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1814, Lefèvre-Gineau crut devoir se placer dans les rangs de l'opposition, parti dans lequel il a persisté toute sa vie. Il fut nommé membre de la Chambre des Représentants pendant les Cent-Jours de 1815; et, après le retour des Bourbons, réélu à la Chambre des Députés, il siégea constamment au côté gauche, en prenant rarement part aux débats. Depuis lors, Lefèvre-Gineau, déjà parvenu à l'âge de soixante ans, et obligé de partager son temps entre les devoirs de professeur, ceux de député et d'inspecteur-général des études, coopérait peu aux travaux de l'Académie; aussi ne trouve-t-on aucun mémoire, ni même aucun rapport de lui dans les recueils de l'Institut. Quoiqu'il fût ouvertement du parti de l'opposition, dans la Chambre des Députés, Lefèvre - Gineau avait conservé toutes ses places, lorsqu'en 1824, le ministère d'alors le raya de la liste des professeurs du College de France, en lui laissant cependant les appointements, quoique dans cet établissement tous les professeurs, sous le titre de lecteurs du roi, reçussent leur place à vie. Appelé pour la cinquième fois, et simultanément par trois des arrondissements de son département, à la Chambre des Députés, en 1827, Lefèvre-Gineau resta impassible et ne fit aucune réclamation contre la décision ministérielle. Il vécut encore plusieurs années dans un état de santé parfaite, partageant sa vie entre Paris et son cher Étrepigny. Vers la fin de 1828, peu de jours après son retour de la campagne, devant le lendemain présider comme doyen la Chambre des Députés, il fut atteint d'une attaque d'apoplexie, à laquelle il succomba le 3 février 1829. Un grand nombre de députés, une députation de l'Académie

des sciences, et presque tous ses collègues du Collège de France, assistè rent à ses funérailles. MM. Charles Dupin et de Blainville ont prononcé des discours sur sa tombe; celui du premier a été seul imprimé, et contient quelques erreurs assez graves. Ses dépouilles mortelles ont été déposées au cimetière du Père-Lachaise, non loin du monument du général Foy. Lefèvre-Gineau n'a publié aucun ouvrage; il a concouru, avec Cuvier et d'autres savants, à la rédaction des notes qui ajoutent un nouveau prix au poème des Trois règnes de la nature, de Delille. Voici comment le poète lui-même en parle :

Mais laissons là des vents les mystères secrets,
Et sans sonder la cause expliquons les effets.
Viens donc à mon secours, Gineau, dont la
main sûre

Organise le monde et scrute la nature;
De ces sentiers obscurs fais-moi sortir vain-
queur :
J'aime à voir par tes yeux, à jouir par ton cœur.

Lefèvre-Gineau fut marié deux fois; mais n'ayant pas eu d'enfants de l'un ni de l'autre mariage, il adopta l'héritier actuel de son nom et de sa fortune, qui, long-temps son aide, fut plusieurs fois son suppléant au College de France.

B-L-E.

LEFIOT (JEAN ALBAN), conventionnel, exerçait obscurément la profession d'avocat, lorsqu'en 1790 il fut nommé procureur-syndic du district de Saint-Pierre-le-Moutier, dans le Nivernais. Ayant été choisi, en 1792, pour président de l'assemblée électorale du département de la Nièvre, il fut député à la Convention nationale, où il se montra un des plus ardents révolutionnaires, et vota la mort de Louis XVI, sans appel et sans sursis à l'exécution. Toujours en mouvement sur les degrés de la Montagne, il attaquait à outrance ceux qu'il appelait les aristocrates, les royalis

tes, les modérés. Il obtint cependant peu d'influence; mais il porta souvent la parole à la tribune des Jacobins, où il se prononça vivement contre Desmoulins et Philippeaux, qui, quoique Jacobins eux-mêmes, essayaient cependant, alors, de rappeler des sentiments d'humanité. Lefiot fut accusé, après le 9 thermidor (27 juillet 1794), de plusieurs actes de cruauté et de tyrannie dans les départements de la Nièvre et du Cher, où il avait été en mission. La Convention le décréta d'arrestation le 8 août 1795, notamment pour avoir fait guillotiner quatre citoyens de Montargis, sous prétexte qu'ils avaient écrit, le 26 juin 1792, au roi, une lettre dans laquelle ils improuvaient la journée du 20 du même mois, où ce prince avait été indignement traité par la populace. Emprisonné dans la maison des Quatre-Nations, il fut bientôt amnistié, après avoir publié un compte justificatif de sa mission. On l'avait vu précédemment défendre Carrier; Dubois-Crancé lui reprocha de lui avoir dit lors du procès de ce proconsul « Ce n'est pas Carrier qui est un « homme de sang, mais bien ceux qui veulent le condamner. » Sorti de la Convention, Lefiot fut employé au ministère de la justice, par Merlin et Génissieux. Mais, en 1796, il se retira à Nevers pour obéir à une loi d'exil. Il y devint tour-à-tour secrétaire du département, administra

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tion, Lefiot était du petit nombre des révolutionnaires qu'un aveugle enthousiasme conduisit aux plus grands excès, mais qui, ne s'étant pas lancés dans la carrière des révolutions pour arriver aux spoliations qui en sont la suite et la conséquence inévitables, sont restés sans fortune. Obligé de sortir sortir de France en 1816, par la loi contre les régicides, il avait à peine de quoi faire son voyage. Il se réfugia en Suisse; mais il fut bientôt rappelé par une des exceptions que le ministère de ce temps-là fit prononcer par Louis XVIII. Il vint habiter Paris; et il y mourut en février 1839.

Bu et M-D j. LEFORTIER (JEAN-FRANÇOIS), ancien officier de santé de la marine, puis professeur de belles-lettres à l'Ecole royale spéciale militaire de Saint-Cyr, était né à Paris en 1771, et mourut dans cette ville le 21 octobre 1823. C'était un professeur distingué et un homme d'esprit, qui joignait à un goût fin et délicat des connaissances variées en littérature. Il rédigea pendant quelques mois, en 1795, dans un esprit révolutionnaire modéré, un journal intitulé: Correspondance politique et littéraire. Après avoir quitté l'exercice de la médecine, il se livra entièrement à l'enseignement public, et fut nommé professeur de belles-lettres à l'École centrale de Vannes, en 1798, puis à celle de Melun. Appelé pour remplir les mêmes fonctions à l'École militaire, établie en 1803 à Fontainebleau et ensuite à Saint-Cyr, il y resta jusqu'en 1814, et fut admis à la retraite en 1815, avec une pension. Il travailla alors au Journal général de France, où ses articles étaient signés L. F. R., puis au Journal des maires, sous les auspices du ministre

de la police Decazes. Outre un Discours prononcé à l'ouverture du cours de belles-lettres de l'École centrale de Vannes (1798, in-8°), on a de lui: I. Aperçu sur les causes des progrès et de la décadence de l'art dramatique en France, 1799, in-8°. II. Une traduction du Traité du P. Jouvency, jésuite, sur l'art d'enseigner et d'apprendre, De arte docendi et discendi, Paris, 1803, in-12. Cette traduction est estimée. Le discours préliminaire est bien écrit; il présente quelques bonnes vues sur la partie de l'éducation qui regarde proprement l'enseignement littéraire.

2.

LEFRANC, prêtre de la congrégation des eudistes, était supérieur de la maison de Caen, au moment de la Révolution. Il s'y montra fort opposé, et publia plusieurs brochures destinées à la combattre. Étant à Paris en 1791, il s'y lia avec l'abbé Barruel, et fut arrêté dans le mois d'août 1792. Transféré au couvent des Carmes, devenu prison, il y périt par la main des égorgeurs, le 2 septembre suivant. On a de lui: I. Le voile levé pour les curieux, ou Secret de la Révolution révélé à l'aide de la franc-maçonnerie, Paris, 1791; se conde édition, 1792, in-8°.; réim primé à Liége, en 1827, sous ce titre: Histoire de la franc-maçonnerie, depuis son origine jusqu'à nos jours. II. Con juration contre la religion catholique et les souverains, dont le projet, conçu en France, doit s'exécuter dans l'univers entier, Paris, 1792, in-8°. A côté de quelques exagérations et de causes imaginaires, on trouve dans ces écrits des faits curieux et vrais. Barruel y a beaucoup puisé pour son Histoire du jacobinisme. LEFRANC (Denis-François), prêtre de la Doctrine chrétienne à Soissons, et professeur de physique et de mathématiques à Chau

mont, puis à Avallon et à St-Omer, mourut le 30 mai 1793, à l'âge de 33 ans. Il est auteur d'Essais sur la Théorie des atmosphères et sur l'accord qu'elle tend à établir entre les systèmes de Descartes et de Newton et les phénomènes décrits par Laplace et Berthollet, ouvrage commencé en 1788, par le P. Lefranc, continué et publié par son frère et son élève, l'abbé Lefranc, aumônier de l'hospice de mendicité de Villers-Cotterets, précédé d'une notice sur le P. Lefranc, Paris, 1819, in-8°. C. M. P.

LEFRANC (JEAN-BAPTISTE-ANTOINE) se livrait à l'étude et à la pratique de l'architecture, à Paris, lorsque la Révolution commença. Né avec une imagination ardente, il se laissa entraîner par le mouvement des idées nouvelles, et les professa avec enthousiasme jusqu'au 10 août 1792. Depuis cette époque, il ne parut pas se mettre en évidence, mais il resta fort lié avec les partisans les plus exagérés de la Révolution, principalement avec Babeuf. Compromis, en 1796, dans la conspiration de ce démagogue, il fut envoyé à la haute-cour de Vendôme, qui l'acquitta. Dans son ouvrage intitulé: Les infortunes de plusieurs victimes de la tyrannie de Bonaparte, il assure que, dès-lors, rendu à ses foyers, il s'éloigna des hommes et des choses, et se renferma dans sa propre nullité. Cependant il se trouva compris dans la proscription qui suivit l'explosion de la machine infernale du 3 nivose (24 décembre 1800). Il proteste qu'il n'avait appris cet événement que par la voix publique, lorsqu'on vint lui annoncer son arrêt de déportation; et sur cela on doit d'autant mieux l'en croire, qu'il est assez connu aujourd'hui que le parti révolutionnaire fut tout-à-fait étranger à cette conjuration. Lefranc, après

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avoir long-temps erré de mers en mers, après s'être échappé des îles Séchelles, et avoir vu périr presque tous ses compagnons d'infortune, ne revit au bout de trois ans d'exil, les rivages de sa patrie, que pour être plongé, en arrivant, dans les cachots de Brest. Il demeura en surveillance, pendant quelque temps, dans une petite ville du Languedoc; mais il éprouva bientôt de nouvelles persécutions, et fut emprisonné au château de fâ, à Bordeaux, Conduit mourant à Pierre-Châtel, sur les bords du Rhône, il y fut délivré alliées en les par troupes 1814. On lit dans l'ouvrage que nous avons cité, et qui parut en 1816, une profession de foi politique, bien étonnante de la part de Lefranc : « O mes concitoyens, dit-il, vous ne pouvez " être heureux qu'en entourant votre « roi de votre respect et de votre amour! Vous n'irez plus rougir de « votre sang les plaines glacées du Nord, ni les eaux du Pô, du Tage « et du Guadalquivir. Vos nouveaux « enfarits ne seront plus moissonnés « à la fleur de l'âge!.... Pour moi, tranquille maintenant au sein de « l'amitié, j'y coulerai le reste de mes « jours, à l'abri des écueils de l'O. «céan indien, des plages brilantes « de la zone torride et des hordes « barbares de l'Afrique. Je suis enfin « rentré au port après de longs orages; « je n'ai plus à craindre l'obscure humi« dité des cachots. La mort ne m'appel« lera plus avant le terme fixé par la << nature, Il existe un gouvernement protecteur, un roi qui est le père « de tous ses sujets, « Il y avait à peine deux mois que ce livre était publié, lorsque Lefrane, accusé d'avoir conspiré contre la vie et l'autorité du roi, vint figurer dans le procès des patriotes de 1816, dont Pleignier était le chef. Condainné à la déporta

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tion, il mourut dans un cachot, Ainsi le malheureux Lefranc fut victime de deux complots, à peu près aussi imaginaires l'un que l'autre; car on sait assez, aujourd'hui, que celui de Pleignier n'était qu'une invention de la police, qui eut alors besoin de faire croire à son zèle royaliste. M-Ɖ j, LEFRANCO van Berkey, Voy, BERKEY, IV, 268.

LEFREN (LAurent-Olofson), savant suédois, était né, en 1722, d'un laboureur de la Vestrogothie, Il fit d'abord quelques études dans les écoles de sa province, comme c'est l'usage chez les fermiers aisés en Suède, Mais, se sentant un goût décidé pour les sciences, il se rendit, à l'âge de vingt-quatre ans, à l'Université d'Abo, en Finlande, où il devint maître-ésarts, et donna des leçons publiques, qui furent très-suivies. En 1770, il obtint la place de bibliothécaire de l'Université, et, quelque temps après, il fut nommé professeur de théologie et des langues orientales. Il mourut le 15 janvier 1803. On a de lui des Dissertations sur divers sujets de philosophie et de théologie; elles sont la plupart en latin, et rédigées avec autant d'érudition q que de crítique, Lorsque Gustave III nomma un certain nombre de savants et d'hommes de lettres pour travailler à une nouvelle traduction de la Bible en suédois, Lefren fut chargé de la partie de ce travail qui demandait une connaissance approfondie des langues orientales, et il coopéra avec zèle au succès de cette entreprise. C-AL,

LEFRERE (JEAN), né à Laval au commencement du XVI siècle, vint de bonne heure à Paris, où il fut nommé principal du collège de Bayeux sous les auspices de Réné Le Voyer de Paulmy, baillí de Touraine, son protecteur. Ses connaissances dans les lan

avec

gues classiques et l'histoire le mirent en relation avec plusieurs savants. I mourut à Paris, le 13 juillet 1583, victime d'une maladie contagieuse qui moissonna cette année-là plusieurs milliers de Français échappés aux fureurs des guerres civiles. Ce fléau s'étendit de la capitale aux provinces. Les principaux ouvrages de Lefrère sont : 1. Une nouvelle édition du Dictionnaire latin-français de Robert Estienne, un vocabulaire géographique, Paris, 1572, 2 vol. in-fol. II. Histoire de Flave Joseph, traduite du grec en français par Bourgoin, nouvelle édition, corrigée, avec la version latine, Paris, 1573, 2 vol. in-fol. III. La vraye et entière histoire des troubles et guerres civiles advenues de nostre temps pour le faict de la religion, tant en France, Allemaigne que Pays-Bas, Paris, 1573, in-8°, en 19 livres; 3o édition, 1576, avec un 20 livre. Ce hideux tableau de crimes et de folies commence à l'année 1370. IV. La vraye et entière histoire des troubles et guerres civiles advenues de nostre temps, tant en France qu'en Flandre et pays circonvoisins depuis l'an 1560 jusqu'à présent (1582), Paris, 1584, 2 vol. in-8 en 38 livres. Ces deux ou

vrages sont distincts, quoique présentés sous le même titre. On y trouve des matériaux précieux. Leverdier attribue la première de ces histoires à La Popelinière, contemporain de Lefrère; et il dit positivement que celuici l'a corrigée et imprimée sous son nom. La Croix du Maine se tait sur cette imputation qui paraît peu vraisemblable. Lefrère a aussi traduit du latin en français l'Oraison funebre de Charles IX, prononcée à Rome, par Muret, Lyon, 1574, in-4°.

L-v.

LEGANGNEUR (GUILLAUME), habile calligraphe, né dans l'Anjou, vers 1550, vint s'établir à Paris où il se fit bientôt connaître d'une manière avantageuse. La Croix du Maine lui a consacré un article très-honorable dans sa Bibliothèque française, quoiqu'il n'eût encore rien publié. Pourvu de la charge de secrétaireécrivain du roi, il fut confirmé dans cette place par Henri IV. Il vit ses talents célébrés par tous les poètes de la cour, amassa de grands biens, et mourut en 1624. On a de lui: L. La Calligraphie, ou belle écriture de la langue grecque. II. La Technographie, ou briève méthode pour parvenir à la parfaite connaissance de l'écriture française. III. La Rizographie, ou les sources, éléments et perfections de l'écriture italienne, Paris, 1599, 3 parties in-4° obl. Ce recueil, d'une exécution assez belle, est très-recherché des curieux. W-s.

LEGASPI. Voy. LOPEZ, XXV, 36. LEGAUFFRE (AMBROISE), jurisconsulte, né à Lucé, dans le Maine, en 1568, fit son cours de belles-lettres, à Paris, sous le père Sirmond, qui lui donna des soins particuliers. Il voyagea en Flandre, pour les affaires de sa famille, et s'arrêta quelque temps à Louvain, auprès de Juste Lipse qui devint son ami. Revenu en France, Legauffre entra dans l'état ecclésiastique, et obtint la chaire de droit canonique à l'Université de Caen, alors une des plus célèbres du royaume. D'Angennes, évêque de Bayeux, le nomma vice-chancelier de cette université, vicaire-général et chanoine official de son diocèse. Député par la Normandie aux États-généraux de 1614, il y porta la parole, comme orateur de cette province. Ce pieux et

LEGALLOIS. Voy. GALLOIS (LE), savant professeur mourut le 23 nov.

XVI, 373.

1635, et fut inhumé dans une des

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