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rigea sur Belfort. Le général Lecourbe, qui commandait dans cette place, ne voulut consentir à la remettre qu'à Louis XVIII. Le prince Colloredo adhéra à cette proposition, et se rendit en Bourgogne. De retour en Autriche, au mois de novembre, son souverain, pour lui témoigner sa reconnaissance, le nomma commandant - général du royaume de Bohême, et l'année suivante Louis XVIII lui conféra la grand' croix de l'ordre de la légion

d'honneur.

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COLLOT-D'HERBOIS (JEANMARIE), membre fameux de la convention nationale, ex-comédien de province et auteur dramatique médiocre. La présomption, l'insuffisance et une perpétuelle irritation, produite par l'abus du vin et des boissons fortes dont il faisait usage depuis sa jeunesses ont rendu Collot d'Herbois l'un des hommes les plus atroces de la révolution. Parvenu tout coup, , par une transition brusque, d'un état précaire à une situation indépendante et à une sorte de puissance, il se livra sans crainte à toute l'effervescence de ses passions. Comédien ambulant avant la révolution, il avait été froidement accueilli à La Haye et à Genève, où il était en outre directeur de sa troupe; à Lyon', il fut sifflé. Cette malheureuse ville paya bien cher, quelques années après, cet acte de justice, réclamé par le bon goût. A l'exem ple des Néron, des Louis xi et de quelques autres monstres fameux, ce comédien, si loin d'eux par sa naissance et si près d'eux par ses forfaits, avait eu dans sa jeunesse

des mœurs honnêtes, une conduite modeste et réservée; il acquit ainsi une considération qui était refusée au talent de l'acteur. On a remarqué que Collot-d'Herbois, dont la figure était assez imposante, l'œil expressif, la voix pleine, la pose académique, avait une grande prédilection pour les rôles de tyrans, et ce fut en effet ceux qu'il joua le moins mal. Il ne les remplit que trop bien sur la scène politique, et il fut un des acteurs les plus sanguinaires de la convention, où il avait tant de rivaux dans les Robespierre, les Marat, les Carrier, les Le Bon, les Couthon, les Saint-Just, les Le Bas, etc., etc. Collot-d'Herbois vint à Paris au commencement de la révolution, et se fit affilier à la société des jacobins, dont il fut d'abord un des orateurs les plus subalternes. Mais cette société ayant proposé un prix pour l'ouvrage qui ferait mieux sentir aux citoyens, et plus particulièrement au peuple et aux habitans des campagnes, les avantages de la constitution que l'assemblée nationale avait décrétée et que le roi avait acceptée, Collot - d'Herbois publia l'Almanach du père Gérard, qui remporta le prix, et acquit à son auteur une certaine célébrité. Le père Gérard n'était point un personnage imaginaire: il existait, et avait fait partie des états-généraux, où son bailliage l'avait député; c'était un cultivateur breton, plein de franchise, doué de beaucoup de sens. et un très-honnête homme. Collotd'Herbois jugea qu'il serait piquant et dramatique de rendre

un personnage vivant, et que tout le monde connaissait, le héros de son livre. Il ne se trompa point, et cet ouvrage, qui n'est dépourvu ni de force dans le raisonnement, ni d'une certaine énergie dans le style, eut assez de succès pour persuader à son auteur qu'il pouvait parvenir à la plus haute fortune, prétendre aux postes les plus éminens de l'état, obtenir enfin un ministère. Danton fut nommé ministre de la justice. Collotd'Herbois, qui prétendait à ce portefeuille, disait, au rapport de Prudhomme, son ami: «Louis >> XVI n'est pas patriote; s'il l'é» tait, n'aurait-il pas dû me nom>> mer ministre de la justice ? » N'espérant plus rien d'une cour qui l'avait dédaigné, il saisit habilement l'occasion d'essayer l'impression que pourrait produire sur la multitude la fougue théâtrale de son zèle patriotique. Quarante soldats suisses, du régiment de Châteauvieux, furent condamnés aux galères, à la fin de 1790, pour cause d'insubordination lors des troubles de Nanci. Cette condam. nation fut prononcée non en exécution des lois françaises, mais en exécution des lois de leur pays (voyez BOUILLÉ et DÉSILES). Collot-d'Herbois, que la société des jacobins appuyait, présenta à l'assemblée législative, dans sa séance du 9 avril 1792, une pétition en faveur de ces soldats; la pétition fut prise en considération par l'assemblée, et Louis XVI obtint des Cantons la remise du reste de la peine les soldats revinrent du bagne de Brest. Collotd'Herbois n'aurait pas trouvé dans le succès de sa tentative l'entier

accomplissement de ses espérances, s'il se fat borné à ce triomphe modeste. Il avait fait recommander par la société des jacobins ces soldats étrangers, comme des martyrs de la liberté, aux différentes sociétés populaires, dans les villes où ils devaient passer. Ayant obtenu de Pétion, maire de Paris, que leur entrée dans la capitale aurait tout le caractère d'une fête civique, il fit préparer un char é、 norme et le fit orner de branches, de couronnes de laurier, et d'une multitude de petits drapeaux. Après avoir placé les soldats graciés sur le char, attelé de chevaux blancs, il s'y plaça lui-même dans une attitude théâtrale; et le cortége, accompagné d'une foule de citoyens, suivit lentement les boulevarts, aux acclamations de la multitude, depuis l'emplacement de la Bastille, jusqu'au Champde Mars, où les triomphateurs prêtèrent serment de vivre et de mourir pour la patrie, mot dont ils corrompaient déjà la noble acception; c'est dans cette cérémodie que parurent les premiers bonnets rouges. Le cortège se rendit ensuite à l'assemblée législative, qui l'accueillit par de nombreux applaudissemens et lui accorda les honneurs de la séance. Cette jonglerie politique, toute dans l'intérêt de celui qui l'avait préparée et qui s'en était rendu le héros principal, servit merveilleusement ses projets, en fixant sur lui l'attention du peuple. Il devint membre de cette municipalité de Paris, qui, dans la matinée du 10 août 1792, après avoir chassé l'ancien corps municipal, se mit à sa place, s'installa elle-même, et

prononça la déchéance du roi. Dès le lendemain de cette journée, il devint membre du conseil attaché au ministère de la justice. On s'accorde généralement à dire qu'il fut le provocateur et le panégyriste des massacres des 2 et 3 septembre 1793, et l'on cite à l'appui de cette opinion les paroles qu'il adressait à Robert de Paris, qui le félicitait de sa nomination au conseil de la justice: Voilà le faubourg Saint-Ger» main qui va bientôt être évacué; >> nous pourrons choisir chacun » l'hôtel D que nous voudrons. » Il présida l'assemblée électorale qui, en septembre 1792, nomma les députés à la convention nationale, et il fut l'un des premiers élus pour représenter le département de Paris. Dans la première séance de cette assemblée, il proposa l'abolition de la royauté en France, qui jusque-là n'avait été que suspendue. Le 30 octobre suivant, il réclama la peine de mort contre les émigrés. En mission à Nice, pays nouvellement conquis, il n'assista pas au jugement du roi; mais il envoya son vote pour la mort sans appel et sans sursis. De retour à Paris, quelque temps avant le prétendu assassinat de Léonard Bourdon, à Orléans, il fit déclarer cette ville en état de rébellion, et s'opposa à la mise en liberté des personnes qui avaient été arrêtées par suite de ce crime imaginaire. Ce farouche proconsul, surnommé le tigre et plus tard le mitrailleur, était, selon un historien, le membre le plus ac*tif du comité de salut public, le plus véhément des jacobins et ale plus sanguinaire des terroris

»tes. >> Rentré à la convention nationale, il fut un de ceux qui organisèrent les 31 mai, 1er et 2 juin 1795, à la suite desquels fut renversé le parti de la Gironde, parti si remarquable par l'éloquence et la modération de presque tous ses membres. Elu prési dent de la convention, le 13 juin, il remplit quelque temps après une courte mission dans les départemens de l'Aisne et de l'Oise, et à son retour, il dénonça Baco, maire de Nantes, et fit décréter l'arrestation de Garat, ministre de l'intérieur. La cause de cette arrestation a quelque chose de ridicule; mais elle peint trop bien le caractère de Collot-d'Herbois, pour que nous hésitions à la rapporter. Conduit au ministère de l'intérieur par une affaire particulière, il attendait dans l'antichambre où il s'était assis parmi la foule des solliciteurs, sur l'invitation de l'huissier, qui ne le connaissait pas et dont il ne s'était pas fait connaître. Mécontent d'attendre et plus encore d'être confondu avec le public, il se lève brusquement, et s'adressant à J'huissier: «Va dire à ton maître, » s'écrie-t-il en colère, que les >> représentans du peuple ne sont » pas faits pour l'attendre, et que »je vais me plaindre à la conven>>tion de l'insolence de son mi»> nistre. » L'huissier effrayé entre dans le cabinet du ministre, qui sort à l'instant lui-même et vient s'excuser poliment d'un retard involontaire. Collot-d'Herbois ne fut point désarmé par les soumissions de Garat. Le masque du fier républicain cachait le tyran le plus impérieux et le plus impla

cable. Le 6 septembre, sur la proposition de Barrère, Collot-d'Herbois fut, avec Billaud-Varennes, adjoint au comité de salut public. La loi dite des suspects, rendue le 17 de ce mois, avait tellement encombré les prisons de la capitale, que les membres du comité discutèrent les moyens de détruire ce foyer de sédition, qui, placé au centre de la république, pouvait l'embraser en un moment: Collot-d'Herbois s'opposa vivement à la déportation que ses collègues proposaient. << Il ne faut >> rien déporter, dit-il, il faut dé>>>truire tous les conspirateurs; que » le lieu de leur détention soit mi» né et la mèche toujours allumée >> pour les faire sauter, si eux ou >>leurs partisans osent tenter de >> nouveaux efforts contre la répu»>blique. » Il fut aussi un de ces hommes qui alors, comme d'autres plus récemment, rêvèrent et organisèrent des conspirations pour les dénoncer ensuite et en faire punir les auteurs. Il reçut une digne récompense de son horrible zèle à proscrire, dans la mission qui lui fut confiée pour les départemens du Loiret et de l'Oise, et surtout pour la ville de Lyon, dont le nom seul excitait sa fureur, ville malheureuse qu'il se promettait bien de purifier. Ce fut en frimaire an 2 (novembre 1793) qu'il partit pour sa destination, avec Fouché de Nantes (depuis duc d'Otrante), l'un des deux commissaires qui lui avaient été adjoints. Le premier soin de Collot-d'Herbois, lorsqu'il arriva à Lyon, fut d'y répêter, en l'honneur de l'atroce Châlier (voyez ce nom), la scandaleuse mascarade

qu'il avait organisée à Paris, en l'honneur des soldats suisses. La fête funèbre consacrée à la mémoire de Châlier ne fut pas seulement ridicule; elle inspira le dégoût et l'horreur. On y vit Collot d'Herbois en première ligne, et après lui une guillotine ambulante. L'ex- comédien qui jouait~ le désespoir, s'écriait, en affectant de pousser de profonds soupirs: « Chaque goutte du sang »de Châlier retombe sur mon » cœur. » Dans sa correspondance avec la société des jacobins de Paris, il lui demandait pour composer ses commissions extraordinaires, de vrais sans-culottes, et pour l'aider dans son projet de régénération de la cité lyonnaise, une colonne de l'armée révolutionnaire. Bientôt il mit à exécution le décret de la convention du 21 vendémiaire an II (11 octobre 1793), dont il avait été le principal provocateur, et qui ordonnait à la fois la démolition des édifices publics et particuliers, et le changement du nom de la ville en celui de commune affranchie. En détruisant les différens édifices, Collotd'Herbois continuait l'ouvrage de son collègue Couthon, qui avait déjà fait abattre la presque tota→ lité des belles maisons de la place de Bellecour. Mais que lui importait le renversement de quelques pierres? Il voulait du sang; le sang seul pouvait effacer à ses yeux l'outrage qu'il avait reçu, et le sang coula bientôt. L'exécrable commission temporaire, dont le secrétaire encore existant outrage la nouvelle cause qu'il sert par une intolérance égale à la fureur qu'il mettait alors à la proscri

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