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avec un fil, et les courbe ensuite par une inflexion légère comme celles des oiseaux.

Le jeune Icare, ignorant qu'il tenoit sa perte dans ses mains, se plaisoit tantôt à toucher les plumes, tantôt à pétrir la cire en se jouant; et par cet amusement il dérangeoit l'ouvrage merveilleux de son père. Quand Dédale y eut mis la dernière main, il s'attache ses ailes, les agite, et se balance en Fair il exerce aussi son fils dans ce nouvel art. Ne vole, dit-il, ni trop bas, de peur que l'eau ne rende tes ailes trop pesantes et ne leur ôte leur ressort, ni trop haut, dans la crainte que le soleil ne fonde la cire qui les joint évite dans ton vol l'un et l'autre excès; suis-moi toujours.

En parlant ainsi, il attachoit les ailes d'Icare; il sentoit trembler ses mains paternelles et ses yeux se remplir de larmes; il embrasse son fils, hélas! pour la dernière fois, vole devant lui, et craint pour cet enfant, qui étoit l'appui de sa vieillesse. Semblable à l'oiseau qui fait sortir ses petits de leur nid', Dédale apprend à son fils l'art si dangereux de s'élever dans les airs, en l'exhortant à le suivre; et pendant qu'il est obligé lui-même d'agiter

ses ailes, il tient toujours ses regards attachés sur celles de son fils. Tous ceux qui les voyoient franchir ainsi les champs de l'air, les prenoient pour des dieux.

Déja ils avoient laissé à leur droite les isles de Lebynthos et de Calydne, lorsque le têméraire Icare, se laissant emporter à un desir de jeune homme et au plaisir d'approcher du ciel, abandonna son guide et prit son essor jusqu'aux nues. Le voisinage du soleil fondit la cire qui attachoit et joignoit les plumes. Il agite en vain ses bras et ses épaules dépouillées de leurs ailes : l'air ne le soutient plus; il tombe en appelant vainement son père, et se précipite dans le sein de cette mer à laquelle il a donné son nom.

FABLE V..

Dédale pleure son fils et l'ensevelit. Perdix, changé en perdrix, s'applaudit de la douleur de ce père infortuné.

DÉDALE, qui venoit de perdre son fils de vue, ou plutôt qui l'avoit perdu pour toujours, l'appelle inutilement. Icare, s'écrioit ce malheureux père, mon cher Icare, où êtes-vous? qu'êtes-vous devenu ? dans quelle région puis-je espérer de vous trouver?

Il parloit encore lorsqu'il apperçut les plumes des ailes de son fils flottant sur l'onde. Après avoir maudit mille fois une invention si funeste, il rendit à la fin les derniers devoirs à Icare dans l'isle près de laquelle il venoit de perdre la vie.

La perdrix, alors l'unique oiseau de son espèce, vit ce père infortuné qui mettoit dans le tombeau le corps de son fils, et elle marqua sa joie par son chant et par le battement de ses ailes. C'étoit le fils de la sœur de Dédale;

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