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Borée, qui eut d'elle Zéthès et Calais. Ces deux enfans devinrent ailés comme leur père, lorsqu'ils eurent touché à leur seizième année. Ils suivirent les Argonautes à la conquête de la toison d'or.

LES

MÉTAMORPHOSES

D'OVIDE.

LIVRE V I.

FABLE PREMIÈRE.

Arachné se vante d'égaler l'adresse de Pallas à travailler à la tapisserie, et ose la défier.

PALLAS approuva la vengeance des muses. Mais, se dit-elle en elle-même, cet exemple m'apprend à ne pas souffrir qu'on méprise ma divinité.

Elle songe alors à punir Arachné, qui prétendoit l'égaler dans l'art de la tapisserie. Cet art, dans lequel elle excelloit, relevoit la

bassesse de sa naissance. Son père teignoit des laines, et vivoit avec elle dans la petite ville d'Hypèpe en Lydie. Pour voir ses ouvrages admirables, les nymphes du Tmolus quittoient leurs montagnes, les nymphes du Pactole sortoient de leurs grottes liquides. On s'empressoit aussi de la voir travailler, tant elle avoit de grace et d'aisance. Soit qu'elle fît des pelotons de laine, soit qu'elle la préparât pour la filer, soit qu'elle la tournât sur le fuseau, soit enfin qu'elle l'employât avec l'aiguille, on eût dit que Pallas l'avoit instruite. Elle refuse cependant de la reconnoître pour maîtresse. Loin, disoit-elle, de lui céder le prix de mon art, je consens à le lui disputer, et je me soumets à tout si je suis vaincue.

Pallas, indignée, prend la figure d'une vieille femme, laisse flotter quelques cheveux blancs sur sa tête, et courbe son corps tremblant sur un bâton. L'expérience; dit la déesse, vient avec l'âge; la vieillesse a droit de donner des conseils ne méprisez pas les miens. Vantezvous de l'emporter, pour votre talent, sur toutes les mortelles; mais ne vous comparez point à Minerve. Demandez - lui pardon de votre témérité; elle vous l'accordera.

FABLE I I.

Minerve accepte le défi; toutes deux se mettent à l'ouvrage.

ARACHNÉ lance sur elle des regards étincelans de colère; le fil qu'elle tenoit tombe de ses mains; son visage s'allume de fureur; et prête à frapper Pallas, qu'elle ne connoissoit pas: Vous osez me donner des conseils, ditelle, vous dont la vieillesse affoiblit le corps et l'esprit *! Portez ces avertissemens à votre bru ou à votre fille si vous en avez je n'écoute que moi seule; ma volonté est ma loi. Allez, je ne change point de pensée. Pourquoi Pallas ne vient-elle pas elle-même? D'où vient qu'elle refuse le défi que je propose?

Elle est venue, dit la déesse ; et en même temps elle reprit sa figure et ses traits. Les nymphes et toutes les Phrygiennes qui étoient présentes témoignèrent leur respect à Pallas;

* Turnus dit à peu près la même chose à la furie Alecto déguisée en vieille. (Enéide, liv. VII.)

Arachné seule demeura intrépide. Cependant la rougeur parut sur son visage; mais elle ne dura pas long-temps: on la vit changer successivement de couleur, comme l'air qui se rougit lorsque l'aurore se lève, et qui blanchit lorsque le soleil est sur l'horizon. Elle persiste dans sa téméraire résolution; elle aspire follement à la victoire, et court à sa perte; car Pallas cesse de lui représenter son aveuglement, et toutes deux se préparent à disputer le prix de l'art. Les toiles sont déja tendues, la navette roule avec la plus grande agilité; et chaque fois qu'elle a passé entre les fils, elles ont soin de les resserrer avec le peigne d'ivoire. L'une et l'autre se font admirer par leur adresse et leur légéreté: l'envie qu'elles ont de se surpasser les rénd presque insensibles à la gêne d'un travail si précipité. L'emploi des plus belles couleurs forme sur leurs toiles un mélange agréable des bruns et des clairs; et les nuances en étoient si délicates, qu'on pouvoit les comparer à celles de l'arc-en-ciel. Rappelez-vous l'effet des rayons du soleil lorsqu'ils sont réfléchis par les petites gouttes d'eau qui leur sont opposées. On y distingue bien la différence des couleurs ; mais on ne peut trop admirer les passages de ces

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