Labitur infelix studiorum atque immemor berba. Ecce autem duro fumans sub vomere taurus Non umbræ altorum nemorum , non mollia possunt Tempore non alio dicunt regionibus illis altos et illae Non lupus insidias explorat ovilia circum, Membra sequebatur : nec longo deinde moranti (Georg. lib. III, V. 474 et seq.) CC « Si vous voulez voir un pareil désastre, parcourez « les Alpes juliennes, les bourgs fortifiés de la Nori cie, et les champs de l'Iapydie, arrosés des eaux « du Timave. Dans ces tristes contrées, où régna « autrefois une affreuse mortalité, les pâturages et « les bois sont encore aujourd'hui de vastes solitudes. « La contagion vint de l'air corrompu par les cha« leurs excessives de l'automne. Les fontaines et tous « les herbages furent empoisonnés, et un venin mora tel se glissa dans le sang de tous les animaux et « même des bêtes féroces. Tous périssoient, et leur « mort n'étoit point ordinaire : une ardente soif des« séchoit leurs veines et tous leurs membres; leur « sang n'étoit plus qu'une lymphe âcre , qui rongeoit « leurs os déja consumés par la maladie. Souvent a la victime prête à être immolée au pied de l'autel, « et déja ceinte de la bandelette sacrée, expiroit < entre les mains du sacrificateur, trop lent à la « frapper. Si le prêtre en immoloit quelqu'une , l'in« fection ne permettoit pas d'en mettre les entrailles « sur l'autel pour y être brûlées, et l'aruspice n'en « pouvoit tirer aucun présage. A peine lui avoit-on « donné le coup 'mortel, que la terre paroissoit cc teinte d'un sang noirâtre. Les jeunes taureaux moucroient au milieu des plus gras pâturages, ou veą noient rendre les derniers soupirs dans leurs étables « abondamment pourvues de toute sorte de four« rages. Les chiens les plus doux étoient en proie « à la rage; la toux violente, jointe à l'enflure de « la gorge , faisoit perdre la respiration aux poura ceaux. Ces superbes coursiers si souvent vainqueurs « dans les combats de la course, abattus par le mal, dédaigooient l'herbe des prairies et l'eau des fon« taines : ils frappoient la terre de leur pied languis« sant, et bais;oient leurs tristes oreilles : leur peau « dénuée de suc étoit collée sur leurs os ; ils parois« soient baignés d'une sueur dont la cause étoit in« connue, et qui devenoit bientôt la froide sueur de « la mort. Tels étoient les premiers symptômes de la a maladie dont ils étoient attaqués: mais ses progrès « étoient encore plus terribles ; leurs yeux s'enflam« moient , et ils ne respiroient qu'avec peine ; ils poussoient de profonds gémissemens, et leurs flancs « étoient agités de battemens continuels. Un sang a poir couloit de leurs narines , et leur langue enflée comprimoit tous les vaisseaux de la gorge. D'abord « on tenta avec quelque succès de leur faire avaler du a vin par le moyen d'une corne, et l'on crut ce « remède efficace et unique : mais bientôt il devint c funeste aux animaux malades; et se convertissant « en poison, il les rendit furieux jusqu'à se déchirer « eux-mêmes. (Grands dieux, préservez Rome d'une a telle fureur, inspirez-la plutôt à ses ennemis !) « D'une autre part, on voyoit un taureau fumant « sous le joug tomber tout-à-coup, vomir du sang « et de l'écume, et rendre les derniers soupirs. Le |