rieur et favorise l'énergie, l'intérêt, la vraisemblance. On le croirait le partisan le plus dévoué de la littérature moderne; on ne soupçonne point que tant d'aperçus nouveaux puissent s'unir à des idées routinières. Mais l'auteur vous échappe tout à coup : il justifie les règles françaises, la loi des unités lui semble excellente. Il ne veut pas qu'on l'abroge et cherche pour la soutenir des raisons différentes de celle qu'on allègue communément. Cet opuscule ne peut donc avoir eu qu'une utilité indirecte; l'ancienne doctrine Ꭹ obtenant des éloges, il n'a guère contribué à l'émancipation de notre littérature. Les critiques du dix-huitième siècle avaient poussé l'indépendance bien plus loin. Mais en préparant les Français à goûter le charme de la poésie étrangère, il prépara la subversion de leur ennuyeux théâtre. Le Wallstein du même écrivain n'a pas dû exercer d'autre influence. Les caractères y sont moins généraux que ceux dont on avait alors l'habitude; çà et là brillent quelques parcelles de vraie poésie allemande, comme ces paillettes d'or qui flottent dans certaines rivières ; mais l'œuvre originale a perdu presque toute sa grandeur et son attrait. La pièce est froide, incolore, monotone; les vers taillés sur l'ancien patron ne font naître aucun plaisir. Singularité merveilleuse du génie français ! Du moment qu'il touche le sol critique, sa vigueur l'abandonne ; il n'a plus ni justesse, ni audace. Le talent immense auquel nous devons les traités De l'esprit de conquête et De l'usurpation, le livre Du polythéisme romain, tant de beaux discours et l'immortel Adolphe, n'osait s'affranchir des conventions théâtrales et en acceptait même le joug avec une sorte d'humilité chrétienne! TABLE. LIVRE PREMIER. - - -- - CHAPITRE Ir. DEFINITION ET ORIGINES DES DEUX ÉCOLES. - - CHAPITRE II. FORMATION DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE. - - Elle prend l'uniformité, la régularité pour la - Esprit négatif de Malherbe et de Boileau Pages. 13 gue françoise, par Joachim Du Bellay. Henri Estienne; ses - Fondation de l'Académie. Discours de Bois-Robert. Discours de Guillaume Colletet. Discours de la poésie chrestienne, par Go- val. Autres ouvrages théoriques de Saint-Sorlin. - Opinion de CHAPITRE V. QUERELLE DES ANCIENS ET DES MODERNES. Fontenelle prend parti pour les modernes. Dialogues des Morts. Ayant résigné ses fonctions, Perrault s'adonne entièrement à la littérature. -Son Épistre chrestienne sur la Pénitence louée par Bossuet. Son poème de Saint Paulin; la préface. Opinions littéraires de Bossuet Le Siècle de Louis le Grand lu à l'Aca- démie. Fureur de Boileau, sarcasmes de Racine. Fontenelle rentre en lice. Discours sur l'Églogue. Digression sur les anciens deux antagonistes se réconcilient. flexible constance de Perrault. de La Bruyère. L'Angleterre et l'Italie prennent part à la querelle. Traduction de l'Iliade, par La Motte. Discours sur la poésie, Discours sur Homère. Réponses de M. Dacier. Des causes de la corruption du goût. Réplique de La Motte: Réflexions sur la critique. Réconciliation de La Motte et de Pages. - - - païen. Remords du père Thomassin. Il entreprend de ré- -- - 154 CHAPITRE VIII. TENTATIVE POUR RÉFORMER L'ENSEIGNEMENT. marques sur Virgile et sur Homère, - Opinion de Bossuet. · Re- - et d'enseigner les belles-lettres, par Rollin. - Le nouveau sys- CHAPITRE IX. TENTATIVE POUR RÉFORMER LA CRITIQUE. Traité du Sublime, adressé à Boileau, par Silvain, avocat au' parlement. Silence que garde l'auteur de l'Art poétique. Découragement de Silvain. Il fait imprimer son manuscrit au bout de vingt-quatre ans.- Similitude de cet ouvrage avec la Criti- que du Jugement, de Kant. - Silvain est le premier homme qui ait expliqué le Sublime. - Son livre n'est compris de personne. L'abbé Terrasson essaie d'introduire la philosophie dans la critique. Il répudie toutes les vieilles méthodes, tous les vieux principes. Son admiration pour Shakespeare, Cal- Buffon. Amour de Jean-Jacques Rousseau pour la nature. Ses analyses intimes. - Absurdité de sa haine contre la littérature. - Bernardin de Saint-Pierre; tendances générales de son esprit. - Ses Etudes de la nature n'obtiennent d'abord aucun succès. On ne les a pas comprises depuis. Elles forment, avec les Harmonies, une esthétique de la nature et du sentiment. Nou- veauté des aperçus qu'elles renferment. L'auteur ébranle à son insu tout le vieux système littéraire. Son influence sur Chateau- CHAPITRE XIII. ÉTUDE DES LITTÉRATURES ÉTRANGÈRES. Répugnance de d'Alembert pour la littérature renouvelée des Grecs. Toutes les époques savantes se préoccupent des littératures étrangères, mais l'imitation ne doit pas prévaloir sur l'inspiration. Étude de la poésie anglaise. - De Muralt, Voltaire, l'abbé Le- 271 290 |