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Le Silence et l'Horreur, suivis des noirs Hivers,
Errent dans les détours de ces tristes déserts.
Le seul bruit qu'on entend sur ces bords détestables
Sont des gémissemens, des échos lamentables,
De longs accens de mort, que des torrens fangeux,
Qui roulent les ennuis et la peur avec eux,
Répètent mille fois dans leur sombre murmure.
Dans ces sauvages lieux, l'effroi de la Nature,
Un palais, ou plutôt un immense tombeau,

Frappe

l'oeil interdit d'un spectacle nouveau ; Des ossemens blanchis forment sa vaste enceinte, De larmes et de sang elle est sans cesse teinte; Des fantômes hideux voltigent alentour.

Une lampe funèbre exhale en ce séjour

Un
rayon pâlissant, dont la lueur mourante.
Éclaire les terreurs d'une nuit effrayante.

On voit dans leurs linceuls, et de poudre couverts,
Les mânes menaçans s'élever des enfers:
Dans leur main décharnée un poignard étincelle.
C'est là que se nourrit la cohorte cruelle

De ces maux à qui l'homme en esclave est lié,
Sous qui l'orgueil des rois gémit humilié;

De là sortent enfin ces fléaux homicides

Qui sous cent noms divers masquent leurs traits perfides.

Sur des monceaux épars de trônes renversés,

De tombeaux, de cercueils, et de morts entassés,
Domine un spectre affreux, horrible, épouvantable:
L'oeil ne peut soutenir son aspect effroyable.
Un voile tout sanglant couvre son corps hideux;
Son bras toujours levé sur nos jours malheureux,
Son bras toujours armé d'une faux meurtrière,
Appesantit ses coups sur la Nature eutière.
A ses pieds est écrit : « Peuples, rois, conquéraus,
« Héros que la fortune appelle aux premiers rangs,

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« Tombez tous confondus aux pieds de votre reine : « << Sur la terre tout cède à sa loi souveraine;

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Tout meurt, tout disparoît sous mes coups ennemis:

Reconnoissez la Mort, à qui tout est soumis. »

SOMMAIRE

DU LIVRE NEUVIÈME.

HERCULE et Achélois se disputent Dejanire; combat entre ces deux rivaux. Achélois vaincu se change en serpent, et ensuite en taureau. Hercule lui arrache une de ses cornes, dont les nymphes ont fait la corne d'abondance. Ce fut l'amour de Nessus pour la même Déjanire qui causa le malheur de ce Centaure. Il voulut l'enlever; mais Hercule le blessa mortellement d'une de ses flèches trempée dans le sang de l'hydre de Lerne. Nessus en mourant donna à Déjanire un voile teint de ce sang fatal, comme un moyen de ranimer l'amour d'Hercule, si jamais ce héros paroissoit l'oublier. Déjanire ne profita que trop de ce conseil sinistre. Lorsqu'elle fut bien assurée qu'iole étoit sa rivale, elle envoya à son époux ce voile empoisonné, sans prévoir la funeste conséquence de ce qu'elle faisoit. Hercule, dévoré par ce poison secret,

se déchire lui-même, et, dans sa fureur, il précipite dans la mer Lichas, qui lui avoit apporté ce malheureux présent. Lichas fut changé en rocher. Hercule, ne pouvant plus supporter la violence de son mal, dresse un bûcher et se brûle sur le mont Eta. Apothéose de ce héros. Hyllus son fils épouse Iole. Alcmène raconte à cette princesse comment Junon voulut l'empêcher de mettre au monde Hercule, lorsqu'elle le portoit dans son sein, et comment, à cette occasion, Galanthis fut changée en belette. lole à son tour raconte la métamorphose de sa sœur Dryope en arbre. Pendant qu'elles s'entretenoient ainsi, elles virent paroître Iolaüs, qu'Hébé, déesse de la jeunesse, avoit rajeuni, à la prière d'Hercule. C'étoit un des compagnons du grand Alcide; c'étoit lui qui arrêtoit avec un fer chaud le sang de l'hydre de Lerne, à mesure que les têtes étoient coupées. Ce rajeunissement causa des plaintes et des murmures parmi les dieux : chacun prétendoit rajeunir aussi celui des mortels qu'il favorisoit. Jupiter appaisa ce bruit, en leur disant que cette métamorphose étoit l'effet

des ordres du Destin. Si le Destin le permettoit, ajouta-t-il, je rendrois à Minos sa première jeunesse il chasseroit de son royaume Milet, qui veut le détrôner.

Ce Milet, fils d'Apollon et de la nymphe Déione, voulut en effet s'emparer de l'isle de Crète; mais, détourné de ce dessein par Jupiter, il alla en Asie, et bâtit dans la Carie une ville qui porta son nom. Il eut de Cyanée, fille du fleuve Méandre, Biblis et Caunus, deux jumeaux. La malheureuse Biblis aima trop son frère, qui par cette raison s'éloigna d'elle: l'amour la fit courir sur les traces de son frère; mais tandis qu'elle le cherchoit, elle fut changée en fontaine. Cette métamorphose étoit cependant moins étonnante que celle qui arriva en Crète. Lyctus, homme d'une naissance obscure, et mal partagé des biens de la fortune, ordonna à sa femme de tuer l'enfant qu'elle portoit, dès qu'il seroit né, si c'étoit une fille, ou de le conserver si c'étoit un garçon. Pendant l'absence de son mari, Isis lui ordonna en songe de conserver l'enfant qu'elle auroit, quel qu'il fût, et de compter sur sa protection. Téléthuse (c'étoit

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