ma chère sœur, te porter aucun secours. Seulement je m'efforçois, en t'embrassant étroitement, d'empêcher le bois de te cacher entièrement, et les branches de naître autour de toi ; et, je l'avoue, je desirai d'être enveloppée de la même écorce.

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Son père et Andremon son époux arrivent et me demandent Dryope; je leur montrai le lotos naissant. Ils se jettent au pied de cet arbre si cher, l'arrosent de larmes et le couvrent de baisers, Le visage seul de ma sœur n'étoit point encore changé : des pleurs coulent de ses yeux sur ses feuilles ; et tandis qu'il lui est encore possible de se faire entendre, elle prononce ces dernières paroles:

Si les malheureux doivent inspirer quelque confiance, je prends tous les dieux à témoin que je n'ai point mérité un si cruel châtiment. C'est sans être coupable que je suis punie: je n'ai rien à me reprocher. Oui, si le témoi̟, gnage que je rends moi-même de mon innocence n'est pas véritable, je consens que les

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rameaux et les feuilles de cet arbre soient frappés de stérilité, et que l'arbre lui-même soit abattu et jeté au feu. Prenez ce cher enfant, ajouta-t-elle; engagez sa nourrice de l'allaiter souvent au pied de cet arbre, et de le faire jouer sous mon ombrage; et lorsqu'il sera en état de parler, apprenez-lui à dire : «Ma mère, hélas! ma tendre mère est cachée <<sous cette écorce » ! Donnez-lui de l'aversion pour les lacs et les étangs, et tâchez, au contraire, de lui inspirer tant de vénération pour les arbres; qu'il craigne d'en ôter jamais aucune branche, comme si en effet leur écorce renfermoit quelque divinité. Adieu, mon cher époux, dit-elle ensuite; adieu, mon père; adieu, ma sœur si vous conservez encore quelque tendresse pour moi, faites en sorte que l'on n'arrache point mes branches, et que les troupeaux ne viennent pas brouter mes feuilles. Comme je ne puis plus faire le moindre mouvement pour vous embrasser, du moins donnez-moi vous-mêmes cette marque de tendresse; approchez-moi aussi mon fils, afin que je le baise pour la dernière fois. Adieu, l'écorce me presse et m'empêche d'achever. Ne vous préparez pas à me fermer les yeux,

je n'ai point besoin de votre secours la même écorce qui les éteint va les fermer pour jamais.

A ces mots, elle cessa de vivre ; et ses branches conservèrent encore long-temps lä chaleur que son corps leur avoit communiquée.

FABLE X.

Jolaüs de vieillard qu'il étoit devient un jeune homme; les fils d'Alcméon passent tout-à-coup de l'enfance à l'âge mûr.

UN

N prodige nouveau sécha tout-à-coup les larmes d'Alcmène et d'Iole: Iolaiis parut dans le palais avec la fraîcheur, les couleurs et les graces de sa première jeunesse; un duvet naissant ombrageoit légèrement ses joues vermeilles. C'étoit Hébé qui, à la prière d'Hercule son époux, avoit fait cette merveille. Elle étoit près de jurer que jamais elle n'accorderoit la même faveur à aucun mortel: Thémis l'en empêcha, et lui prédit qu'un jour, par l'ordre de Jupiter, elle donneroit aux fils

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