Fera le désespoir de votre ame charmée, Des mages aussitôt consultant la science, D'un feint adolescent il prend la ressemblance, S'en va trouver Procris, élève jusqu'aux cieux Ses beautés, qu'il soutient être dignes des dieux; Joint les pleurs aux soupirs, comme un amant sait faire ; Et ne peut s'éclaircir par cet art ordinaire. Il fallut recourir à ce qui porte coup, Aux présens: il offrit, donna, promit beaucoup, C'étoit pendant ces mois où le chaud qu'on respire Doux vents, s'écrioit-il, prêtez-moi des soupirs! Il aime donc cette Aure, et me quitte pour elle? Nous vous plaignons ; il l'aime, et sans cesse il l'appelle: Les échos de ces lieux n'ont plus d'autres emplois Elle se lève un jour; et lorsque tout repose, Que de l'Aube au teint frais la charmante douceur, Elle cherche Céphale : un bois l'offre à sa vue. Viens me voir, disoit-il, chère déesse, accours : L'épouse se prétend par ces mots outragée : Elle croit y trouver, non le sens qu'ils cachoient, Fille d'un fol amour, que l'erreur a pour mère ! Du même javelot il veut s'ôter la vie. L'Aurore et les Destins arrêtent cette envie. Eût accru par ses pleurs le nombre des fontaines, (LA FONTAINE, les Filles de Minée.) DU LIVRE HUITIÈME. 'MINOS assiége Mégare, Il ne pouvoit prendre cette ville tant que Nisus, qui en étoit roi, conserveroit un cheveu d'or qu'il avoit sur la tête. Scylla, fille du roi, conçoit un violent amour pour Minos, enlève à son père le cheveu fatal, et livre la ville aux ennemis. Minos victorieux remet à la voile pour l'isle de Crète, et refuse de recevoir dans son vaisseau la traîtresse Scylla. Les dieux la changent en alouette, et son père, métamorphosé en épervier, la poursuit sans cesse, Minos, de retour en Crète, renferme le Minotaure dans le fameux labyrinthe construit par Dedale. Neuf ans après, le Minotaure fut tué par Thésée, qui sortit du labyrinthe par le secours d'Ariadne. Ce héros emmène avec lui la princesse, et l'abandonne dans l'isle de Naxos. Bacchus, revenu de son expédition des Indes, trouve dans son isle cette malheureuse amante, la console, et place sa couronne parmi les constellations. Cependant Dédale, enfermé aussi dans le labyrinthe qu'il avoit construit, fabrique des ailes pour lui et pour son fils Icare, et dirige avec lui son vol vers Athènes sa patrie. Icare, s'élevant trop haut, fondit ses ailes au soleil, et tomba dans la mer qui de son nom fut appelée mer Icarienne, comme le dit ailleurs Ovide *. Icarus Icarias nomine fecit aquas. Tandis que Dédale étoit occupé à inhumer son fils, un oiseau battit des ailes et se réjouit de son malheur. C'étoit son neveu Acale, Talus ou Perdix. Dédale l'avoit trouvé si industrieux, que, par un mouvement de jalousie, il l'avoit précipité du haut du temple de Minerve. Cette déesse, émue de compassion, le métamorphosa en perdrix. Après la mort d'Icare, Dédale s'ar réta en Sicile, et Cocalus, roi de cette isle, le protégea contre Minos. Ainsi Minos vit en même temps Dédale à couvert de ses poursuites et Athènes délivrée du tribut qu'elle payoit tous les trois ans. Trist. lib. I, eleg. I, V. 9o. |